Plus inspiré que jamais, le meilleur ami de Tarantino, à qui l’on doit déjà les cultissimes Une Nuit en Enfer, Desperado, Sin City et Planet Terror, offre un second volet à l’un des meilleurs personnages qu’il ait inventé, et qui apparaît d’ailleurs dans bon nombre de ses films mais seulement sous ce pseudonyme, les personnages étant à chaque fois différents: Machete. Après un premier volet plus que réussi, toujours dans l’esprit déjanté du projet Grindhouse, Rodriguez prends cette fois-ci un virage complètement différent, et livre un second film plus expérimental, s’illustrant dans un ton et une ambiance différente, et malheureusement, ou heureusement si jamais vous appartenez à cette catégorie de gens, uniquement réservé à ses fans. Autant dire qu’il est fortement déconseillé de se rendre en salles sans avoir un minimum de connaissances sur la filmographie du Texan. C’est ce côté très limité, et réservé à un seul type de public, qui font de Machete Kills le film le plus prétentieux de Robert Rodriguez, et qui lui coûtera donc, à juste titre, pas mal de mauvaises critiques. En effet, le film est finalement une sorte d’auto-hommage, bourré de références à sa filmographie, certes très drôles, mais qu’il faut déchiffrer, et qui sont pourtant à la base de presque tout l’humour du film. Par exemple, il est fait, un à moment, une blague sur Tarantino. Quand on sait que les deux réalisateurs sont très amis, la blague est forcément à mourir de rire, mais si l’on se met dans la tête de quelqu’un qui l’ignore, alors elle n’aura l’air que d’une mauvaise réplique facile et racoleuse qui fonctionne grâce au name dropping. Néanmoins, le cinéaste offre toujours la même folie qui l’anime lorsqu’il se pose derrière la caméra, repoussant absolument toute limite, et toute logique. Il s’amuse à faire de la médiocrité quelque chose de brillant, tant chaque détail est pensé et participe à la réussite de ce festival complètement what the fuck. Ainsi, on y retrouve des effets spéciaux volontairement ideux et de très mauvais goût, des faux raccords en pagaille, des révélations/retournements de situations grotesques et invraisemblables, des personnages qui disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés, et des punchlines ras des paquerêtes. Mais ce qui fait finalement la différence entre un mauvais film qui rassemblerait ces défauts, et Machete Kills, c’est que ce dernier sait se servir de son ton, et de son ambiance absurde, pour faire rire plutôt que d’exaspérer, tout en étant maîtrisé techniquement, alors qu’il semble ne pas l’être à l’écran. C’est cette contradiction qui appuie la réussite du film. Quant au personnage de Machete, Rodriguez a bien compris que Machete n’a pas besoin d’être développé, Machete est très bien comme il est, et s’est donc plus attardé sur l’univers du film, véritable parodie d’actionners qui s’adapte donc à ceux-ci, et qui prend une tournure difficile à décrire sans spoiler que vous découvrirez donc par vous-même, et sur les personnages secondaires du film, avec en tête de liste une Amber Heard sublime, qui vole la vedette à tous les autres personnages féminins du film (Michelle Rodriguez compris), et, aussi fou que cela puisse paraître, Lady GaGa qui offre une folie identique à celle de son personnage de scène, à travers des expressions faciales qui ne manqueront pas de devenir cultes. L’ensemble du film est fait pour surprendre, ainsi si le début peut paraître un peu gentillet au début, c’est pour mieux surprendre par la suite, et continuer à aller encore plus loin lorsqu’il donne l’impression que la limite a été atteinte, et que toutes les idées possibles ont été utilisées. Car le plus jouissif dans cette suite, c’est qu’elle en annonce encore une autre! En conclusion: Machete Kills est un chef d’oeuvre. Très très loin d’être un chef d’oeuvre cinématographique, mais un chef d’oeuvre dans la filmographie de Robert Rodriguez, ce qui colle assez bien avec le côté prétentieux et limité du film. Machete Kills c’est un pur fan-film, un film fait par Rodriguez pour lui-même, et on ne peut qu’imaginer à quel point il a dû s’éclater, et pour ses fans les plus assidus. Rien ne dit que vous n’aimerez pas le film si vous ne le connaissez pas lui et ses films, néanmoins il est évident que vous passerez à côté d’environ 70% du film. Malgré cela, le film reste un divertissement redoutablement efficace, doté d’un côté absurde jouissif, et d’un casting cinq étoiles en total auto-dérision. Sans doutes un des films les plus drôles de l’année.