Un des meilleurs films sur l'esclavagisme dans le sud des EU avant la guerre de secession.
Chiwetel Ejiofor joue de manière époustouflante. Il nous prend aux tripes, en développant avec subtilité les multiples facettes de son personnage mêlant tout ce qu'un esclave a pu endurer et ressentir, sans misérabilisme ni commisération, écueils si fréquents dans le traitement de cette question.
Le héros met toute son intelligence et ses ressources morales, pour échapper à la situation dans laquelle il s'est retrouvé coincé, telle une souris à la merci de son prédateur, comme par malédiction divine. Il nous transporte tour à tour, dans des volutes de sentiments exprimés à la perfection, courage, dignité, calcul, lâcheté ou disons impuissance …
Lupita Nyong'o nous en donne autant. Elle joue sur ce même registre le rôle de la femme noire asservie à tout point de vue, broyée, amante malgré elle, victime de son bourreau. Elle aussi nous transmet au mode féminin sa dignité, son courage, sa force. Elle transpose, « grave » en nous ses qualités de resistance jusqu'au plus profond de nous.
Michael Fassbender de son coté incarne à la perfection le grand propriétaire terrien du Sud, dominant et impitoyable. Il réussit par son jeu unique et ses actes à démontrer sa conviction inébranlable et cruelle, sur un fond purement idéologique, du bien fondé de l'esclavagisme.
A travers des conditions de vie précisément décrites, Steeve McQueen dépeint avec justesse la déshumanisation des esclaves au profit d'une seule fonction de rendement agricole, au même titre qu'un animal de trait. Il nous livre une trame sans discours lénifiant ni moralisateur. Il apporte, presque simplement, avec une précision et une finesse psychologique extrêmes, la démonstration que l'esclavagisme a reposé sur une idéologie, une doxa déshumanisante et destructrice de l'homme par l'homme.
C'est ce qu'il y a de plus terrible et qui donne toute la force à ce film. A savoir qu'il nous laisse inscrit de manière vivace en mémoire que c'est sur un socle idéologique qu'a reposé l'asservissement, ce que l'on a tendance à oublier dans d'autres films qui s'arrêtent trop souvent aux seules conditions endurée par les esclaves noirs d'Amérique.
Dans ce sens, S McQueen nous donne avec beaucoup de tact, d'intelligence et de finesse une grande et belle leçon d'histoire et d'humanité.