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    Ceci n’est pas un film
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    Bruno François-Boucher
    Bruno François-Boucher

    108 abonnés 162 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 mars 2015
    Jafar Panahi est l’un des plus importants cinéastes iraniens, avec Abbas Kiarostami, dont il fut par ailleurs l’assistant. Son premier long-métrage, Le ballon blanc, très attachante histoire d’une petite fille en quête du billet qu’elle a perdu pour s’acheter un poisson rouge, avait été récompensé par la Caméra d’Or au Festival de Cannes en 1995. Mais c’est surtout avec Le cercle (2000), bouleversant film sur la condition des femmes en Iran, qu’il fait preuve d’un immense talent de metteur en scène, œuvre qui lui vaut les foudres de la censure dans son pays. Tous ses films, Sang et or (2003), sur la guerre en Irak, Hors jeu (2006), documentaire traitant lui aussi de la place des femmes en Iran, sont interdits par le régime. Seuls des DVD sont vendus sur le marché noir. Il ne tournera plus qu’un long métrage resté inachevé, après que les gardiens de la révolution aient interrompu le tournage et mis sous séquestre la pellicule. Condamné à l’interdiction durant 20 ans de pratiquer son métier, Jafar Panahi est alors assigné à résidence, risquant de surcroît une peine de 6 ans d’emprisonnement. C’est dans la clandestinité qu’il tourne Ceci n’est pas un film, avec la complicité de son ami réalisateur Mojtaba Mirtahmasb, expérience unique dans l’histoire du cinéma d’un film qui n’existe pas, qui aurait pu être, et qui tente malgré tout de devenir un objet filmé.

    Nous voyons le réalisateur chez lui, amputé de son outil d'expression, se servant tour à tour d'un téléphone mobile, d’une caméra de reportage et d’un écran de télévision dont il extrait des fragments provenant de ses précédentes oeuvres, pour filmer l’impossible d’une création en devenir. Son projet existant sous la seule forme du scénario, le cinéaste nous en offre quelques séquences imaginaires, utilisant son propre appartement pour simuler les décors, ainsi que quelques repérages tournés sur son I-phone. Il nous détaille les plans précis des premières séquences, travellings, gros plans, photos du casting à l’appui, avant de renoncer finalement à aller plus loin, un film n’étant « jamais ce qu’on raconte, mais ce qu’on réalise ». Ceci n’est pas un film devient alors le film de la propre vie de Jafar Panahi, entre conversations surveillées au téléphone, inquiétudes quant aux visiteurs venant frapper à la porte, le tout sous fond de révolte sourde des étudiants qui grimpe peu à peu de la rue.

    L’œuvre est non seulement bouleversante quant à son sujet, mais aussi parce que le réalisateur sait avec un art sans pareil de la mise en scène, captiver l’attention du public pendant 1h 20, avec sa personnalité tour à tour attachante, pleine d’humour, et tentant avec une dignité exemplaire de masquer son désespoir profond. Je n’avais jamais vu un tel film, acte de résistance ultime de la part d’un homme non seulement engagé, mais qui a aussi valeur selon d’exemple pour tous les cinéastes du monde entier. Son courage ne peut qu’inciter au combat pour le changement, il est une formidable leçon d’espérance. Jafar Panahi nous montre que le cinéma est un puissant moyen d’expression que les techniques numériques d’aujourd’hui ne peuvent que renforcer, au-delà de toute interdiction à l’image et à la parole. Dupliqué sur une clé USB et glissée ensuite dans un gâteau, Ceci n’est pas un film a franchi la frontière pour nous parvenir aujourd’hui sur un grand écran dans une copie d’une qualité exceptionnelle.

    Ce film m’a enthousiasmé et bouleversé au plus haut point. Tous les publics peuvent le voir, non seulement comme document, mais aussi comme œuvre d’art, sa galerie de personnages haute en couleurs étant le plus beau des castings : Mojtaba, le complice et caméraman, Iggy, l’iguane de compagnie du cinéaste, le chien de la voisine, l’étudiant qui gagne sa vie en descendant les poubelles et avec lequel le réalisateur prend l’ascenseur, risquant une sortie vers les sous-sols avant d’être stoppé par les grilles d’entrée de l'immeuble.

    Ceci n’est pas un film est un film, le meilleur que j’ai vu depuis longtemps. La classe entière, politique et artistique, doit se mobiliser ainsi que nous-mêmes, spectateurs d’un idéal de cinéma que le confort de nos sociétés, la plupart du temps, ne parvient plus à nous donner.

    Plus qu’un film, Ceci n’est pas un film est un cri dont l’écho continue de résonner au-delà de l’écran, longtemps encore après sa vision.
    Leonblum I
    Leonblum I

    9 abonnés 99 critiques Suivre son activité

    0,5
    Publiée le 27 février 2013
    Je n'ai pas aimé.

    Je ne savais pas que ce serait un documentaire sur un cinéaste cloîtré par son gouvernement - les rushes du documentaires n'ont apparemment pas été redécoupés.
    LaPoesiedAtitla
    LaPoesiedAtitla

    3 abonnés 86 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 26 janvier 2013
    En fait, c'est impossible à noter, car, effectivement, ce n'est pas un film. Ce serait plus un documentaire, un passage dans la peau d'un réalisateur iranien condamné à ne plus filmer, à ne plus sortir de chez lui... et avec ce cinq, je salue surtout son courage.
    Il faut voir ce non-film pour comprendre réellement quelle est la situation, la ressentir de l'intérieur, comprendre à quel point il faut chérir en toute circonstance la liberté d'expression, la protéger. Parce qu'évidemment on connaît un peu tout cela, on en a entendu parler, mais grâce à ce témoignage (qui nous est arrivé paraît-il à travers une clé USB caché dans un gâteau sans quoi cette vidéo n'aurait jamais été diffusé nulle part), on vit.

    Sincèrement, il y a de nombreuses longueurs, j'ai failli lâché plus d'une fois, mais il faut tenir jusqu'au bout, l'oeuvre le mérite et la dernière séquence est absolument perturbante !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 24 mai 2012
    Ce n'est pas le film en lui même qu'il faut noter, mais le message qu'il véhicule. Ceci n'est pas un film, je ne sais pas si l'on pourrait parler de documentaire non plus ...
    Que des hommes comme Jafar Panahi et d'autres aient la force de se battre contre leur régime, passivement, caméra au poing, est une leçon pour n'importe qui, chapeau bas messieurs, vous, qui bravez les interdits, vous qui simplement nous expliqué la difficulté de tourner un film, de vivre, dans de telles conditions. Le cinéma sert à cela, l'entraver ne résoudra pas les problèmes d'un pays totalitaire, la preuve étant là. Bravo.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 059 abonnés 3 967 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 24 mai 2012
    Heureusement qu'il y a Arte pour passer ce genre de films. Le début m'a beaucoup rappelé un film que j'adore : Pater d'Alain Cavalier. En effet on a un type qui se filme entrain de manger. La technique des deux films est un peu la même avec le côté semi amateur, seulement je trouve Pater beaucoup plus intéressant et intelligent.
    En fait, j'ai du mal à éprouve de l'empathie pour Jafar Panahi et ceci pour une raison très simple : le mec il vit dans le luxe, il n'a pas l'air de souffrir de sa condition. Je ne dis pas qu'un riche ne peut pas être malheureux, mais bon.
    Je suis d'accord que peu importe le film 20 ans d'interdiction de travailler et 6 ans de prisons c'est démesuré. Mais pourquoi faire ce film ? Par simple plaisir de braver l'interdit ? Peut-être. D'ailleurs il me semble que c'était Sartre qui disait qu'on n'avait jamais été aussi libre que sous l'occupation, parce que justement la liberté avait un sens (pas que je veuille comparer l'Iran au régime de Vichy).
    Je veux bien croire qu'il a cette envie de parler de son film qu'il ne fera jamais, mais je ne vois pas où il veut en venir.
    Il me semble que Godard disait qu'en France on a le droit au travail, mais que lui on lui refusait le droit de travailler parce qu'il voulait aller filmer dans les usines et qu'il n'avait pas le droit. En repensant à ça, ça m'a fait prendre ce film d'un autre côté. Tout le monde censure. Ce même Godard disait que si un film est produit c'est qu'il est déjà accepté par la société. Je serai honoré si j'étais à la place de ce Panahi, réussir à faire un film non approuvé par la société.
    Après j'ai un peu l'impression qu'il veut jouer au martyr et ça me gène, par exemple lorsque son pote lui dit qu'il n'est pas réalisateur et lui il répond, "oui tu as raison je ne suis même plus réalisateur", ça me semble tellement hors de propos, son pote lui faisait un genre de reproche parce qu'il donnait un ordre et là il le transforme en un moyen de se lamenter sur son sort.
    Je préfère nettement lorsqu'il filme le mec qui vide les poubelles ou la dame qui veut se débarrasser de son chien, là on pourrait se rapprocher d'une expérience à la Cavalier. Mais le côté politique du film me semble manquer de maîtrise et ça me gène, j'ai l'impression que c'est contester pour contester.
    Après le film n'est pas chiant et le voir rejouer les scènes de son film sur son tapis c'est assez intéressant, mais bon. Je reste sur mon impression d'avoir un réalisateur capricieux face à moi.
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 13 octobre 2012
    Ceci n'est pas un film, tentative réussie de faire un film alors qu'il n'en a plus le droit.
    Condamné à 20 ans d'interdiction de faire des films Jafar Panahi aidé de Mojtaba Mirtahmasb décide de filmer le jour du verdict de la cour d'appel. Au cours de cette journée si peu banale au cours de laquelle il aurait pu se passer plein de choses, les deux réalisateurs vont se retrouver a filmer pas grand-chose au bout du compte.
    A défaut de pouvoir réaliser, Panahi nous raconte certains passages d'un film qui ne verra jamais le jour et nous montre des extraits de ses précédents films.
    On attend le verdict, on est prêt a crier a l'injustice, seulement voilà au lieu de parler du problème, il nous filme son reptile se baladant un peu partout, la voisine voulant lui refiler son chien, il regarde la télé.
    L'interdiction est partout, des pages internet sont bloqués, celles accessibles disent que son cinéma est anti-révolution, la télévision annonce que la fête du feu est interdite.
    Mais jamais il ne se plaint vraiment et quand enfin il semble nous parler de ses problèmes avec le jeune homme qui a assisté au raid (il y avait matière à dénoncer un raid injuste avec des détails sur comment c'est déroulé l'incident) il évite soigneusement la dénonciation pour retourner au banal.
    Connaissant Panahi je pense que tout est scripté du début a la fin et plus qu'un appel a l'aide j'ai vu ici une tentative désespérée de faire du cinéma, art qui le passionne comme il nous le rappelle tout le long du film avec ses scénarios et ses dvd.
    Avec toutes les contraintes qu'il avait à surmonter, réussir à faire un film qui n'en est pas un je ne peux que m'incliner
    willyzacc
    willyzacc

    78 abonnés 1 544 critiques Suivre son activité

    1,5
    Publiée le 10 avril 2012
    Un film qui est avant tout un appel au secours d'un réalisateur interdit de faire des films, je soutiens totalement cet effort.. mais le film en lui même n'est vraiment pas passionnant, bouts de scénario lus et scènes de vie quotidienne filmé caméra épaule.. On apprend rien, on ne comprend rien.. Ceci n'est pas un film non..
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 26 mars 2012
    Effectivement, tout est dans le titre.
    C'est une véritable trahison, un hold-up auxquels se livre Jafar Panahi et sa clique : le spectateur qui a payé pour voir un documentaire Arte, et non un film.
    Inutile de parler de la force de l'histoire qu'il a pu connaître : c'est hors-sujet dans une critique de film.

    Cela me rappelle étrangement les étudiants des beaux-arts sans talent qui se contente de donner un coup de pinceau noir sur un tableau blanc et qui attendent que l'on crie au génie. Hé non, tout simplement parce que d'autres y ont déjà pensé, il y a des dizaines et des dizaines d'années.
    Nico2
    Nico2

    84 abonnés 939 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 5 janvier 2012
    Jafar Panahi est assigné à résidence à Téhéran après avoir été condamné à 6 ans de prison et 20 ans d'interdiction de tournage pour "propagande hostile" au régime. Il décide de lire un scénario qu'il a écrit et est filmé par un ami documentariste : Mojtaba Mirtahmasb (arrêté depuis et accusé d'avoir travaillé pour la BBC). Jafar Panahi commence à reconstituer le décor sur le tapis de son salon, il joue les dialogues, il s'arrête... Un scénario doit être filmé, ce que je fais ne sert à rien, se met-il à penser. Ceci n'est pas un film... et si ? Et ce qui est avant tout un bras d'honneur courageux à un régime politique exécrable devient une réflexion artistique sur ce qu'est un film et le cinéma. Réflexion sur l'art, l'objet filmique, le support utilisé, Jafar Panahi dresse un autoportrait en forme de film expérimental tout en dénonçant un régime intolérable, et rien que pour le courage de son cinéaste, ce film est à soutenir et doit être vu par le plus grand nombre.
    alain-92
    alain-92

    318 abonnés 1 078 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 1 novembre 2011
    « Ceci n’est pas un film » … Seul le titre le dit. Avec deux fois rien Jafar Panahi nous livre toutes les clés de son talent et arrive jusqu’à Cannes via une clé USB. Pas un film habituel, mais mais plus que ça une grande leçon de courage ! Chapeau Monsieur.
    http://cinealain.over-blog.com/article-ceci-n-est-pas-un-film-86042775.html
    velocio
    velocio

    1 299 abonnés 3 134 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 28 octobre 2011
    Bon, on est d'accord, les circonstances dans lesquelles ce film a été réalisé portent à l'indulgence. Mais, d'un autre côté, on n'aime pas aller au cinéma pour s'ennuyer. Présenté à Cannes 2011, en séance spéciale, "Ceci n'est pas un film" est un documentaire sur Jafar Panahi, condamné à 6 ans de prison et 20 ans d'interdiction de filmer, contraint de rester chez lui en attendant le jugement en appel et qui, avec l'aide de Mojtaba Mirtahmas, se filme en train de travailler sur son prochain film. Une bonne partie du film est consacrée à des coups de téléphone avec son avocat, une autre bonne partie au récit précis de scènes de ce futur ouvrage. Il nous étonne en proclamant "quand on peut raconter un film, à quoi bon le réaliser". Il s'agit là du dialogue le plus intéressant d'un film, d'autant plus que quiconque s'intéressant au cinéma connait très bien les problèmes qu'il rencontre, donc "à quoi bon voir le film" ?
    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 19 octobre 2011
    Ceci n'est pas un film. Derrière ce titre assez intriguant se cache une montagne d'humour, de réflexions et d'expressions de sentiments fort. A travers ce film, Panahi nous dévoile sa condition de réalisateur incompris, condamné en Iran. Il dénonce, à l'aide de ce film, le système de son pays. C'est un film à voir, absolument, et cela permettrait de changer l'avis du juge sur la sentence adressé à Panahi (20 ans sans tourner un film, écrire un scénario, sortir de son pays et 6 ans de prison tout ça pour un film qui dénonçait la condition des femmes en Iran). Malgré ses quelques longueurs, il s'agit d'un film riche, émouvant et en même temps drôle. Non franchement, allez voir ce "non-film" !
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 16 octobre 2011
    Non ce n'est pas un film, mais il faut le voir. Une journée, la vie d'un réalisateur assigné à résidence dans son (très bel) appartement-prison dans l'attente du résultat de l'appel à une sévère condamnation. Le téléphone, un iguane familier comme un chat, les fleurs à arroser, la voisine et son chien, le ramasseur de poubelles... Dur dur. Alors il fait ce qu'il sait faire à savoir filmer et se laisser filmer par un ami. Qui sera lui aussi condamné...
    Vive la liberté d'expression en Iran !
    islander29
    islander29

    859 abonnés 2 353 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 octobre 2011
    Que fait on quand on est réalisateur et que l'on vous interdit de faire du cinéma....On tourne un film avec les techniques du moment (numériques) (caméra portable, appareil photo) et on le place sur une clé USB pour le faire diffuser...Le résultat est plus qu'honorable et montre la qualité du réalisateur...Tour à tour dans sonn appartement confiné, Panahi nous parle de la vie en Iran, de son procès, de ses projets, de son scénario qu'il commence à partager à l'aide d'un tapis (Lars Van Trier peut se cacher), de ses amis, puis de façon magistrale de la création, d'une iguane de compagnie et de la liberté par l'intermédiaire d'un jeune voisin qui ramasse les poubelles de l'immeuble où Panahi est confiné...Une fin brillante et pleine d'humour, un film court (70 minutes) dont il faut à tout prix profiter cinéphile ou pas....(on peut le devenir)
    anonyme
    Un visiteur
    0,5
    Publiée le 6 octobre 2011
    Derrière un titre racoleur se cache le vide absolu. Aucune réflexion sur la situation actuelle au Liban, Mr Panahi étant bien trop occupé à se filmer le nombril. J'adore cette scène (mais puisque c'est pas un film, ce n'est pas une scène) où le mec photographie ses fleurs pendant 5 minutes. Télérama et compagnie y verront bien évidemment des allégories par centaines. Pour le spectateur ignorant que je suis, ceci est loin d'être un film, en effet... juste affligeant et honteux, lorsque l'on se dit qu'au vu de son sujet, ce non-film aurait pu être fort, s'il avait été produit par quelqu'un de talentueux.
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