Alors que beaucoup n'en peuvent plus d'attendre l'arlésienne "Jeepers Creepers 3", il faudrait peut-être leur rappeler que depuis "JC2" (qui remonte à 2003 quand même), Victor Salva est un cinéaste en totale perdition comme peut en témoigner cette infâme bobine qu'est "Rosewood Lane".
Une psychologue-animatrice de radio décide d'aller revivre dans sa maison d'enfance où, enfant, elle a subi des maltraitances de la part de son père (une psychologue pas très futée donc). Manque de chance, le quartier est terrorisé par un ado livreur de journaux vaguement démoniaque...
Voilà, voilà, mieux vaut s'arrêter là sur ce pitch qui, somme toute, aurait pu être un intéressant point de départ à l'introduction du surnaturel dans une banlieue américaine pour délivrer un petit discours cynique (comme aurait su le faire un épisode des "Contes de la Crypte" par exemple) sauf que ce qui va se dérouler sous nos yeux va être d'un premier degré total et affreusement gênant sur tous les plans.
Le problème vient de la menace en elle-même : une sorte de démon/adolescent jonché sur son vélo et qui passe son temps à s'introduire dans la maison de l'héroïne pour déplacer des statues de porcelaine en récitant des comptines. On a vu plus menaçant comme antagoniste... même si celui-ci a les yeux tout noirs et un don d'ubiquité, cela dit. Salva a beau tenté de le filmer comme le boogeyman ultime, les gros plans sur cet ado avec une capuche ou sur les roues de son vélo sont aussi traumatisants qu'un asticot s'interrogeant sur le but de son existence.
Avec un esprit pernicieux (que l'on a), on pourrait même voir ce "monstre" à visage teenager comme une sorte de catharsis à la perversité de Salva (pour plus de précisions à ce sujet, jetez un coup d'œil au casier judiciaire du bonhomme).
De plus, le film est peuplé de personnages complètement idiots gravitant autour de l'héroïne campée par une Rose McGowan en train d'achever sa transformation chirurgicale en poulpe de cire.
La palme revient sans conteste aux deux inspecteurs les plus inutiles de l'histoire de la police par leur capacité à ne jamais pouvoir ou vouloir intervenir alors que les agissements du suspect deviennent de plus en plus flagrants (si, un jour, vous avez un souci, n'appelez surtout pas ces deux trompettes, ils seraient capables de vous arrêter, vous !).
"Rosewood Lane" oublie très vite de raconter quoi que ce soit en cours de route et se contente, à deux ou trois variations près, de répéter les mêmes scènes sur un rythme tellement mollasson qu'on se demande assez rapidement quand notre calvaire va s'achever.
Heureusement, quelques moments superbement ridicules viendront nous faire sourire ici et là (l'héroïne suivie par tous les chiens du voisinage en train de courir après son assaillant à vélo ou encore l'ex-petit ami qui se prend un jet d'urine démoniaque dans l'œil (si, si !)).
Et, alors que Salva filmera longuement l'adolescent maléfique emporté dans des éclats de rire déments pendant la séquence finale, on pourra légitimement se demander si ceux-ci s'adressent au spectateur qui a réussi à tenir jusque là.
N'allez surtout pas faire un tour du côté de Rosewood Lane, c'est un quartier infréquentable !