"Il n'y avait pas d'anormaux quand l'homosexualité était la norme" (Proust dans Sodome et Gomorrhe). A priori anodine et bestiale, cette citation prend tout son sens lorsqu’il s’agit d’être pragmatique et emprunt de l’envie de s’intéresser de plus près à la question de l’homosexualité, sorte de champ de bataille politique névralgique. Par l’art, la musique, le cinéma, la question a toujours été objet de nombreux soulèvements et, parfois, d’un mauvais goût non apprécié par l’assemblée. Bavo Defurne ne fait pas partie de ce régime dictatoriale et dresse à travers « Sur le chemin des dunes » un portrait cruel mais juste d’une jeunesse en pleine perdition qui doit, à l’aube de nouveaux jours, voit son environnement altérer son jugement et son esprit critique. Cela commence par un soupir, un regard, un sourire… la suite, chacun est libre de la vivre comme bon lui semble. Pim, lui, n’a pas décidé de tomber sous le charme de son meilleur ami mais voit vite la réalité se dresser devant lui tel une muraille insurmontable qui l’oblige à délaisser, au passage, toute idée d’épanouissement personnel. Par son esthétique, son aspect soigné et épuré, ses dialogues aussi prenants qu’absents, ce drame belge soulève bon nombre de questions et force le subconscient de chacun à prendre (ou non) position afin de sublimer son aspect critique. A raison ou à tord, « Sur le chemin des dunes » force le respect par son franc parlé et son réalisme à toute épreuve qui s’affranchit de toute règle pour faire passer un véritable message universel, aussi dur à entendre soit-il. Avec une certaine prétention, Bavo Defurne touche un public très large et montre qu’un coin reculé de la Belgique peut avoir autant de charme qu’une plage brésilienne en temps de chaleur excessive. Les jeunes acteurs du film, triés avec minutie et précaution au cours de plus de six mois d’audition, participent pleinement à ce que l’on peut très légitimement appeler un film indépendant des grands jours.