« Danny Collins » ("Imagine" pour la distribution en France) est un feel good movie comme on en voit peu. Touchant, amusant, émouvant, ce film, inspiré de faits réels, recèle bien des qualités scénaristiques mais pas seulement. En visionnant le premier long métrage de Dan Fogelman, vous vous apprêtez à découvrir un Al Pacino comme vous ne l’avez sans doute jamais vu !
En effet, le personnage de Danny Collins offre une belle opportunité de jeu à l’acteur américain de 75 ans. Son impressionnante carrière est parsemée de rôles emblématiques et l’apologie de ses interprétations n’est plus à faire. Néanmoins, avec ce film, il revêt le costume d’une star pop rock un peu « has been » mais terriblement touchante. Envieux de renouer avec sa famille, il fera tout son possible pour trouver grâce à leurs yeux et retrouver des valeurs familiales qu’il a trop longtemps délaissées. Drôle, maladroit, généreux, Danny est une caricature ancrée dans les années 70, avec tout ce que cela inclus : rouflaquettes, paillettes, chemines à col en v amidonnées, consommation de drogue excessive. Il lutte contre ses démons qui l’empêchent de « grandir » et de faire face à la réalité de la vie. Mais ouvrir les yeux et entrer dans son époque, c’est aussi se rendre à l’évidence : sa famille s’est construite dans son absence et lui a laissé bien peu de place.
Cette famille, elle est très justement interprétée par Bobby Cannavale (vu dans « Chef » il n’y a pas longtemps), un fils en déni total avec l’univers paternel auquel il n’a jamais adhéré ainsi que Jennifer Garner, la belle-fille compréhensive, devenue bien malgré elle une sorte de médiateur entre les deux Collins père et fils. Applaudissons aussi la performance de la toute jeune Giselle Eisenberg, petite fille du chanteur et actrice étonnante pour son âge ! Elle sera le trait d’union de cette famille qui peine à se retrouver et saura toucher en plein cœur notre papy rockeur.
A côté de cette smala, Danny va également croiser la route de Mary Sinclair tenancière d’un hôtel de luxe, devenue son amie et qui remettra bien des fois la tête de notre rock star sur ses épaules. Bien décidée à ne pas succomber à ses avances, elle sera la confidente, la raison de celui qui pensait tout avoir pour être heureux. Incarnée par l’excellente Annette Benning (« The face of love », autre jolie pépite, « American Beauty », « Elle s’appelle Ruby », « The kids are all right»), son personnage est délicieux et apportera une dose de douceur et d’humanité dans l’histoire de notre héros. Enfin, Christopher Plummer, autre grande figure du cinéma américain, endosse le costume du producteur et du meilleur ami véritablement sincère de Danny, le seul à l’avoir accompagné tout au long de sa carrière et dans sa vie privée parfois compliquée.
Belle bouffée d’air frais dans cette période où les jours deviennent sombres, « Danny Collins » est un film à ne manquer sous aucun prétexte. 2015 nous a réservé de belles surprises et celle-ci est vraiment de taille … présenté au festival de Deauville, il a réellement marqué le public et vaut véritable le détour !