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Bertrand Sauvaud
2 critiques
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4,5
Publiée le 20 juin 2024
Vu à l'instant, "Un papillon aux ailes ensanglantées" de Duccio Tessari (1971) Une étudiante française est tuée dans un jardin public. Suite à une dénonciation, Alessandro Marchi, un homme de télévision, est arrêté. Après un procès fleuve, il est condamné. Mais quand les meurtres reprennent sur un mode opératoire identique, la police va reprendre la main et enquêter. Si Duccio Tessari m'avait passablement ennuyé avec "L'homme sans mémoire", giallo mou du genou, je revois ici ma copie. "Un papillon..." est un excellent film, à la fois thriller, chronique bourgeoise à la Chabrol et polar quasiment documentaire. Si Tessari abandonne le fetichisme onirique du giallo, c'est pour mieux soigner son film. Ici, le réalisme prédomine. Et l'on va voir, décortiqués de manière quasi clinique, les procédures de médecine légales, la tenue de l'enquête, l'audition des témoins. De même, Tessari s'offre des morceaux de film de procès avec les minutes en cours d'assises menant à la condamnation d'Alessandro. Osant la lenteur, l'âpreté, la rigueur, le réalisateur soigne la première partie de son film pour mieux la déconstruire dans la seconde. Plus rythmée, plus haletante, plus incarnée aussi, notamment par un Helmut Berger habité par son rôle, cette seconde partie bouleverse nos certitudes quant à l'identité du tueur en semant quelques fausses pistes mais surtout en révélant la face cachée des protagonistes. Chacun a des secrets : certains sont cocus, d'autres des amis indignes de confiance, d'autres des opportunistes dont on devine mal les motivations. Tout prendra sens dans les dernières minutes du film et nous mettra à terre tant la révélation finale est osée. Filmée avec grâce et maestria, cette histoire de perte de l'innocence, de contamination du mal (deux thèmes souvent accordés) est bardée de qualités qui en font un grand giallo. Et si l'on peut être déstabilisé par la lenteur de l'ensemble, il est pourtant nécessaire de prendre patience et de savourer les images. Car la récompense est au bout du chemin avec une révélation, je l'ai dit, de haut vol. Un très bon giallo, donc, exigeant et maîtrisé, loin des productions plus légères et démonstratives. Du très bon.
C'est surtout dans sa dernière demi-heure qu'Un papillon aux ailes ensanglantées est pleinement un giallo et bien que rapidement prenant le début fait parfois penser à du Les Experts avant l'heure et ce n'est pas ce que l'on attend du genre (mais ça permet de découvrir les méthodes d'investigation de l'époque), il y a aussi les scènes au tribunal plutôt bonnes. Dans l'ensemble pourtant je trouve qu'Un papillon aux ailes ensanglantées est un bon thriller italien, on sent dans sa mise en scène que Duccio Tessari cherche à travailler son atmosphère (d'ailleurs je le trouve ici plus inspiré que dans d'autres films que j'ai vu de lui) et ça fonctionne de plus le scénario est bien écrit et on doute jusqu'au bout sur l'identité du tueur. Donc pour moi un bon giallo qui devrait satisfaire les fans du genre. Par contre avec un si joli titre on aurait imaginé ce giallo plus mystérieux et poétique.
Un giallo assez inégal est plutot avare en meutres pour le genre. L'interet se trouve plutot dans l'enquete policiere qui se filme comme un quasi-documentaire, c'est la meilleure partie. Hélas l'oeuvre prend trop son temps, le climat s'estompe, arrive l'ennui ; les acteurs ont parfois un jeu théatreux. A voir comme une curiosité.