Jens Lien a pris comme point de départ de son film l'approche erronée de l’éducation et de la liberté par
la génération hippie, représentée les parents Magnus et Lone (Sven Nordin et Sonja Richter). Sans forcément attaquer les fondements propres à cette idéologie, le cinéaste les a utilisés pour poser des questions primordiales sur la vie et les valeurs à transmettre à ses enfants.
Nikolaj Frobenius, auteur du roman d'origine ("Theory and Practice") et scénariste du film, a écrit cette histoire en s'inspirant de sa propre éducation et de sa propre enfance à Rykinn, petit village non loin d'Oslo, en Norvège. Pour l'adaptation, le réalisateur Jens Lien a néanmoins revu la structure du roman, et l'a reconstruite dans le but de rendre l'histoire cinématographique.
Pour renforcer le décalage entre la philosophie hippie de Magnus (Sven Nordin) et les réalités concrètes et brutales de la vie, le réalisateur a voulu placer cette famille atypique dans une ville bien particulière. Extrêmement colorée et imaginée dans le film par Magnus lui-même, cette ville se devait de représenter la "façon de penser hippie", tournée vers la quête d'un bonheur permanent, mais également de révéler l'emprisonnement idéologique que vit le jeune Nikolaj, et qui va le pousser à embrasser la culture punk-rock.
Par opposition à beaucoup de films scandinaves qui montrent une réalité triste, dans des banlieues peu réjouissantes (Babycall, Fucking Åmål, Morse, etc.), Jens Lien a cherché à insuffler une bonne dose de poésie à Une éducation norvégienne.
Avec une histoire basée en partie sur la mouvance punk-rock, le film ne pouvait pas dénigrer sa bande originale. En plus de faire résonner le son des Sex Pistols à de nombreuses reprises, Une éducation norvégienne emprunte à toute la scène punk des années 70-80, époque à laquelle se déroule le film. Un choix extrême, mais cohérent et délibéré de la part de Jens Lien, qui voulait accentuer le contraste avec les musiques écrites pour le film, jouées au synthétiseur et dans un ton baroque tout à fait différent. Le metteur en scène cite d'ailleurs Orange mécanique comme référence.
Jens Lien a auditionné près de 1000 adolescents pour le rôle crucial de Nikolaj. Il est finalement revenu à son premier choix, et au premier garçon à avoir passé les essais, Åsmund Høeg. A noter qu'Une éducation norvégienne est aussi le premier long-métrage du jeune acteur.
Malgré son casting très scandinave, Une éducation norvégienne compte dans ses rangs une figure du punk britannique de premier plan, en la personne de Johnny Rotten, alias John Lydon, leader emblématique des Sex Pistols. Une collaboration qui fut difficile à mettre en place, mais le réalisateur et le scénariste ont finalement réussi, lors d'un concert en 2009, à approcher le manager du chanteur. Après lecture du scénario, le punk-rockeur a accepté de jouer son propre rôle, et même d'aider à la production !
Nikolaj Frobenius, à l'origine du roman "Theory and Practice", dont Une éducation norvégienne est l'adaptation, est un romancier à la renommée internationale. Ses livres ont été traduits en plus de 15 langues. C'est également lui qui a écrit le scénario original du film norvégien Insomnia, qui eut droit à un remake en 2002, réalisé par Christopher Nolan !
Une éducation norvégienne signe le retour au long-métrage du réalisateur Jens Lien, absent des salles obscures depuis Norway of Life en 2006, œuvre étrange et fascinante qui avait rencontré un succès inattendu, et qui avait notamment été récompensé par l'ACID (Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion) au Festival de Cannes.
La création d'Une éducation norvégienne a été, autant pour l'auteur et le scénariste Nikolaj Frobenius que pour le réalisateur Jens Lien, une expérience très personnelle et intime. Les deux hommes ont en effet en commun d'avoir un fils du même âge que celui de Nikolaj dans le film, et le tournage s'est, d'après eux, accompagné d'un véritable travail introspectif...