Le film a été présenté Hors Compétition au Festival de Cannes 2023.
Connu notamment pour 2 soeurs, A bittersweet life et J'ai rencontré le Diable, des films intenses et sombres, Kim Jee-woon revient à la comédie avec Ça tourne à Séoul ! Cobweb. Un genre qu'il avait exploré à ses débuts avec The Quiet Family et Foul King.
La pandémie a fait naître chez Kim Jee-woon de nombreux questionnements et une vision pessimiste de l'avenir, en particulier celui du cinéma : "Qu’est-ce qu’un film ? Que signifie faire des films ? Qu’est-ce que la créativité et qu’est-ce que l’originalité ? [...] À la fin, le cinéma disparaîtra-t-il simplement de ce monde, laissant derrière lui ses dernières paroles solitaires ? Ou bien le film se métamorphosera-t-il, se superposant à lui-même et réapparaissant sous une nouvelle forme, de la même manière qu’il a trouvé un moyen de sortir de toutes les crises auxquelles il a été confronté jusqu’à présent ?"
Si ces questions l'ont travaillé de manière intense lors de la préparation du film, le réalisateur en a tiré un enseignement positif qu'il a souhaité transmettre à travers Ça tourne à Séoul ! Cobweb : "Avec le procédé de la mise en abyme du film-dans-le-film, je veux montrer que les films, et ici Cobweb, ne sont achevés qu’au prix d’un grand nombre de luttes. Je veux envoyer un message d’espoir et d’optimisme provisoire : le cinéma continuera, tout comme la vie continue en dépit de toutes ses ironies et de ses difficultés."
Ça tourne à Séoul ! Cobweb se déroule dans les coulisses d'un tournage de film, à l'instar de Chantons sous la pluie, Ed Wood, Avé, César !, Babylon ou encore Vers un avenir radieux.
Le cinéma coréen connaît une explosion pendant les années 1960 – 1970. Les films sont produits à un rythme effréné : moins de quatre semaines séparaient l’idée initiale du scénario et la diffusion en salles. Les cinéastes les plus prolifiques de l’époque, comme Kim Soo-yong, Jang Il-ho et Kim Kee-duk, tournent jusqu’à dix longs-métrages par an. Les studios sont d’immenses hangars mal-isolés et non-insonorisés ; le manque d’infrastructures et d’équipements oblige les équipes de tournage à partager caméras et plateaux de tournage. Quant aux stars de l'époque, elles enchaînent jusqu’à quatre films par jour, découvrant leur texte depuis des prompteurs à même la prise de vue. Elles sont doublées par des professionnels entassés dans des cabines de prise de son et qui ont pour ordre d’adopter des voix "fluettes", souvent très différentes de celles des acteurs.
L’intrigue de Ça tourne à Séoul ! Cobweb se situe à la période charnière entre la fin de l’âge d’or du cinéma coréen et le début de son déclin. Le 16 mai 1961, un coup d’État mené par le général Park Chung-hee inaugure l’ère d’un régime militaire particulièrement strict (1962-1979). Le nouveau président met en place diverses mesures, dont un système de production et de distribution calqué sur le modèle hollywoodien, réduisant le nombre de maisons de production de 71 en 1961 à 4 en 1963, et en les "encourageant" à favoriser les films anticommunistes, nationalistes et pro-régime. En octobre 1972, le président Park Chung-hee renforce la censure : en 1975, 80 % des scénarios font l’objet de révisions, contre seulement 3 % en 1970. Dans ce contexte, la production chute de 209 films tournés en 1970 à 96 en 1979.
Kim Jee-woon retrouve le comédien Song Kang-ho, qu'il avait dirigé dans son premier film en 1998, The Quiet Family. Entretemps, les deux hommes s'étaient retrouvés dans Foul King, Le Bon, la Brute et le Cinglé et The Age of Shadows.