Une suite décevante d’un premier Machete très appréciable. Rodriguez semble être un peu à la peine lorsqu’il s’agit pour lui de réaliser des suites, et après la petite déception de Desperado 2, ce Machette 2 en témoigne.
Coté casting on retrouve toujours des acteurs de qualités, qui tiennent bien la route. Trejo est toujours efficace, c’est plaisant de voir Gibson et Sheen, la touche féminine sexy est bien amenée avec des personnages féminins variés (Rodriguez, Heard, Vergara et Lady Gaga dans ce qui est plus une apparition qu’autre chose), et il y a des acteurs moins connus qui s’amusent bien (Demian Bichir par exemple). Malgré cela, le casting est tout de même franchement pléthorique, et du coup beaucoup des protagonistes doivent se contenter d’une simple apparition, et les personnages n’ont clairement pas le même approfondissement que dans le 1. C’est malheureusement trop superficiel, ca passe trop vite, on change de protagonistes comme de chemise, et heureusement que Trejo est omniprésent pour assurer un minimum de cohérence.
Le scénario relève de ce même travail brouillon. Tout s’enchaine certes à vitesse grand V, mais donne le sentiment d’un fouillis mal maitrisé, là ou le premier film était calibré au millimètre près. L’humour est beaucoup trop discret, avec l’absence du ton satyrique du premier qui dépoté (au travers du personnage de De Niro notamment), les gags sont souvent balourds et répétitifs, et le film conserve une violence rarement aussi travaillée que celle du 1. On perd trop souvent la dimension grand-guignolesque au profit d’affrontements sans grand intérêt, qui pourrait trouver place dans de nombreux films d’action de base. Au final le film se trouve vraiment en équilibre instable, et manque souvent de sombrer dans le ridicule, heureusement sauvé par un Trejo toujours constant, et aussi par quelques bons moments qui succède avec bonheur à des passages faiblards. Par ailleurs très gros manque de fluidité.
La mise en scène de Rodriguez vire elle aussi trop souvent à l’esbroufe. Il en rajoute à tout les niveaux, et ca parait forcé, ca manque de naturel, et il « expédie » plus qu’il ne tourne ses scènes d’action. Lui qui les travaille normalement avec finesse, propose ici des trucs brouillons pas aidé par des effets spéciaux numériques d’un effet souvent discutable. Heureusement on retrouve une photographie saturée en couleurs, riche en effets clinquants qui sied bien au caractère souvent cartoonesque du film, et les décors sont très agréables. Ils mêlent l’esthétique « mexicaine » avec désert et coins déserts à des références puisaient aux quatre coins du cinéma (James Bond, Star Wars, filmographie de Tarantino…) pour un mélange qui tient la route. Les effets spéciaux donc comme dit précédemment ne sont pas tous convaincants. Si certains passent bien du fait du ton volontairement déjanté et décalé du film, malgré tout certaines scènes d’action se trouvent lésées car elles manquent, par là même, d’allure. Par ailleurs les effets sanglants sont nettement moins intéressants que dans le 1, avec un travail globalement beaucoup plus soft, et surtout là encore un sentiment de vite fait vite expédié décevant. Quant à la bande son elle récite ses classiques, avec efficacité mais sans surprise.
Au final j’ai été déçu par ce Machete Kills. Il devrait pouvoir être caractérisé par fou, exubérant, jouissif, ultra-violent, mais en fait les premiers adjectifs qui viennent en tête sont : superficiel, expedié, brouillon et pour les plus durs, bâclé. Tout est en dessous du 1, et Rodriguez donne le sentiment de ne pas avoir eu le temps ou la patience de cogiter cette suite, qui ressemble au 1, mais avec tout les éléments secoués dans un shaker et restitué comme tel. En dehors de Trejo qui reste égal à lui-même, de bons acteurs malheureusement souvent sous-utilisés car trop nombreux, et de bonnes séquences de ci de là qui permettent de suivre le film jusqu’au bout sans trop de mal, Machete Kills n’a pas grand-chose sous la pédale. En attendant un troisième épisode que j’espère plus convaincant, dans l’âme du 1 et du cultissime Planet Terror.