Demain? : les secrets du tournage

Delmira Augustini, personnage principal du film, interprétée par Laure De Clermont-Tonnerre, est une poétesse et militante féministe uruguayenne qui a vécu entre la fin du 19ème et le début du 20ème siècle, et qui aurait été assassinée par son mari à l'âge de vingt-huit ans : "L’enquête sur sa vie brève et sa fin tragique a été reconduite à peu près tous les vingt ans, et étrangement, les points de vue et les conclusions, selon les préjugés et les méthodes des générations qui se succédaient, n’ont jamais été les mêmes", affirme la réalisatrice de Demain ?.

L'histoire présentée dans Demain ? est une fiction. Christine Laurent a tenu à y présenter sa propre vision de la vie de Delmira Augustini : "J’ai inventé, j’ai interprété certains des instants qui bouleversent le cours de sa vie (...). J’ai voulu, à mon tour, apporter mon point de vue. J’ai voulu mettre en lumière des documents ou des indices qui sautaient aux yeux et que d’autres semblaient avoir passés sous silence", explique-t-elle.

Malgré le cadre temporel de l'histoire, Demain ? est, d'après la réalisatrice, un film qui pose des questions très modernes et actuelles. Christine Laurent explique également le choix de son sujet par "l’étrangeté de ses paradoxes" et "la force de son scandale".

Le film est dédié à Idea Vilariño, une poétesse uruguayenne. La réalisatrice l'a rencontrée quand elle a vécu en Uruguay et l'a côtoyée jusqu'à sa mort en 2009 : "Un jour où j'étais chez elle, elle a ouvert une armoire et a sorti des coupures de presse, des lettres, des manuscrits, et un livre écrit par elle, et elle m'a dit : "tu devrais mettre ton nez là-dedans. Si quelqu'un peut faire un film sur cette personne, c'est toi". La personne en question était Delmira, dont j'ai découvert l'existence à ce moment", confie-t-elle.

Afin de se rapprocher au maximum du personnage, Christine Laurent s'est documentée à la Bibliothèque Nationale uruguayenne, où elle a réussi à obtenir l'accès non seulement à tous les documents nécessaires, mais aussi aux vêtements, aux objets et même aux cheveux de la poétesse : "J'ai touché sa robe de mariée, j'ai vu ses poupées, ses manuscrits, on m'a mis dans la main la mèche de cheveux que la mère avait coupée... Delmira devenait physiquement très présente. Le film devenait une évidence", déclare la réalisatrice.

Les dernières images du film ont été les premières à être prises pendant le tournage. En effet, Christine Laurent avait prévu au départ de les mettre au début du film, mais a fini par les placer à la fin pour leur côté suggestif et mystérieux : "C'est comme un salut d'elle, à la fois vivante et énigmatique", pense-t-elle.

Malgré l'absence d'improvisation dans les dialogues, certaines scènes qui figurent dans le film n'ont pas été prévues dès le départ et ont été le fruit d'accidents et de surprises pendant le tournage. Parmi ces scènes, il y a celle du ballet des déménageurs qui s'est faite naturellement, sans préparation, ainsi que la scène du tango : "Le tango du père n'est pas non plus dans le scénario, c'est en voyant l'acteur jouer que j'ai repensé à mon propre père et comment il m'avait appris à danser", partage Christine Laurent.