L’aventure Les Kaïra a commencé quand Franck Gastambide a eu l’idée, avec ses amis Medi Sadoun et Jib Pocthier, de tourner une "parodie de télé-shopping à la sauce banlieusarde". Au départ faits pour s’amuser, ces sketchs d'1 minute 30 tournés en bas de chez eux sont repérés sur internet par Jean-Charles Felli et Christophe Tomas, qui dirigent la société de production Save Ferris. Les deux producteurs ont présenté le projet à l'équipe d'Arielle Saracco, la directrice des programmes de Canal + qui leur a proposé de les diffuser sur le site de la chaîne. "Kaïra Shopping" devient la première web série de Canal + et le succès est tel qu'une troisième saison sera diffusée à la télévision sur canal plus premium en clair.
C’est le comédien et réalisateur Mathieu Kassovitz qui, alors qu’il participait à un épisode de la série du trio (Franck Gastambide, Medi Sadoun et Jib Pocthier), a lancé l’idée d’un long métrage les mettant en scène. Pas tout de suite adoptée, l’idée a fait son chemin dans la tête de Franck Gastambide qui a fini par se mettre à l’écriture d’un film de cinéma. Exercice difficile pour cet homme qui n’avait, jusque là, écrit que des sketchs de quelques minutes.
Franck Gastambide, déjà derrière l’idée de la websérie Kaïra Shopping, a multiplié les rôles au sein de la production du long métrage Les Kaïra. En effet, en plus d’être un des acteurs principaux, aux côtés de Jib Pocthier et Medi Sadoun, il est aussi le réalisateur et le scénariste du film.
Durant leurs aventures, les trois compères des Kaïra croisent de nombreux personnages déjantés souvent incarnés par des pointures de la comédie française comme Elie Semoun et Ramzy Bedia (qui a insisté pour avoir un vrai rôle et ne pas seulement faire une petite apparition dans le film), ou belge comme François Damiens. La star du foot Eric Cantona et celle de l’industrie pornographique Katsuni ont également pris part au projet !
Omar Sy, qui suit le trio de Kaïra Shopping depuis ses débuts, devait être dans le film mais cela n’a pas pu se faire à cause de problèmes d’emploi du temps. Le comédien a tout de même participé à la promotion en tournant dans une vidéo où Franck Gastambide, Medi Sadoun et Jib Pocthier annoncent qu’Omar Sy est dans leur prochain film, avant que l’humoriste ne débarque et démente l’information… Cette petite vidéo, tournée juste avant la cérémonie des Césars, a fait le buzz pendant plusieurs jours sur la toile.
""Kaïra" c’est le verlan de "racaille", qui est synonyme de délinquant", explique Franck Gastambide. Cependant : "C’est plus un style aujourd’hui. C’est lié à une culture urbaine, au rap, etc. Bref, ça dépasse largement les "quartiers"", précise son partenaire Jib Pocthier. Bien sur, ce n’est pas les trois amis des Kaïra qui ont inventé ce mot car comme le réalisateur le rappelle : "On n’a rien inventé puisque même en 95 dans La Haine, le mot existait déjà…"
En France, plusieurs films ont abordé le sujet des cités comme La Haine (1995) ou Ma 6-T va crack-er (1997), mais peu l'ont fait par le prisme de la comédie : "La différence fondamentale, je crois, c’est qu’on a décidé de rire de la vie de quartier : Les Kaïra va beaucoup plus dans le sens des Lascars que de Ma 6-T va crack-er. On dédramatise d’une certaine manière. Ce qui d’ailleurs me semble plus proche de la réalité : dans la plupart des cités, on se marre beaucoup, on ne fait pas de tournantes et on ne brûle pas de bagnoles !", déclare Franck Gastambide.
L’intrigue des Kaïra tourne autour du fait que trois amis de banlieue décident de tenter une carrière dans l’industrie pornographique : "Quand tu es un galérien de cité, que tu n’as ni voiture, ni argent, ni travail, ni sexualité, et que tu tombes sur une annonce "devenez star du X" comment ne pas être tenté par cette aventure là ?", résume Franck Gastambide, avant d’ajouter : "Ce qui m'intéressait aussi c'était d’utiliser les ressorts comiques inhérents au X, son côté un peu grotesque parfois, en donnant par exemple à François Damiens un rôle de producteur porno."
Outre vouloir devenir des stars du porno, les héros des Kaïra sont aussi à la recherche de l’amour, car comme le dit le comédien Medi Sadoun : "Les mecs de cité sont souvent dans une vraie misère affective. Il y a un tel fossé qui les sépare des filles". Cette quête permet, également, de rendre les personnages plus attachants : "Je me suis dit en écrivant que là où mes trois gus seraient les plus drôles et les plus touchants, c’est dans leur rapport aux filles…", explique le scénariste, réalisateur et acteur Franck Gastambide.
"SuperGrave était, de loin, une de mes références pour ce film", confie le réalisateur et acteur Franck Gastambide. En effet, on retrouve dans Les Kaïra un peu de ce qui fait le cinéma de Judd Apatow : "C'est une référence qui n'est pas facile à assumer car là on parle pour moi d’un maître de l'humour nouvelle génération", déclare-t-il.
C'est en parlant avec Géraldine Nakache, dont le premier film en tant que réalisatrice, Tout ce qui brille, a remporté un grand succès en 2010, qu'un pan de l'intrigue est venu à Franck Gastambide : "Quand j’ai commencé à écrire, j’ai discuté avec Géraldine Nakache, qui m’a dit : "tu sais, l’essentiel c’est de parler de ce que tu connais". Là, je me suis souvenu de toutes nos galères avec les filles et, j’ai vite réalisé que ça faisait un sacré sujet de comédie !", raconte-t-il.
Un temps envisagée, il n'y aura finalement pas de suite aux "Kaïra" le film, ou en tout cas, pas dans l'immédiat. Le scénariste et réalisateur Franck Gastambide a finalement opté pour un film différent, pour sa seconde réalisation, cependant dans la lignée des Kaïra, avec de nouveaux personnages (en savoir plus).