Le rafraîchissant concept Grindhouse initié par Robert Rodriguez, lui-même, et son ami Quentin Tarantino à t-il déjà du plomb dans l’aile, malgré sa jeunesse? Impossible. C’est pourtant le ressenti à la vue de cette suite aux tribulations sanguinolentes de ce vétéran mexicain si particulier qu’est Machete. Parodie d’une parodie, ce deuxième volet s’inscrit clairement dans un registre plus léger encore que ce qui fit Rodriguez jusqu’alors. Autant dire que rien ici n’est légitimement crédible, qui rien ici n’est oublié pour faire plaisir à un public qui se fiche royalement du bon sens, du politiquement correct. Si j’adhère sans autre forme de procès au travail de Rodriguez, que ce soit sur le précédent Machete, sur Sin City, ici, c’est la déception qui prédomine. Il semble alors que le réalisateur mexicain, si charismatique pour son culot, ait dépassé des limites que l’on ne pensait pas existantes. Oui, il ne tient à pas grand-chose qu’un trip dérape dans le n’importe quoi.
Ne tirons pas sur l’ambulance gratuitement, Machete Kills, s’il n’est pas le film attendu pour bien des raisons, reste un long métrage hautement divertissant. Remplir son contrat ne suffit toutefois pas ici pour l’ami Robert, toujours plus léger, sans doute une question d’emprise sur les scénaristes, à la mise en scène. L’on sent indéniablement le réalisateur minimaliste, il en va de même pour Danny Trejo, alors que le but premier du film est le gain financier. Oui, Rodriguez aura pris conscience du succès de ses films et semble assis sur ses lauriers sans trop pousser plus avant, pour notre plus grand malheur. Rappelons que Machete est né d’une fausse bande annonce précédant Planet Terror. Ce fût alors une excellente idée de jouer sur le physique et la prestance de Danny Trejo pour faire de cette BA fictive un long métrage à part entière. Reste maintenant que l’effet de surprise n’y est plus, malgré des castings toujours plus gratinés.
L’acteur principal, que l’on ne connaît concrètement que comme bourrin latino, depuis justement son apparition aux USA sous la direction de Robert Rodriguez, est quant à lui tout aussi peu concerné, ne jouant que de mimiques et de répliques minimales pour faire de son avatar un personnage culte de la série Z. Insuffisant. L’ajout au casting des mal-aimés que sont Mel Gibson, Charlie Sheen sous son nom d’origine, n’y change rien, pas même la présence des pépées que sont Amber Heard, Lady Gaga, Sophia Vergara. Le retour de Michelle Rodriguez et accessoirement de Jessica Alba n’y apporte rien non plus. Aussi, le scénario est très limité, inspiré semble-t-il de James Bond, Moonraker. Pour tout dire, même si le coup du caméléon, respectivement Walt Goggins, Cuba Gooding Jr, Lady Gaga et Antonio Banderas, est un délire amusant, autant bon nombre des exploits du dénommé Machete tombent à l’eau. Regrettable.
Comme mentionné plus haut, ne soyons pas trop critique envers Rodriguez et sa troupe de star en vacances ou en pleine rédemption, il ne s’agit là que de faire prendre son pied à celui qui ne pense pas cinéma avec l’esprit mais avec le cœur, se fichant bien mal des aboutissants de l’histoire qu’on lui raconte pour autant qu’il y ait meurtre, sang, musique, sexe et bastons au menu. D’accord, Machete Kills n’est pas très bon, du moins nettement inférieur aux précédents ouvrages Rodriguez, mais il n’en n’est pas pour autant anodin, inutile. Sachons oublier nos pincettes et nos aprioris à la maison et accordons au moins au réalisateur un culot, celui de s’amuser en faisant presque n’importe quoi, même si la fausse annonce pour Machete Kills Again In Space ne donne pas très envie. 08/20