Réussir sa vie est une sorte de film-somme du réalisateur Benoît Forgeard, réunissant ses trois précédents courts-métrages (La Course nue, Belle-Île-en-Mer et L'Antivirus) sous l'égide d'un même et nouveau projet original.
Créateur atypique, Benoît Forgeard a réalisé de nombreuses vidéos aux concepts originaux (captation et diffusion en direct, incrustation d'éléments 3D, etc.). Remarqué grâce à ses courts-métrages, il fut engagé par France Télévisions et Canal + qui lui proposèrent chacun une carte blanche. Il réalisa pour le premier un pastiche d'émission culturelle, et pour le second le court Fuck UK, avec Gaspard Proust.
Darius, acteur venu sur le tard à la comédie (on a pu l'apercevoir dans L'Humanité de Bruno Dumont en 1999), est, depuis sa rencontre avec Benoît Forgeard en 2002, un pilier de son cinéma, le réalisateur et le comédien s'étant, par la suite, retrouvés sur 4 autres projets.
Les références du réalisateur vont de Luis Buñuel à Jean Cocteau, en passant par Sacha Guitry. A l'instar de ces deux derniers cinéastes, Benoît Forgeard se met également en scène, alors que chez le metteur en scène espagnol, c'est plutôt l'héritage surréaliste qui l'a séduit : "Chez Buñuel, ce qui m'intéresse, c'est le principe selon lequel l'image précède la pensée. Je suis d'avis que la pensée ne doit pas trop interférer dans le travail d'un artiste. (...) Disons que je préfère le mystère au raisonnement."
Le réalisateur Benoît Forgeard joue dans son propre film une sorte de double : un réalisateur qui peine à finir son film. Il avait déjà fait l'acteur dans l'un de ses courts-métrages, L'Antivirus, où il campait un réparateur informatique en prise avec un ordinateur belliqueux.
La structure du court-métrage La Course nue, qui apparaît dans Réussir sa vie, reprend le schéma d'un film noir : un homme endetté, qui va devoir coopérer avec la mafia pour sauver sa peau. Benoît Forgeard explique avoir transposé cette structure pour en faire un film original. Le cinéaste a ainsi remplacé l'homme endetté par une femme, la mafia par une société de communication, et le meurtre par une opération publicitaire.
Benoît Forgeard rend compte de la logique de son film par le biais d'une théorie. Dans Réussir sa vie, ironiquement, il est surtout question de rater sa vie. Mais pour le réalisateur, c'est justement prendre ce risque de tout rater qui consiste à réussir sa vie. D'où le titre de son film.
Le metteur en scène Benoît Forgeard admet volontiers, avec humour, l'aspect particulier de son film, volontairement absurde, qui peut dérouter le spectateur : "Il ne faut pas chercher un sens trop précis à Réussir sa vie. C'est un film à prendre comme "Les Milles et une Nuits". Chaque histoire éveillera peut-être un écho chez le spectateur réceptif. Je ne suis pas là pour donner des clefs. Je ne suis pas serrurier. Je mets à disposition du public un gros trousseau si vous préférez, avec de belles clefs bien façonnées, mais dont j'ignore quelles portes elles sont sensées ouvrir."
Réussir sa vie a été sélectionné au Festival du Film de Vendôme 2011, et les précédents courts-métrages du réalisateur, qui font partie du film, ont été sélectionnés au Festival du Court-Métrage en Plein Air de Grenoble, ainsi qu'au Festival de Locarno.