D’une manière générale, j’aime bien les histoires qui traitent de tueurs en séries (ça doit être mon côté obscur). Du coup, lorsque j’ai lu le synopsis de « Suspect », le long métrage m’a tout de suite attiré. J’ai eu plus de craintes en voyant que c’était un direct en vidéo, me laissant penser que ce ne serait pas à travers ce film que je retrouverais un grand Nicolas Cage et un grand John Cusack, dont les heures de gloire semblent être derrière eux (ce qui m’embête puisque ce sont des acteurs que j’aimais bien suivre par le passé).
Très vite, je me suis rendu compte que mes craintes étaient justifiées. Adapté d’un histoire vraie, je ne sais pas si le scénario a pris beaucoup de libertés ou non mais je n’ai jamais trouvé ce récit crédible. Cette enquête qui multiplie les maladresses associé à des personnages qui ne véhiculent aucunes émotions font que je ne suis pas rentré dans ce film comme je l’aurais voulu. On nous montre un flic impliqué pour qui je ne parviens pas à avoir de l’empathie (pourtant le rôle n’a rien de spécial) et un psychopathe que je trouve plus risible qu’autre chose. Résultat, rien ne fonctionne et j’ai suivi cette histoire de façon totalement déconnecté. Par moment, j’ai même eu l’impression que l’on multipliait un peu trop les ellipses et qui manquait pas mal de morceaux à ce puzzle pour le rendre un minimum cohérent dans son ensemble.
Nicolas Cage (Jack Halcombe) joue donc un flic quelconque dans un policier anodin. Ce qui est regrettable, c’est que l’acteur semble vouloir faire ce qu’il faut mais malgré sa bonne volonté, on n’y croit pas une seule seconde. L’écriture y est pour quelque chose mais son interprétation trop classique joue aussi. On a beau mettre à son personnage un trauma de son passé, cela ne réussi pas à lui donner la moindre consistance à l’écran. Face à lui, on a un John Cusack (Robert Hansen) qui cabotine à fond. Le comédien en fait tellement des tonnes dans son regard qu’il m’a davantage fait sourire que peur. J’ai eu l’impression de voir une caricature de psychopathe que l’on pousse à son paroxysme jusqu’au filet de bave qui coule sur son menton lorsqu’il crie dans une salle d’interrogatoire… L’histoire de ce tueur en série à de quoi terrifier et nous inquiéter sur la nature humaine, ce film ne la retransmet en tout cas pas à l’écran et cette distribution peu inspirée n’aide pas. Même Vanessa Hudgens (Cindy Paulson) en fait beaucoup trop pour que j’ai la moindre émotion sur son sort (ce qui est un comble vu ce qui lui est arrivé). Je ne vais même pas parler de Curtis Jackson (Clate Jackson) qui finit par nous achever dans son stéréotype de maquereau des années 80 avec la coupe de cheveux irrésistible. Comme pour le scénario, la distribution manque de finesse, de subtilité et de crédibilité.
Le pire vient quand même de la réalisation de Scott Walker. Parce que jusque là, même si c’est loin d’être parfait, l’histoire et les acteurs sont juste classique. Il n’y a rien à se retourner, rien de mémorable, c’est juste fade et anecdotique. Mais la mise en scène en revanche est de son côté catastrophique. Scott Walker semble avoir un mal fou à aligner un plan correctement. Sa caméra tremble de partout sans aucune justification et le montage chaotique fini par nous perdre. La photographie n’est pas très belle et les décors pas suffisamment bien exploités, au delà de leurs caricatures, pour nous plonger dans l’époque du récit. Bien que le film ne soit pas très long, il y a des lenteurs qui font que j’ai quand même eu hâte que cela se termine, chose qui arrive finalement avec le très classique résumé de ce que son devenu les différents protagonistes de cette intrigue. Par rapport à ce fait divers, j’ai vraiment du mal à voir ce que ce long métrage peut apporter.
Pour résumer, je n’attendais pas un chef d’oeuvre de « Suspect » mais j’ai quand même réussi à rester sur ma faim. Très classique et vite oubliable, ce direct en vidéo se perd dans la masse de ce que l’on a déjà pu voir dans ce genre et ne me laissera aucuns souvenirs. En guise de téléfilm, ça fait son boulot. Cela se consomme du coin de l’œil et on passe vite à autre chose grâce à la télécommande mais on aurait quand même pu avoir quelque chose d’un peu plus abouti que cette succession de caricatures peu crédible à l’interprétation légère et à la réalisation détestable qui ne fait rien ressentir au spectateur. Dans le genre, j’ai déjà vu pire mais pour le coup, ce n’est pas forcément une raison pour que j’éprouve le besoin de le revoir un de ses jours.