Film de science-fiction, réalisé par Sebastián Cordero, Europa Report est un long-métrage correct mais loin d'être exempt de défauts. L'histoire nous fait suivre six astronautes internationaux envoyés en mission sur Europe, un des quatre satellites de Jupiter, afin de forer la surface de glace protégeant un océan profond dans le dessein d'y détecter une présence de vie extraterrestre. Malgré une panne technique catastrophique rompant toutes les communications avec la Terre et une série de crises meurtrières, l'équipage poursuit sa mission jusqu'à arriver à leurs dernières réserves d'énergies. Ils envoient alors l'intégralité de leurs données et vidéos de la mission. Ce scénario, nullement original, souffle constamment le chaud et le froid pendant toute sa durée d'environ une heure et demie. En effet, si le début de l'intrigue est plutôt poussif, celle-ci gagne en qualité au fil des minutes en alternant moments ennuyants et scènes prenantes pleine de tension à la faveur d'une menace extérieure d'origine naturelle. Hélas, le récit souffre d'un problème majeur, à savoir sa façon d'être raconté. En effet, il est présenté de façon non chronologique et cela le dessert fortement. Premièrement car cela n'apporte absolument rien et secondement car cela révèle même des éléments qu'on ne devrait pas connaitre en avance, gâchant la surprise. En résumé, ce procédé n'est pas du tout judicieux, ni pertinent. Il en va de même pour le sujet qui, aux premiers abords est passionnant, mais hélas traité de manière assez banale. Résultat, le propos n'est pas intéressant et ne développe aucune réflexion. Malgré toutes ces carences, les scènes d'actions remplies de panique et de détresse sont efficaces grâce à cette ambiance désespérée franchement réussie. L'ensemble est porté par des personnages malheureusement sans profondeur et par conséquent pas attachants, interprétés en plus par une distribution sans aucun charisme comportant Sharlto Copley, Daniel Wu Yanzu, Christian Camargo, Karolina Wydra, Michael Nyqvist et Anamaria Marinca pour ne citer que les principaux concernés. Tous ces rôles, qui font tout pour préserver leur mission, entretiennent des rapports basés sur l'entraide et c'est justement leur limite. En effet, il manque de dissensions dans ce groupe beaucoup trop uni. En conséquence, leurs échanges ne procurent que très peu d'émotions. Il faut dire qu'ils ne sont pas beaucoup aidés par des dialogues assez quelconques. Sur la forme, la réalisation du cinéaste équatorien joue avec son propos via ses plans fixes provenant des caméras de sécurité du vaisseau. Cela est couplé à une mise en scène caméra à l'épaule, aux cadres pas très esthétique, mais terriblement immersive. On ne peut malheureusement pas en dire autant du montage douteux, assez aléatoire. Reste un univers dont l'immensité n'est pas des plus impressionnants, même si les effets spéciaux permettent de crédibiliser le tout. Ce visuel, tantôt exigu, tantôt infini, est accompagné par une b.o. signée Bear McCready, dont les compositions renforcent parfaitement l'atmosphère inquiétante, en dépit d'avoir une véritable identité et d'être mémorables. Cette exploration spatiale s'achève sur une fin vraiment réussie, donnant presque envie d'en voir d'avantage, venant mettre un terme à Europa Report, qui, en conclusion, est un film méritant le coup d'œil même si ce n'est pas un indispensable dans son genre cinématographique.