Clint Eastwood aurait dû tirer sa révérence sur son (très) sympathique Le Cas Richard Jewell (2020), car on va avoir du mal à oublier que son ultime film est ce navet accompli nommé Cry Macho : rien, ou presque, ne va dans ce road-movie sans âme. On commencera par le point noir qu'est l'interprétation : on n'osera pas critiquer Clint, qui a quand même 91 ans (!), forcément en petite forme, mais on ne s'en privera pas sur son comparse Eduardo Minett, qui semble sur le point de s'endormir à chaque scène, et récite (ânonne) ses textes sur un ton monocorde qui lui donne des airs d'automate. On aurait pu le remplacer par un ficus, que cela aurait été pareil, si ce n'est plus émotionnel. On remarque aussi le montage catastrophique qui n'est pourtant pas l'habitude des derniers films de Clint Eastwood, nous imposant ici des ellipses douteuses (on termine par exemple un dialogue tendu entre les deux personnages principaux, en intérieur, cela coupe et on les retrouve directement à faire du cheval à l'extérieur... La tension s'effondre, et de notre côté on a l'impression d'avoir raté un épisode), un rythme ronflant, et des incohérences flagrantes qui ne sont pas dignes du réalisateur. Comment ne pas remarquer que les voleurs de voiture sont arrivés au volant d'une vieille auto pétaradante (on entend le boucan d'enfer qu'elle fait quand ils redémarrent), et que les deux protagonistes n'ont rien vu ni entendu venir, alors qu'ils sont en plein désert (silencieux et à vue dégagée) ? On a failli tomber de notre siège en voyant pareille bêtise... De même que la romance très cucul entre le papy et la vieille mamie mexicaine (qui est veuve et s'occupe de ses petites-filles orphelines et handicapées qui aiment bien ce papy qui connaît la langue des signes - qui n'est pas la même entre les États-Unis et le Mexique, mais on n'est plus à une incohérence près... -) qui ressemble souvent à un téléfilm romantique (les voir danser serrés, au ralenti dans le bar vide, sur une musique doucereuse, avec de grands sourires lascifs... C'est-y pas mignon...). Les dialogues ne sont pas non plus très fins, oscillant entre les phrases toutes faites et le repentir final d'un Clint qui explique que "jouer les durs ne sert à rien" (on sent les échos lointains dans sa filmo bourrine à ses débuts). Pour notre part, qui n'aimons pas les films "de gros durs" comme il le dit, on a opiné du bonnet, mais on comprendra que les fans des premiers Eastwood s'en agacent. On ne saque pas complètement Cry Macho sur sa note par pur égard (pitié) au réalisateur qui termine sa carrière (on espère que non, qu'il aura la forme pour corriger le tir) avec un film très loin d'être digne de lui.