Ce giallo allemand (assez rare pour être souligné), réalisé par Andreas Marschall et sorti en 2011, n'est pas aussi mauvais que les critiques peuvent le laisser penser. Alors oui, c'est bordélique, c'est tiré par les cheveux, c'est maladroit, le jeu d'acteur est quelques fois exagéré et bancal, l'histoire est complètement perchée, de même que la fin etc. Mais c'est en même temps tout ce qui fait l'essence d'un giallo ! Quoiqu'on en dise et malgré mon amour pour le genre, le giallo est un genre qui vieilli mal. On met souvent ça sur le dos des années 70 ou 80 mais c'est un genre kitch par essence. Et donc, forcément, le refaire en 2011 donne quelque-chose de tout aussi kitch ; les récents films de Dario Argento l'ont d'ailleurs bien prouvé. Et ainsi, je trouve que ce film, malgré ses défauts évidents, est dans la lignée parfaite des giallos des années 70 et notamment de "Suspiria" dont il en est un vibrant hommage. Alors comparer les deux œuvres ne serait pas juste tant Argento maitrisait son histoire et la mise en scène mais on retrouve ici une volonté de faire revivre un cinéma mort depuis des décennies. Les similitudes avec le film d'Argento sont notables à plusieurs niveaux. Tout d'abord le contexte, nous étions dans une école de danse dans le film d'Argento, nous sommes ici dans une école de théâtre. Les professeurs sont très exigeants et étranges dans les deux films et puis bien-sûr nous retrouvons toutes ces couleurs flashy qui font la force des deux films. Et puis, bien entendu, le film reprend les codes phares du giallo, à savoir les gants en cuir, les meurtres en vue subjective, les gros plans sur des lames qui brillent, du sexe, du gore, des femmes nues sans raison etc. Mais également la musique dont les sonorités sont également volontairement kitch et la mélodie répétitive ; autre marque de fabrique du giallo. "Masks" propose donc une histoire certes maladroite, en plus d'être assez mal rythmée (nous avons en effet de longues scènes inutilement longues) et la fin est plus que too much mais derrière tout ça, il y a de très bonnes idées à souligner et surtout une déclaration d'amour au genre, ce qui fait plaisir à voir dans les années 2010 (et sans pour autant tomber dans quelque-chose de très intello volontairement incompréhensible à l'image des films du couple Hélène Cattet et Bruno Forzani).