Suite inattendue du surprenant et réussi "Machete", ce "Machete kills" est incontestablement l’opus de trop (déjà !), qui confirme que la blague a assez duré. En effet, si on pouvait adhérer aux délires de l’épisode précédent, qui reprenait les scènes clés de la fausse bande-annonce du diptyque "Grindhouse" et rendait un hommage appuyé et jouissif au cinéma bis, il n’en demeure pas moins que le film valait surtout par la curiosité qu’il suscitait… de sorte qu’un deuxième épisode ne pouvait que décevoir. Et ça ne manque pas puisque, comme prévu, le personnage de Machete (toujours campé par l’irremplaçable Danny Trejo) ne se risque pas à la moindre évolution et n’offre donc rien de nouveau au spectateur. C’est donc sans surprise qu’on, a droit aux mêmes défauts que le premier épisode (l’utilisation des moyens technologiques modernes dans un film censé rendre hommage aux cinéma bis des 70’s, les revendications pro-mexicaines, image trop léchée qui trahit l'esprit "Grindhouse"…) et à une successions de scènes bien bourrins (et totalement ahurissantes d'invraisemblances), qui restent inhérentes au genre mais qui braqueront les réfractaires. Certes, on s’amusera des quelques scènes où la légende de Machete est honorée (sa pendaison, son invraisemblable séduction, ses actes héroïque invraisemblables…) mais on s’aperçoit très vite de la supercherie avec un recyclage indigne des principales vannes du premier opus (après "Machete envoie pas de texto", on a droit à "Machete ne tweete pas"), voire mêmes de séquences d’autres films de Rodriguez (le tueur aveugle de Desperado 2 est ici repris, sous les traits de la revenante Michelle Rodriguez). Plus grave, "Machete kills" a visiblement décidé de se passer de toute idée de scénario et fait partir son intrigue dans tous les sens, avec, pêle-mêle, une nouvelle quête vengeresse pour Machete (qui veut venger la mort de sa coéquipière, campé par la furtive Jessica Alba), un terroriste méchamment schizophrène (Demian Bechir, complètement barré) qui a mis une prime sur sa propre tête, un mystérieux tueur caméléon qui change d’apparence (allant de Cuba Gooding Jr à Antonio Banderas en passant par… Lady Gaga !), un mur dressé entre les USA et le Mexique, des putes adeptes de l’artillerie lourde, d’une traîtresse agent du FBI qui veut gagner des concours de beauté (Amber Heard, marrante), un Président ricain atypique (Charlie Sheen.. ou plutôt Carlos Estevez !)… le tout saupoudré d’une succession de morts violentes inattendues et d’un final spatial (sous forme d’hommage à "Star Wars") totalement aberrant. Cette absurdité assumée ferait presque la valeur de cette suite et l’empêche, quoi qu’il en soit, d’être dénué d’intérêt (on ne s’ennuie pas, on hallucine souvent, on se demande jusqu'où le réalisateur va aller… c’est déjà ça). Mais, Rodriguez a été beaucoup trop loin pour espérer convaincre, en oubliant, au passage que tout ça est parti d’une malheureuse bande-annonce de quelques minutes et que le filon, est loin d'être aussi riche qu’il semble le croire. Il oublie, également, que les nostalgiques des films d'action bien bourrins ont déjà les "Expendables" à se mettre sous la dent.. même si, à l'origine, le public ciblé était différent. Heureusement, ce "Machete kills" est l’occasion de retrouver un Mel Gibson en grande forme, qui retrouve l’humour et la gouaille qui nous ont tant manqué ces dernières années. Son rôle, aussi invraisemblable soit-il, lui permet de briller avec un sens du cabotinage très appréciable et, espérons-le, de se rappeler au bon souvenir d’Hollywood qui pensera peut-être à lui, dans l’avenir, pour les rôles de méchants. Pour le reste, cette suite, plus poussive que fun, est loin d’être indispensable (à moins d’être équipé de plusieurs bouteilles de tequila)... et laisse craindre qu’un troisième opus ("Machete kills… in space") voit le jour en franchisant un cap supplémentaire dans le grand n’importe quoi, si l’on en croit sa bande-annonce. Il n’empêche qu’on ne peut pas s’empêcher de se dire qu’un tel bordel avec un tel casting, c’est assez atypique à Hollywood pour valoir le coup d’oeil !