Que le premier film ou Nicolas Cage semble enfin réapprendre son métier d’acteur depuis belle lurette oublié, à l’exception de la refonte de Bad Lieutenant, prenne chez nous la forme d’un direct to DVD constitue une sorte de petit comble. Oui, l’acteur, en déclin, n’aura plus été aussi bon depuis les années 90, quoique peuvent en dire ses détracteurs. Mais si Cage est convaincant dans ce thriller traditionnel, c’est d’abord grâce à l’impact de l’écriture qui nous plonge dans les traces du dénommé Robert Hansen, tueur en série malheureusement célèbre ayant sévi aux alentours d’Anchorage, Alaska. S’il est bien souvent déplorable de voir le cinéma moderne s’approprier sans envergure des récits tirés de faits réels, ici, la machine est parfaitement huilée, l’intérêt du public se portant sur le cadre exotique et l’abominable mode opératoire du psychopathe.
Beaucoup auront également reproché à The Frozen Ground son caractère téléfilm, un propos infondé tant la photographie de Scott Walker, tout jeune cinéaste, rapproche son œuvre du standard du film policier des années de gloire de ce cinéma là, les années 80 et 90. Les teintes sont assombries, grisâtres du fait de l’hiver de l’extrême nord américain, les visages crispés, anxieux et le propose très pessimiste. Anchorage n’est plus ici un faubourg d’eskimos et de touristes mais bien une ville proposant son lot de vices, de noirceur humaine. Le triangle d’acteurs composant les personnages principaux, Nicolas Cage, John Cusack et Vanessa Hudgens est pour le moins attrayant. Comme mentionné plus, chacun des trois larrons, à l’exception de la jeune Vanessa profitent de l’occasion pour redoré leurs blasons. Tant Cage que Cusack en avaient besoin.
Monté intelligemment mais sans réelle démonstration d’ambition, le film de Scott Walker est lisible, accessible dans toute sa longueur. Facile, certainement l’exemple avéré du respect d’une certaine tradition du polar américain mais ne possédant ni la noirceur d’un Seven, la psychologie d’un Prisoners ou encore l’application documentée d’un Zodiac. Trop lisse malgré le fait que Vanessa Hudgens déambule une fois encore, après Spring Breakers, en toute petite tenue, Suspect n’est ni original ni sans intérêt, il est simplement un film sombre policier dans une jungle constituée d’autres films similaires, quoique celui-ci s’élève plus haut que la moyenne. Il est toutefois regrettable que les distributeurs francophones aient fait l’impasse sur The Frozen Ground alors que de bien plus mauvais films agrémentent chaque semaine nos salles obscures.
Alors que tout se termine, post générique, par un hommage un brin macabre à quelques victimes du bourreau qu’était Hansen, aucun regret ni impression d’y avoir laissé de son précieux temps ne vient entacher le constat final. Un film agréable, par la force des choses, de par son sérieux et malgré un montage sans doute trop nerveux qui n’agrémente pas la lecture de certaines séquences vitaminées. S’il n’est nullement assimilable à un quelconque film d’action policier, disons simplement qu’une scène, voire deux, celles opposants le flic et le tueur en salle d’interrogatoire, suffisent à la dose de tension nécessaire. Un bon film, s’il en est, mais en aucun cas une déception du fait que l’on attendait rien des interprètes principaux et d’un réalisateur novice. 14/20