Mitterrand a marqué son époque par l'abolition de la peine de mort, Chirac par la suppression du service national, le président actuel a déclenché les foudres avec le mariage pour tous, répondant ainsi au vote homosexuel, qui a sans doute contribué à son élection. "In the family" est un film à distance de tout prosélitisme. Chip, un jeune garçon de six ans vit avec deux hommes, l'un qu'il appelle Papa, l'autre qu'il nomme Papou. Ce garçon va bien, ses "deux pères" ne sont ni des pédophiles, ni de dangereux pervers. La vie se déroule dans un quotidien calme jusqu'au moment de l'accident mortel, qui frappe Cody, le père de Chip. Et là, les choses vont se compliquer, puisqu'aucune disposition juridique n'avait été pensée par les partenaires. Les questions testamentaires sont alors déterminantes. Ce que découvre Joey ("Papou"), c'est qu'on peut appartenir à une famille, puis plus si rien n'a permis de codifier les alliances. Cela vaut pour tout(e) conjoint(e) dès lors qu'il y a séparation, que celle-ci soit vivante ou liée à un décès. Qu'en est-il alors des enfants? Que devient la vie commune passée ensembles? Le grand mérite du film de Patrick Wang, qui incarne avec talent le personnage de Joey, c'est que son histoire ne peut se plaider juridiquement. Le film dure deux heures et cinquante minutes, mais on ne s'y ennuie pas. Parfois des plans audacieux sont filmés avec des rapprochés à hauteur de visages, où l'on peut par exemple voir la nuque de Joey. Le hors champ est aussi exploité. Ce n'est pas un film bavard, parfois les échanges sont minimalistes, suggérés, alors qu'à d'autres étapes de l'histoire, ce qui doit être dit le sera. Joey est un personnage, dont le flegme laisse supposer que sur la résilience, il en connait un rayon. Quelle délicatesse dans ce film, dont le rythme nous permet de découvrir peu à peu l'histoire de ces personnages et les rencontres qui se sont produites sans qu'elles aient pu être anticipées...