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    I Giorni contati (Les Jours comptés)
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    JR Les Iffs
    JR Les Iffs

    74 abonnés 1 151 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 29 octobre 2017
    Un ouvrier, à la vue d'un homme mort d'une crise cardiaque dans un bus, en vient à remettre en cause son existence et croit à sa fin prochaine. Il s'arrête de travailler, et se promène dans la ville, à la plage, où ailleurs, et retrouve des gens qu'il a connu, avant, et même un amour d'enfance. Mais tous lui semblent indifférents, et lui-même semble très passif, et pensif. Malgré tout, après plusieurs rencontres, avec une jeune femme surtout, il reprendra son travail de plombier.
    Film un peu mélodramatique de Petri. Un ouvrier se sent pousser des dons de philosophe. Compte ici le regard posé sur le monde par cet homme qui a vu la mort de près. La démarche du cinéaste est intéressante, mais laisse son héros principal dans une errance ou un divagation qui peu à peu semble ennuyeuse. Aucune action, des dialogues surtout. Les meilleures séquences sont celles où le héros retourne dans son village natal. Séquences très esthétisantes. Par ailleurs c'est filmé correctement, sans plus. Une errance donc d'un ouvrier philosophe qui porte un autre regard sur le monde.
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 26 août 2012
    C’est dans un plan magnifique, tourbillonnant, que le réalisateur rend compte en quelques secondes du désarroi de Cesare, soudainement pris aux tripes par l’angoisse de la mort. Il vient de voir, dans le bus, un homme qui ne se réveillera jamais. Pensant que ses jours sont aussi comptés, il décide de s’arrêter de travailler, déambulant dans Rome, à la recherche de petits instants de vie. Salvo Randone, très attachant dans ce rôle, évoque par moments le meilleur de Bourvil : une espèce de gravité et d’humour mélangés. Certains de ses copains ont des trognes à la place du regard. Lui, il a le regard presque toujours pétillant, même quand les emmerdes (le manque d’argent) commencent à se faire cruellement sentir. Des images magnifiques, encore, clôturent ce film d’une grande délicatesse. A mon tour, j’ai été soudainement prise aux tripes.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 180 abonnés 4 173 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 février 2014
    53 ans, c'est l'âge de Cesare, artisan plombier quand il asssiste à la mort d'un anonyme comme lui dans un bus en plein coeur de Rome. Harsard prémonitoire ? Elio Petri mourra lui aussi à 53 ans. Le modeste plombier comprend soudainement que ses jours sont comptés alors qu'il n'a rien vu de la vie. De cette crise existentielle qui peut frapper tout homme à un moment de son existence, Elio Petri, cinéaste engagé, communiste convaincu, tire une fable sociale au goût amer. Le citoyen lambda de cette Italie de l'Après-guerre sortant à peine de la misère, est prisonnier d'un système qui lui refuse le droit de découvrir son être profond. L'aliénation par le travail demeure en ce début des années 60 la clef de voûte de la différenciation entre les classes sociales. Cesare décide pourtant de s'affranchir de ses chaînes pour aller à la rencontre de sa "vraie vie" avant que son heure ne vienne. Cette prise de conscience tardive agit sur lui comme une révélation. Dans un acte politique inconscient destiné à le rassurer sur sa condition de mortel qu'il ne peut assumer seul, Cesare tente de rallier ses camarades à sa décision de rattraper tout ce temps volé par le système en arrêtant sur le champ de travailler. Mais il doit se heurter à l'incompréhension de ses collègues ouvriers qui n'aiment pas qu'un des leurs sortent du rang pour leur tendre un miroir dans lequel ils pourront contempler leur condition et leur soumission . Elio Petri qui ne fait pas du cinéma gratuitement entend éveiller le spectateur sur le fait que le système capitaliste a su avec le temps étouffer toute contestation en générant une auto-censure pratiquée par ceux-là même qu'il opprime. Cesare devra tailler sa route seul faute de pouvoir générer une démarche collective. Ainsi son échec était sans doute déjà écrit dès le début de sa démarche. Il fera néanmoins le chemin de sa vie à rebours comme pour voir s’il est possible de tout reprendre au début. En observant les enfants qui jouent sur la plage, Cesare tente de comprendre ce qui a pu le conduire de l’enfant libre qu’il était à l’adulte emprisonné dans ses servitudes qu’il est progressivement devenu à force de rétrécir son champ de vision. Cela ne l’empêchera pas de conseiller à un jeune bambin qui lui avoue vouloir devenir astronaute de choisir un métier plus raisonnable comme plombier, nous montrant ainsi le poids du déterminisme social. Quand il retrouvera Giulia, son amour de jeunesse, Cesare devra se rendre à l’évidence qu’il lui est impossible de reprendre les choses là où il les avait laissées. Partout où ses déambulations le mènent il est rattrapé par sa condition, même le marchand d’art qu’il rencontre dans un musée et qu’il suit en quête de sensations inconnues, le ramène très vite à sa simple fonction de plombier, lâchée au hasard de la conversation. La brebis égarée du troupeau finit par se décider à rejoindre les siens ne trouvant aucun salut dans une quête qui s’avère au final essentiellement décevante. Cesare n’échappera donc pas au destin qu’il pressentait demandant naïvement au mileu du film à son médecin combien de temps exactement il lui restait à vivre comme si le système pouvait décider lui-même du temps imparti à chacun. C’est dans un métro, redevenu anonyme qu’il quittera ce monde après avoir caressé un moment l’illusion d’y trouver sa voie propre. Cette fin sans espoir parachève la démonstration de Petri qui pense que l’homme seul ne peut rien pour se sortir de sa condition face à une société organisée par les puissants pour empêcher aux masses l’accès au libre-arbitre. Telle la chèvre de Monsieur Seguin, Cesare et son rêve fou d’être enfin un homme libre n’auront résisté qu’un bref instant à la loi du plus fort. Petri dont c’est seulement le troisième film en qualité de metteur en scène filme de manière admirable Rome tout en ne lâchant pas un seul instant le formidable acteur qu’est Salvo Randone. Sans l’apport de ce grand acteur dont l’humanité imprègne si fortement la pellicule, le propos de Petri aurait sans doute été moins compréhensible. Petri ne s’y est d’ailleurs pas trompé qui trouvera un rôle à Randone dans la quasi-totalité des films qui lui restent à faire. Il est d’ailleurs intéressant de constater que dans la satire violente que Petri fera de la haute administration politique dans « Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon », son film le plus populaire, Randone reprendra huit ans après un rôle de plombier. Ce petit clin d’œil de l’auteur sans doute pour montrer qu’aux deux extrêmes de la société, il est interdit de sortir de son biotope d’origine. Ceux qui dans les exégètes de Petri considère « I Giorni contati » comme son chef d’œuvre ont des arguments solides à faire valoir.
    gemini-hell
    gemini-hell

    26 abonnés 395 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 mai 2012
    La thématique du film est d’une richesse incroyable. Le point de départ original de cette histoire renvoie à des questions existentielles et essaime au fil du récit un indicible sentiment de nostalgie ainsi qu’une réflexion non dénuée d’humour sur le temps qui s'écoule. En passant volontairement du jour au lendemain du statut de travailleur à celui de oisif, le personnage principal va susciter auprès de son entourage l’incompréhension et la stupéfaction. Lui-même appréhendera les gens et les choses qui l’entourent avec un œil différent. Quelques moments du film sont vraiment magnifiques : la relation que Cesare entretient avec la fille de sa logeuse, la tentative de reconquête d’un amour de jeunesse retrouvé, la sortie à la plage avec les amis, le pèlerinage au village natal, les mauvaises rencontres qui le pousseront à envisager une escroquerie à l’assurance. La mise en scène d’Elio Petri, remarquable, est formidablement servie par son acteur principal, Salvo Randone. « Les Jours Comptés » : une pépite de l’âge d’or du cinéma italien qu’il ne faut pas rater.
    tixou0
    tixou0

    699 abonnés 1 999 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 15 juillet 2012
    Ce deuxième film d’Elio Petri date de 1962, et il était pourtant jusque-là inédit en France (bien que récompensé la même année par le « Prix du Meilleur Film » au festival international de Mar de Plata en Argentine). Une version (superbement) restaurée à Turin est enfin distribuée dans notre pays après sa découverte en octobre 2011 au Festival Lumière de Lyon, malheureusement de manière confidentielle (quelques rares salles « Art et Essai »), mais heureusement en VO uniquement. Une belle occasion de (re)découvrir le cinéaste, « palmé » plus tard pour « La classe ouvrière va au paradis » (1971). Dans un tram bondé à l’heure de l’embauche un contrôleur secoue un voyageur qui tarde à lui présenter son billet : et pour cause, il est mort ! Cesare Conversi, témoin de ce triste fait divers, croit se voir dans un miroir : même âge, même allure laborieuse, même solitude que lui. Le quinquagénaire romain, plombier de son état, choqué par cette découverte brutale de son triste sort annoncé, décide d’arrêter de travailler, pour mieux réorienter sa vie (ou plutôt le peu que les statistiques lui accordent encore). Veuf et doté d’un fils ne lui rendant de visites qu’intéressées, il essaie de renouer avec un flirt d’adolescence : échec. Et tout le reste est à l’unisson, retour - sinistre - dans sa campagne natale compris. Ses économies fondant rapidement, Cesare, trop « jeune » pour prétendre à une modeste pension de retraite (en dépit de déjà 40 ans de labeur), doit trouver un moyen d’assurer sa subsistance. Renonçant à une reconversion dangereuse dans l’escroquerie au contact d’un ancien apprenti et d’un avocat marron, ou à la mendicité, il retourne à sa tâche ingrate, routinière et épuisante dans les sanitaires de la capitale, et à son destin, parenthèse d’espoir vite refermée. La grande époque cinématographique d’Elio Petri est celle de l’engagement quasi-militant (très à gauche), en tout cas de la contestation vigoureuse de la Démocratie-Chrétienne alors en place en Italie, ce qui fut un frein certain pour de nombreux distributeurs frileux, avant que la renommée internationale ne vienne corriger le tir (« Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon », satire politique habillée en polar, « Prix Spécial du Jury » à Cannes et « Meilleur Film étranger » aux Oscars, date de 1970). Ces « Jours comptés » du début de sa carrière, relatant les étapes de la nouvelle vie de Cesare en autant de saynètes enlevées et incisives, mi-tendres, mi-amères, aux fréquents gros plans éloquents, est un film davantage dans la tradition du néo-réalisme à la De Sica, avec des ouvertures plus légères de comédie « à l’italienne », gentiment grinçante, à la Risi. La « finitude » est consubstantielle à l’humain (pas mieux traité à cet égard que n’importe lequel des êtres vivants). Petri choisit de rappeler et illustrer cette douloureuse évidence en montrant les tentatives brouillonnes d’un « Misérable » contemporain pour infléchir son destin (pauvre hère dont l’existence programmée se réduit à sa force de travail, Cesare se propose de retarder l’échéance en s’essayant à l’oisiveté). Cet existentialisme tenté avec les armes limitées du prolétaire (recours à la nostalgie d’un amour ancien ou d’un souvenir d’enfance, à l’évasion par procuration, de gare en aéroport, essai avorté de se cultiver – la visite d’un musée l’amenant de manière incongrue à déboucher les éviers d’un éphémère mentor etc.) donne une fable sociale lucide et désenchantée, aux grandes qualités, de fond et de forme. Ces « Jours comptés », quelque part acte d’amour filial de Petri (co)scénariste pour un père à la Cesare, lui aussi ouvrier (chaudronnier) ayant cessé de travailler (mais pour cause de maladie professionnelle) ont une curieuse résonance prémonitoire. Le « héros » a 52 ans, et le film s’achève comme il a commencé, dans un tram (mais de nuit cette fois-ci) : c’est lui que l’on va secouer en vain, au terminus de la ligne – le cinéaste, par ailleurs obsédé selon ses propres dires par la mort, décède prématurément en 1982 des suites d’un cancer, à l’âge de…. 52 ans. La distribution (acteurs peu ou pas connus en France) magnifique d’humanité et de vérité, est emmenée par Salvo Randone (disparu en 1991) dont c’est le plus grand rôle (commissaire dans « L’Assassin », le premier long métrage de Petri, et à nouveau plombier dans « Enquête d’un citoyen au-dessus de tout soupçon », on a pu aussi le reconnaître chez Rosi, Zurlini et même Fellini). Une histoire en aucun cas datée, tout au contraire aux accents souvent très actuels (société clivée, paupérisme grandissant, mal-logement…), en fait simplement intemporelle. Et une belle leçon de cinéma par un metteur en scène un peu (et injustement) oublié.
    Pier Kiroul
    Pier Kiroul

    18 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 30 janvier 2013
    Je n’avais jamais entendu parler de ce film, et c’est une révélation ! Cesare, magnifiquement porté par Salvo Randone, nous bouleverse en personnage qui prend soudainement conscience qu’il a perdu sa vie à la gagner et qui prend une décision radicale : arrêter de travailler et faire ce qui lui plait. Il y a du propos : le film nous interpelle sur notre rapport au travail, nos choix de vie et nos relations avec les autres. Cesare, de rencontre en rencontre, va aller de déception en désillusion. Cela peut paraître sombre, mais Elio Petri réussi à aborder un sujet difficile, le temps qui passe et nous échappe, sans aucune lourdeur. Il alterne des moments drôles (dialogues percutants avec Amilcare et situations cocasses comme celles de la plage, ou de la visite avec le marchand d’art) avec des scènes d’une intense émotion comme sa rencontre avec son amour de jeunesse, ou encore les scènes avec la fille de sa logeuse. On peut même ajouter un vrai suspense lorsqu’il se lance dans une escroquerie minable. Bref, c’est toujours juste et intelligent. Et puis la photo est tout simplement somptueuse. A ne pas louper !
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