Je suis relativement embêté avec Europa Report, à mon avis plein de bonnes intentions, mais qui dans les faits ne remplit pas vraiment le contrat.
Niveau bon point on relèvera quelques acteurs de qualité qui savent apporter de la substance et de la tension au métrage, via des personnages pourtant peu travaillés et globalement creux, attirant de fait peu l’attention. Il y a quelques interprètes surprenants, notamment Anamaria Marinca, au jeu fin et au physique singulier qui détonne bien et qui de fait lui donne plus de présence par rapport aux autres interprètes, qui ne sont toutefois pas à jeter. Dommage tout de même qu’avec des acteurs efficaces les personnages, pourtant au cœur du film n’est pas bénéficié d’une écriture à la hauteur.
Le scénario est problématique. Disons qu’il a pour lui l’originalité, dans la première partie le suspens, qu’il aborde de manière moins ostentatoire la SF en misant moins sur le spectacle que la majorité de ses comparses, et que de fait Europa Report séduira un public qui dans ce genre pourrait faire une indigestion de blockbusters. Toutefois il ne faut pas cacher ses défauts. Il se veut tellement réaliste (au moins dans la forme car en grattant bien il ne lésine pas sur les incohérences) qu’on en arrive à un quasi docu-fiction par moment ! Personnages parlants face caméra, réalisation démonstrative, action rapportée plutôt que montré, ce film s’apparente à des interviews de chercheurs commentant leur expédition entrecoupées de scènes de reconstitution. Du coup la tension peine à monter, d’autant que la narration est éclatée, le rythme est vraiment lent, et les rares rebondissements du film reste relativement attendus pour ne pas dire communs dans ce genre de film, déjà largement vu ailleurs. De surcroit ce qui faisait la force du début, avec cette expédition sous l’eau sur un satellite de Jupiter qui livre c’est vrai de très bons moments, est totalement inexploitée, précisément pour virer vers des rebondissements classiques clairement moins passionnants. Dommage.
Visuellement le spectacle est honorable. La mise en scène cherche à en faire trop dans le style documentaire que j’évoquais ci avant, et Cordero finit même par nous être très agaçant quant il cherche à couper systématiquement lorsque ca commence à devenir intéressant. Des effets recherchés certes, une intégration pas mauvaise du found-footage, mais Cordero semble s’être laissé emporter par l’angle de son film. Heureusement les décors sont efficaces, loin de démériter. Certes on voit clairement (dont l’expédition sous l’eau) que le budget n’avait pas des zéros aimablement alignés, mais c’est tout à fait honorable, et il y a quelques images de synthèses pas mal faites. La photographie est très agréable, et fait d’Europa Report un film visuellement attractif. C’est encore le cas de la bande son, tout à fait plaisante, qui, je le dis clairement, est le meilleur point du film est séduit en plus d’une occasion.
En conclusion Europa Report se rate en exploitant de façon outrancière sa dimension pseudo-documentaire. S’apparentant à plus d’une reprise à un reportage Arte, les incohérences ou les creux scientifiques en plus, Europa Report déçoit de fait, alors qu’il n’est pas sans qualité à faire valoir. Acteurs globalement convaincants, aspect visuel sympa, ne manquant pas d’idées à la base, ce film mérite la moyenne, mais de même qu’un excès de fx à tout crin peut destroyer un bon projet, une tendance didactique et naturaliste trop vive peu poser des problèmes.