Michael Kohlhaas fait partie de la sélection officielle de l'édition 2013 du Festival de Cannes, en compétition. L'occasion pour son interprète principal, Mads Mikkelsen, de revenir sur la Croisette un an après avoir remporté le Prix d'interprétation pour La Chasse.
L'histoire de Michael Kohlhaas a déjà fait l'objet d'un film, réalisé en 1969 en Allemagne de l'Ouest par Volker Schlöndorff. Il s'agit à l'origine d'une nouvelle, écrite par Heinrich von Kleist en 1810.
Arnaud des Pallières a nourri depuis 25 ans l'envie d'adapter Michael Kohlhaas au cinéma, sans jamais oser se lancer véritablement : "J’étais jeune, un tel film risquait d’être cher, complexe à mettre en oeuvre", explique-t-il. "Je pensais donc devoir attendre une sagesse et une maîtrise… qui ne sont jamais venues. Et j’ai fini par me dire, 25 ans plus tard, que si j’attendais je ne sais quel don du ciel, je pourrais bien ne jamais faire ce film. Et que quelqu’un allait finir par le faire à ma place…"
Bien que l'histoire de la nouvelle se déroule à l'origine en Allemagne, Arnaud des Pallières a choisi de "franciser" l'histoire pour y ajouter sa touche personnelle et tourner dans la langue de Molière. Le cinéaste a également souhaité développer des personnages secondaires, afin d'étoffer le film et éviter d'isoler le héros.
Arnaud des Pallières a voulu s'échapper de la rigueur académique propre aux films historiques en accordant moins d'importance aux décors et costumes qu'à l'accoutumée. De même, les dialogues ont été écrits pour être volontairement contemporains : "J’ai souhaité que le travail des décors et des costumes soit discret, presque invisible. De l’ordre de l’évocation plus que de la fidèle reconstitution", explique-t-il, en poursuivant : "J’ai voulu (...) que le film respire au présent. Comme un documentaire au XVIème siècle."
Pour les scènes à l'extérieur, le réalisateur Arnaud des Pallières a planté le décor dans les Cévennes et le Vercors. Les montagnes permettaient d'offrir un environnement familier à la vue du spectateur, et reflétaient surtout le caractère et le physique du héros : "Si Kohlhaas était un paysage, il serait des montagnes. Austères. Magnifiques. Comme le visage de Mads Mikkelsen."
Si Arnaud des Pallières cherchait un acteur étranger pour son film, le choix de Mads Mikkelsen pour interpréter Michael Kohlhaas n'a pas été tout de suite une évidence : "Je ne voyais pas d’acteur français pour incarner Kohlhaas. Je cherchais l’équivalent d’un Clint Eastwood, avec trente ans de moins", explique-t-il. Le réalisateur a longtemps hésité, avant de voir After the Wedding (2010) et Mikkelsen en homme ordinaire, ce qui l'a finalement convaincu.
La barrière de la langue a été un léger handicap entre le réalisateur français et l'acteur danois, notamment au début du tournage : "Mads et moi nous connaissions déjà bien, ayant vécu une longue et intense préparation (...), mais le premier jour de tournage, il s’est mis d’un coup à ne plus rien comprendre", se souvient le cinéaste. "Parce que je m’étais mis à parler, beaucoup trop, à donner des raisons, des explications. En fait, je pensais à voix haute. C’était normal qu’il ne comprenne plus rien. J’ai mis du temps à réaliser. Il a eu peur. Moi aussi. C’était le premier jour". La suite du tournage, plus intuitive, s'est déroulée de manière plus apaisée.
Pour se mettre dans la peau de son personnage, Mads Mikkelsen a vécu avec le dresseur de chevaux du film, Frédéric Sanabra, entouré des animaux qu'il devait donc bien connaître. L'acteur a également pu apprendre quelques rudiments de français, pour apprivoiser la langue qu'il devait parler à l'écran.