Cédric Klapisch revient cette année pour donner une fin, heureuse, à la trilogie qui suit Xavier, incarné par Romain Duris, devenir un homme et s’accomplir professionnellement. Alors que « L’auberge espagnol » décrivait le temps du voyage et « Les poupées russes » celui des passions amoureuses, « Casse-tête chinois » est l’opus de l’accomplissement. Et certainement la mieux réussie des trois parties. On trouve Xavier, à l’aube de ses 40 ans, en proie au doute : a-t-il raté sa vie ? Il rêve désormais de linéarité et envie, après avoir bien bourlingué, les personnes qui ont une vie rangée. Toutefois n’a-t-il pas rencontré les personnes les plus chères à son cœur en chemin ?La narration à la première personne le met véritablement et directement au cœur du film. Et les interventions de son éditeur ne sont là que pour faire mûrir son discours et prendre conscience du fondamental. Tous les personnages des précédents opus ne seront pas présent. De l’aveu du réalisateur, il s’agit de ne pas convoqué caméo sur caméo. C’est-à-dire que le film conte un tranche de vie, et que dans la vraie vie, on perd des gens en route, on fait de nouvelles connaissances, on cultive des liens. Xavier n’avait donc aucune raison de retrouver artificiellement, et par hasard, tous les protagonistes des précédentes aventures. Comme le font trop de numéro 3.Comme beaucoup de couple aujourd’hui, après 10 ans de mariage avec Wendy, leur couple s’effrite et celle-ci part vivre avec son amant à New-York. Pour suivre ses enfants, Xavier décide de partir une nouvelle fois. Étranger à New-York, il se retrouve face à l’absurdité du système d’émigration américain. Américain certes, mais dont on devine les travers du système français également en filigrane. Le scénario fait la part belle aux magouilles pouvant donner lieu à l’obtention de la nationalité américaine : travail au noir de longue durée et mariage blanc en tête. Autant de sujet, qui en ces temps de méfiance xénophobe, ont chauffé les esprits dans l’Hexagone ses dernières années. Et Klapisch aborde ses sujets avec bienveillance. Xavier fraude mais il le fait par amour des siens comme tant d’autres immigrés. Et c’est par hasard, et parce qu’il aura fait preuve de courage qu’il pourra obtenir un faux mariage avec une Américaine d’origine chinoise. L’autre point fort du film est justement que Xavier ait un bon fond qui le pousse à rompre bon ami, et à conserver des relations cordiales avec Wendy (Kelly Reilly) et Martine (Audrey Tautou). Qui le pousse également à aider Isabelle (Cécile de France), son amie lesbienne. Personnage triste qui pense passer à côté de l’important, il est pourtant au cœur d’un film rafraîchissant dont le message est bel et bien de cueillir le jour. Un film sur l’amitié qui perdure malgré les blessures. Une façon de vivre où la tendresse a toute sa place et dont chaque personnage déborde autant que de malice. Où le casse-tête chinois peut devenir simple et beau comme une histoire d’amour qui renaît.Tout semble lui échapper mais laissera-t-il s’échapper le plus essentiel? Trouvera-t-il enfin sa place, un endroit pour s’établir dans le nouveau monde ? Et avec qui ?Pour retrouver nos autres critiques, faites un tour sur Une Graine dans Un Pot :