Une dette à honorer
Clint Eastwood a 91 ans ! C’est l’heure des bilans et ces 104 minutes sonnent un peu comme le testament au bout d’un long chemin d’acteur et de réalisateur. Mike, star déchue du rodéo, se voit confier une mission a priori impossible : se rendre au Mexique pour y trouver un adolescent turbulent et l’amener jusqu’au Texas. Il lui faudra pour cela affronter la pègre mexicaine, la police et son propre passé. Je sais que l’adjectif « crépusculaire » adossé à un film du vieux fait un tantinet partie des poncifs depuis quelques temps. Alors, j’ose, parce que tout simplement, ça n’a jamais été aussi vrai. L’homme a vieilli, le rythme de ses films aussi, l’introspection prend le pas sur l’action. Mais quand même, quel cinéaste !
Le film est adapté du roman éponyme écrit par le scénariste et dramaturge américain N. Richard Nash, publié en 1975. L’histoire se déroule à la fin des années 1970, époque à laquelle Clint Eastwood alternait entre des westerns et des polars, tout en passant de plus en plus fréquemment derrière la caméra. Le scénario est ici écrit par ceux-là même qui avaient déjà écrit, Gran Torino et La Mule avec le bonheur que l’on sait. Bon, disons-le, on a, cette fois, droit à un road movie mou du genou, comme son héros. Mais que peut-on attendre d’un nonagénaire qui en est à sa 39ème réalisation dont 24 fois dans lequel il officie à la fois devant et derrière la caméra ? Mais peut-on manquer un de ses films ? On se dit que c’est peut-être le dernier. Eastwood, visiblement, le pense aussi.
Ce scénario est dans les tuyaux depuis plus de 40 ans puisque Robert Mitchum, Roy Scheider, Burt Lancaster, Pierce Brosnan et Arnold Schwarzenegger ont été envisagés pour le rôle principal. Au bout du bout, c’est notre vieux Clint Eastwood qui a emporté le morceau comme réalisateur et acteur. Interprétation classique de chez classique, mais on ne se lasse pas de ce mélange savant d’humour, de dureté et de fragilité. Face à lui, citons Dwight Yoakam et hélas le jeune Eduardo Minett, dont on doit reconnaître qu’il est très mauvais. Ajoutons, côté casting féminin, Natalia Traven et Fernanda Ujerrola. Un film touchant et mélancolique qui parle de rédemption, de transmission en appelant sans cesse au calme et à la paix intérieure. On est loin de l’Inspecteur Harry. Certes, ça n’atteint pas les sommets, mais le grand Clint a-t-il encore quelque chose à prouver ?