Inquiétant…
De voir que nous arrivons à produire ce genre de films en France, et que nous ne fassions rien pour pendre les réalisateurs qui osent nous servir ce genre d’inepties pendant d’interminables minutes… Il y a de quoi avoir peur dans le cinéma français quand on voit un film comme « A coeur ouvert »…
Dès les premières minutes, on nous montre un chirurgien du coeur buvant avant d’aller opérer : quelle belle image de nos médecins déjà… Ensuite on laisse ce dernier opérer malgré le fait que tout le monde le sache : ahhh elle est belle notre administration publique qui laisse faire cela ! Puis pour finir les premières minutes du film, nos deux amoureux chirurgiens repartent du bar complètement bourrés au volant de leur moto : ça, c’est du message de prévention contre l’abus d’alcool au volant ! Je trouve que pour une introduction d’un film, on a déjà vu mieux en terme de messages de prévention ! A croire que le film a été sponsorisé par des fabricants d’alcool, sinon… Vraiment je ne comprends plus rien !!
Que dire ensuite des faux raccords. Hallucinant ! Amusant que l’on puisse laisser au montage des petites pépites comme ca… Voir à un moment Juliette Binoche enceinte se retourner face au miroir et voir apparaitre le faux ventre de femme enceinte… Ou encore la barque vide qui tombe des chutes d’eau de 10 mètres avec un bout de tissu rouge devant représenter Juliette Binoche… Ou les doigts qui bougent parfois tout seul alors que Juliette Binoche devait être dans le coma le plus profond… C’est à se demander si ils n’ont pas fait exprès pour pouvoir passer ensuite dans l’émission Faux Raccord !!
Il y a aussi le fait de se poser des questions sur la mise en scène. Je pense particulièrement au tout début du film, lorsque tous les médecins / chirurgiens / autres s’amusent dans le pub. Non mais franchement, où avez vous vu des gens danser comme ça dans un bar ? On dirait que la consigne a été « faites n’importe quoi » plutôt que « soyez dans l’esprit fête de pub ». Ils sautent de partout, se bousculent comme des adolescents de 14 ans… Le ridicule ne les ayant pas tué lors de cette scène semble-t-il… Il y a aussi dans l’une des dernières scènes du film, lorsque Juliette Binoche est dans le coma et qu’on nous la montre en Amérique du Sud rêvant. C’est tellement absurde comme vision, mais surtout tellement mal interprété que seul un gros fou rire peut nous empêcher de quitter la salle… On la voit se débattre en vain, puis s’imaginer avec sa fille, et j’en passe et des meilleurs, pour nous offrir une fin tellement abrupte et sèche que notre seul ressentiment est l’incompréhension face à cette adaptation.
L’adaptation est certes inintéressante, mais il y a quand même matière à réflexion avec l’œuvre originale dont elle est tirée (« Remonter l’Orénoque » de Mathias Enard). Peut être même vais-je aller l’acheter pour me faire une opinion dessus et sur le sujet, selon moi principal, « la famille ». On y voit le tourment d’un couple d’actifs, où la femme a souhaité mettre sa carrière avant sa vie de famille pour ne pas avoir d’enfants… Mais qui pour sauver son couple va accepter de le garder une fois enceinte, pensant que cela règlera les problèmes conjugaux… J’y vois personnellement un regard sur notre société, pour l’avertir en quelque sorte de ne pas faire ce genre d’imbécillité, pour lui montrer que rien ne se résout ainsi… Car encore trop de couples l’oublient selon moi, et c’est toujours les enfants qui trinquent au final, avec des parents malheureux ou avec des parents absents… Mais ceci est une autre histoire, n’ayant que peu de rapport avec le film qui lui, nous montre un tout autre visage hélas !
Au final, c’est le deuxième film (après « La vie d’une autre », « Cosmopolis » ne comptant pas) de Juliette Binoche en peu de temps que je trouve très mauvais, et où je n’arrive pas à accrocher à son jeu d’actrice qui semble ne pas du tout correspondre aux rôles qu’elle interprète. Il n’y a pas grand intérêt à se déplacer en salle pour observer cette prestation si peu convaincante.