Pour un film japonais, le titre du film ne sonne pas très nippon, et c'est normal puisqu'il ne l'est pas... Le nom choisi pour le film Saudade est en effet un mot galicien et portugais évoquant une douce mélancolie nostalgique, mais sans l'aspect maladif. On peut parler de "saudade" pour quelqu’un qui est éloigné de son pays, et qui garde l'espoir de revenir un jour. Le film montre en effet le quotidien de Coréens, de Thaïlandais, de Japonais nés au Brésil, tous des invisibles dans la société japonaise, travaillant sur des chantiers ou dans des bars d’hôtesses.
Au moment de tourner une prise en extérieur, l'équipe de tournage s'est rendue compte qu’elle avait oublié de demander l'autorisation de filmer à la mafia locale. Les yakuzas ont donc débarqué sur le tournage, et la situation aurait pu virer au drame si le chef du groupe mafieux n'avait pas vu "Off Highway 20", un des précédents films du réalisateur. Katsuya Tomita lui a donc proposé un rôle dans son film, celui d'un parrain de la mafia, qu'il a accepté avec plaisir. Cette anecdote avec les yakuzas est d'ailleurs passée aux informations nationales et a profité au film.
Katsuya Tomita mène une double vie. Chauffeur routier puis ouvrier du bâtiment, ce cinéaste japonais travaille toute la semaine afin de pouvoir vivre et financer sa passion, qu'il assouvit le week-end : faire du cinéma.
Saudade est financé par KUZOKU, un collectif de cinéastes fondé par le réalisateur Katsuya Tomita. Le but est de soutenir des productions indépendantes japonaises. Saudade a ainsi été intégralement auto-produit grâce à des souscriptions. Le budget estimé est de 200 000 dollars.
Le tournage de Saudade a débuté le 1er août 2009 et s'est achevé l'été de l'année suivante. Une durée extrêmement longue qui s'explique par le fait que le réalisateur travaille en semaine. Katsuya Tomita n'a donc pu sortir sa caméra que pendant les week-ends et durant ses quelques jours de vacances.
Le film a été tourné dans un quartier marchand typique construit après la guerre. Autrefois très animées, ces rues sont aujourd’hui appelées "shutters streets", à cause des rideaux de fer baissés des nombreux magasins qui ont fait faillite suite à la crise économique. C'est en parcourant un de ces quartiers fantômes, que l'idée est venue à Katsuya Tomita d'en faire un film.
Le film Saudade a remporté la Montgolfière d'Or 2011 au Festival des 3 continents de Nantes. Le long métrage de Katsuya Tomita a également été présenté au Festival international du film de Locarno (édition 2011).