"Möbius" : un film d’espionnage franco-belgo-luxembourgeois qui met en prise les américains avec les russes et qui, par le pitch et le casting, s’avère alléchant. Seulement voilà : le synopsis officiel en dit beaucoup trop. En l’espace de cinq lignes, il résume l’essentiel du long métrage, sans compter qu’il enlève toute forme de surprise quant au rôle de Jean Dujardin. Remarquez, je peux comprendre car l’histoire est super complexe. Pour être plus cash, elle est même très compliquée. Trop compliquée. Si compliquée qu’on a du mal à tout comprendre en temps et en heure et qu’on perd plus ou moins le fil. Pensez donc : des agents de tous bords infiltrent des institutions de toutes nationalités, tout le monde manipule tout le monde, donc on ne sait pas trop qui est qui : qui sont les vrais gentils, qui sont les vrais méchants, enfin ce genre de chose quoi… Ni trop le but poursuivi en fin de compte... Alors le spectateur se désintéresse plus ou moins de l’histoire pour ne pas sombrer dans une relative paranoïa et un océan d’incompréhension. Je dis « plus ou moins » parce que ce qui le tient devant l’écran avant tout, c’est la romance qui s’installe entre Moïse (Jean Dujardin) et Alice (Cécile de France). Une romance aux airs d’interdits. Je serai même tenté de dire que l’espionnage ne sert que de cadre à cette romance qui tourne à la passion dévorante. Le fait est que les véritables enjeux révélés en fin de film ne provoquent pas le choc qu’ils auraient dû inspirer, mais les précisions apportées ont tout de même l’avantage d’expliquer le titre. L’autre problème est que le spectateur ne rentre pas plus que ça non plus dans la romance, tant tout ce qui gravite autour est compliqué. Il devine même que cette histoire d’amour va être terriblement contrariée, d’une part, par l’opposition des univers dans lequel chacun des deux personnages évolue d’une part, et d’autre part (et c’est étroitement lié) par les desseins qu’ils poursuivent chacun de leur côté. Et je ne parle même pas du contexte inquiétant, quelque peu chargé de dangerosité. Il n’en reste pas moins que les deux acteurs principaux jouent une partition très correcte, que ce soit Jean Dujardin en homme impassible afin de ne rien laisser paraître auprès de son équipe et de sa hiérarchie, ou que ce soit Cécile de France en femme passionnée qui vit à 200% l’aventure amoureuse par ces périodes de transes pendant les scènes d’amour. Elle est si convaincante que je m’interroge sur l’absence totale de restrictions relatives à l’âge lors de la sortie en salles (bien qu’il semble clair que ce n’est pas un film fait pour les enfants), y compris sur le « déconseillé aux moins de 10 ans » lors des diffusions sur le petit écran. En dehors de ça, les seconds rôles sont pas ou peu significatifs. Je pense bien évidemment à l’équipe qui seconde Moïse, ou au grand chef russe qui parvient tout de même à susciter un peu pression. Non le seul second rôle qui parvient à tirer son épingle du jeu est Aleksey Gorbunov dans la peau du garde du corps/homme à tout faire tant sa présence se révèle à chaque fois inquiétante avec son regard inquisiteur, au point de voler la vedette de second plan à Tim Roth. Alors "Möbius", quel est son véritable enjeu ? L’espionnage, ou la romance ? Si on se réfère au titre, va pour la première réponse. Lire ou ne pas lire le synopsis, là est la question. Mais je crois que dans tous les cas, un second visionnage est nécessaire pour mieux saisir les tenants et aboutissants. Seul hic : c’est qu’après avoir découvert ce film, on n’en a pas forcément envie…