Suite pas vraiment prévue ni spécialement attendue de "L’Auberge Espagnole" et des "Poupées Russes", ce "Casse-tête Chinois" prenait le risque de ternir le bon souvenir de ces deux premiers films en imposant le fameux "film de trop" arrivé bien trop tard, une fois que le train est passé. Le début du film semble confirmer l’échec annoncé du film, avec un rythme mollasson et une ambiance terne. Il faut dire que Klapish nous ressort le coup de la voix off explicative de ce pauvre Xavier (Romain Duris, toujours au rendez-vous) qui se retrouve, une fois de plus, empêtré dans tout un tas de problèmes existentiels et, accessoirement un divorce un peu compliqué… mais, surtout, prend le spectateur à rebrousse-poil (un peu trop d’ailleurs) en rendant Wendy particulièrement détestable sans véritable justification et en filmant New-York sous un angle assez peu flatteur. C’est donc peu dire que le film commence mal… heureusement, l’intrigue va, peu à peu, trouver sa vitesse de croisière à mesure que les sous-intrigues (une fois de plus très nombreuses) vont s’accumuler. Sans surprise, ce sont toutes ces petites histoires (les velléités de maternité d’Isabelle, le retour so hot de Martine, le mariage blanc de Xavier, ses problèmes avec son avocat, la rencontre avec son père…) qui viennent nourrir le film ainsi que l’idée, plutôt sympa, de raconter l’intrigue par le biais d’un dialogue skype entre Xavier et son éditeur. Comme toujours, la mise en scène inventive de Klapish est un véritable plus, surtout quand elle est utilisée à bon escient comme ici. Les acteurs (à commencer par la pétillante Cécile de France, et l’excellente Audrey Tatou) permettent, une fois de plus, d’apporter une incroyable fraîcheur au film et voit leurs personnages évoluer de façon plutôt intéressantes (surtout Martine !)… à l’exception notable de Xavier qui reste toujours le même. L’écriture des personnages s’avère, d’ailleurs, assez pertinente car, après un début franchement plombant, le réalisateur commence à poser certaines questions plutôt bien vues et contraints ses personnages à un questionnement assez juste sur cette nouvelle génération de quarantenaires ou presque, pas encore vieux mais plus vraiment jeunes, où le besoin de mûrir et le sens des responsabilités se frottent à la peur de vieillir et au besoin de sentir la flamme. Cette réflexion est une véritable originalité dans un contexte cinématographique qui, depuis, près de 20 ans, fait surtout la part belle aux trentenaires. Le message n’est, bien, évidemment, pas asséné comme une leçon de morale mais avec une énergie communicative, un humour omniprésent (l’énorme "mets-là moi bien profond" lancé par une Martine, jusque là plutôt prude, ne manquera pas de surprendre) et une BO toujours aussi enthousiasmante. On pourra toujours regretter un manque de finesse un peu répété (Isabelle qui fait un peu caricature de lesbienne, pour qui la fidélité est une impossibilité morale, les Chinois qui sont forcément accueillants et vivent en tribu, l’inspecteur de l’immigration qui n’est pas là pour rigoler…) mais, au final, "Casse-tête Chinois", qui partait pour être un enterrement de première classe de la saga culte des étudiants des années 2000, s’avère être plus lumineux que "Les poupées russes", plus mélancolique. Klapish a, ainsi, parfaitement réussi son coup, sans prévenir…