Casse-tête chinois est le troisième volet de la trilogie entamée avec L'Auberge Espagnole et Les Poupées russes. C'est aussi le onzième long métrage réalisé par Cédric Klapisch, et le septième dans lequel il dirige Romain Duris, sachant que les deux hommes n'ont pas travaillé ensemble depuis Paris, en 2008.
S'il y retrouve logiquement Kelly Reilly et Cécile de France pour la troisième fois de sa carrière, Casse-tête chinois marque la quatrième collaboration entre Romain Duris et Audrey Tautou, qui se sont également donné la réplique sur L'Ecume des jours de Michel Gondry.
Après Paris, Barcelone, Londres et Saint-Petersbourg, Romain Duris et ses compagnons quittent cette fois-ci l'Europe pour visiter New Tork.
Les vies des personnages principaux ont naturellement changé depuis Les Poupées russes. On retrouve ainsi 10 ans plus tard Xavier, notre héros globe-trotteur, toujours incarné par Romain Duris et désormais père de deux enfants. Cédric Klapisch a attendu de réunir suffisamment de choses intéressantes à raconter avant de tourner cette suite, mais également que son acteur fétiche ait lui-même des enfants dans la vraie vie pour que son personnage soit plus crédible : "Je n’aurais peut-être pas refait ce troisième film s’il n’avait pas eu d’enfants", confie-t-il.
Si Cédric Klapisch avait déjà eu l’idée et le titre de ce troisième volet à Saint-Pétersbourg lors du tournage des Poupées russes, c’est pourtant à New York, dans un restaurant chinois, que la grosse pomme lui est apparue comme évidence.
En décidant de scénariser Casse-tête chinois à New York, Cédric Klapisch a pu retrouver la ville dans laquelle il avait étudié il y a environ 25 ans. Son fils a même été scolarisé dans la rue où il habitait dans les années 80.
En 1986, Cédric Klapisch tournait le court métrage In Transit à New York. Il n’a malheureusement jamais pu réaliser un plan qui lui tenait à cœur. De retour dans la ville qui ne dort jamais, le réalisateur a enfin pu tourner cette scène en l’adaptant au scénario de Casse-tête chinois. Rien ne pouvait l’arrêter. La preuve, cette scène a été tournée sans aucune autorisation !
S’il s’agit bel et bien de la suite de L’Auberge Espagnole et des Poupées russes, plusieurs personnages des deux premiers volets ne seront pas présents dans Casse-tête chinois. Le réalisateur souhaitait les intégrer à l’histoire, mais il n’y est pas parvenu de manière logique : "J’ai vraiment essayé d’écrire des scènes avec William, Anne-Sophie ou les coloc de L’Auberge espagnole… ça n’a jamais fonctionné !"
Cédric Klapisch revient sur les raisons qui l’ont poussé à choisir New York pour tourner cette suite : "C’est la ville la plus métissée, la plus mélangée du monde… Tous les continents sont à New York, toutes les races, tous les cultes. Beaucoup plus qu’à Londres, Shanghaï ou Pékin qui sont déjà des villes très cosmopolites. (…) Ces trois films racontent la génération des gens qui ont grandi en parallèle avec la formation de l’Europe et l’idée de la mondialisation. Du coup New York qui est la capitale mondiale des migrateurs était un choix justifié. C’est le côté "Hub" qui est inspirant à New York."
Les quatre acteurs principaux attendaient ce troisième volet avec impatience. Certains, comme Cécile de France, allaient jusqu’à relancer régulièrement le cinéaste !
Après une longue galère pour trouver un financement, le tournage a été perturbé par l’ouragan Sandy : "Quand l’ouragan est arrivé, ça a été le pompon ! Dans ces cas-là il faut être "Taï chi"… Votre seule façon de rester debout c’est d’utiliser la force de l’adversaire. Parce que sinon quoi qu’il arrive, cet adversaire est plus fort que vous", précise le metteur en scène Cédric Klapisch. L’équipe de tournage, toujours positive, a vu ici l’occasion de tourner des plans dans un New York déserté, chose assez rare au cinéma.
Cédric Klapisch revient sur la difficulté de trouver un remplaçant à Jacno, le père de Xavier, décédé en 2009. Benoît Jacquot lui est apparu comme une évidence : "J’avais envie qu’il y ait une cohérence physique mais pas seulement. Deux infos étaient données sur le père de Xavier dans L’Auberge espagnole : il travaille dans la finance et, comme Jacno, il a aussi un côté rock’n’roll. Du coup pour trouver le remplaçant c’était super difficile. Et je ne sais pas pourquoi, mais au moment de la sortie des Adieux à la reine, je me suis dit que Benoît avait un physique qui pourrait marcher à côté de Romain et j’y croyais pour les aspects «finance et rock’n’roll»… Certes il y avait une inconnue sur sa capacité à jouer… et pour cause puisqu’il n’a quasiment jamais fait l’acteur ! Mais finalement je l’ai appelé un jour et je lui ai demandé : "Benoît, tu accepterais ?" Il y a eu un blanc. Et il m’a répondu : "J’accepte si toi tu acceptes de jouer dans mon prochain film." Du coup j’étais emmerdé parce que c’est un drôle de miroir qu’il m’a tendu… Mais je trouvais ça intéressant que le père de Xavier soit joué par un réalisateur, alors du coup j’ai dit oui. (…) Mais j’espère qu’il a oublié… (rires)."
Benoit Jacquot, le nouveau père de Xavier, avait déjà rencontré Romain Duris à l’occasion de son film Adolphe.
Dans une des scènes du film, Martine, le personnage d’Audrey Tautou, doit parler chinois. Même si la conversation ne dure que deux minutes, la comédienne, qui souhaitait tout de même avoir l’air parfaitement crédible, a décidé de prendre des cours de cette langue, deux heures par jour pendant six semaines.
Entre une équipe de plus de 100 personnes à gérer, les règlements pantagruéliques des syndicats et une vingtaine de camions pour se déplacer, le tournage du film aux États-Unis a été une véritable croisade, comme le précise Cécile De France : "On se sentait tous petits. Et puis je voyais bien que Cédric, malgré sa bonne humeur, n’était pas dans son élément. Ce qui nous a fait un peu peur au début : alors qu’il a l’habitude de créer dans l’esprit de la nouvelle vague, d’improviser, de donner le texte le matin même, là tout était régi d’une manière tellement stricte."
Si Cédric Klapisch avait déjà envisagé une suite aux Poupées russes, Casse-tête chinois marque selon lui le dernier voyage de Xavier, à moins qu’il ne trouve une autre aventure à raconter dans 10, 20 ou 30 ans.
Cette suite est extrêmement attendue par le public. Aussi Cédric Klapisch, conscient de l’attente des spectateurs, a mis plus de 8 mois à l’écrire contre 3 semaines pour L’Auberge Espagnole. Lors de sa présentation au festival d’Angoulême, Casse-tête chinois a réuni plus de 4 000 fans.