Adapter un jeu vidéo peut parfois être une bonne idée tant l’univers du jeu peut se révéler comme une intéressante expérience visuelle cinématographique : parfois ça fonctionne ("Silent Hill", "Wing Commander", "Mortal Kombat", "Doom", "Hitman", "Prince of Persia", "Oneechanbara 1&2") mais souvent ça se vautre lamentablement ("Far Cry", la saga "Resident Evil", "House of The Dead 1&2", "Dead Or Alive", "Mortal Kombat 2", "Street Fighter", "Tomb Raider 1&2", "Alone in The Dark 1&2", "Double Dragon", "King Rising 1&2", "Max Payne", les trois "Bloodrayne"). Mais adapter un jeu vidéo dont l’univers et le déroulement sont à l’opposé d’une représentation cinématographique, c’est carrément casse gueule (souvenez vous de Super Mario Bros…oups : j’ai vomi dans ma bouche !!). Alors, quand on nous annonce qu’un film sur « Gyakuten Saiban » (« Phoenix Wright » chez nous) va voir le jour, on flippe à mort car on ne voit pas comment retranscrire des joutes d’avocats lors d’un procès à l’écran !! Seul un fou pourrait tenter la chose…et bien c’est bien de cela qu’il s’agit : Capcom s’adressa donc au réalisateur le plus fou du Japon pour adapter le fameux jeu, à savoir le grand Takashi Miike. Connaissant le bonhomme pour sa folie visuelle ("The Great Yokai War", la trilogie "Dead Or Alive", "Gozu", "Visitor Q", "God’s Puzzle", "Audition", "Zebraman") ainsi que pour avoir déjà réussi des adaptations de mangas et de jeux vidéo ("Ichi The Killer", "Crows Zero 1&2", "Yatterman", "Like a Dragon", "MPD Psycho"), je commençais petit à petit à croire que finalement tout était possible. Résultat final ? Miike est trop FORT !! Il a réussi une adaptation parfaite de «Phoenix Wright », le film suivant parfaitement le déroulement des jeux : un crime est commis, Phoenix enquête pour trouver des indices puis on se retrouve au tribunal devant le juge pour objecter la partie adverse et amener la vérité au grand jour. Le design des personnages a été respecté au millimètre (y compris l’incroyable chevelure de Phoenix !!) : on les reconnait au premier coup d’œil sans aucun doute possible. Leurs personnalités ont été conservées aussi et voir Phoenix se débattre lors des audiences est un pur plaisir. Vraiment, c’est du très, très bon boulot, d’autant plus que l’humour est très présent et c’est un régal (voir ces deux moments où, à l’annonce d’une chose évidente de la part de Phoenix, le public de l’audience se retrouve à tomber par terre : typiquement manga comme situation !!). Il n’y a qu’un reproche que je pourrais faire à ce film, c’est d’être fait avant tout pour les fans du jeu ; et c’est ce côté « fan service » qui est à l’origine de l’unique défaut du film : l’histoire reprend pratiquement celle des quatre chapitres du premier jeu, donc pour tous ceux qui y ont joué la fin est déjà connue, le seul intérêt de l’intrigue est de savoir comment on va parvenir à la vérité. C’est un peu dommage, car nous proposer une enquête inédite n’était pas spécialement une difficulté insurmontable. Mais bon, arrêtons de chipoter car cela ne gène absolument pas la vision de "Phoenix Wright : Ace Attorney" qui reste à ce jour tout simplement l’une des meilleurs adaptations de jeu vidéo qui existe.