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    Les Femmes du Bus 678
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Les Femmes du Bus 678" et de son tournage !

    Un parcours atypique

    Après avoir suivi des études de commerce, Mohamed Diab décroche un premier emploi dans une banque au Caire. Féru de cinéma, le jeune banquier ne cesse d'inventer des sujets de films et de les raconter à ses clients dont certains appartiennent au milieu du cinéma. Vivement encouragé par l'un d'entre eux, Mohamed Diab quitte son métier pour sa passion et vend son premier script en 2004. Il écrit ainsi quatre films puis se lance pour la première fois dans la réalisation avec Les Femmes du Bus 678.

    L'affaire Noha Rushdi

    Les Femmes du Bus 678 ne reprend que des faits réels. Tous les exemples de harcèlement sexuel montrés dans le film sont inspirés de témoignages d'agresseurs, recueillis par le réalisateur. Ce dernier s'est surtout inspiré de l'affaire Noha Rushdi en 2008, qui représente le premier procès pour harcèlement sexuel en Égypte. Victime agressée par un inconnu dans les rues égyptiennes, cette femme a été la première à oser affronter son agresseur et porter plainte contre lui. Elle a finalement réussi à le faire condamner à trois ans de prison. Mohamed Diab aborde cette affaire dans la partie du film qui concerne le personnage de Nelly, interprété par Nahed El Sebaï : "Quand j'ai commencé le script, Noha Rushdi ne voulait plus parler aux médias ; je ne l'ai rencontrée que plus tard, elle a vu le film chez moi, elle était très émue", confie-t-il.

    Premier cri

    Les Femmes du Bus 678 est le premier film en égyptien qui traite le sujet du harcèlement sexuel de manière aussi ouverte. Le réalisateur souligne l'audace de ce parti-pris en citant One-Zero, le film de Kamla Abu Zekry, qui aborde le sujet, mais sans toutefois en faire sa problématique essentielle. Il rajoute : "C'est un grand non-dit, et je le répète, le sujet fait peur !"

    La collaboration avec Bushra Rozza

    Au départ, l'idée de Mohamed Diab était de réaliser un court-métrage se focalisant uniquement sur le personnage de Fayza (Bushra Rozza). C'est grâce aux encouragements de la comédienne Bushra Rozza que le réalisateur transforma son script en long métrage par le rajout des deux histoires de Nelly et Seba. Très intéressée par le sujet, la chanteuse populaire se proposa de produire le film et offrir ainsi l'occasion au réalisateur de passer un message important à travers les destins croisés de trois femmes.

    Bushra, la métamorphose !

    Bushra Rozza est une chanteuse très populaire en Egypte, qui se transforme complètement dans le film de Mohamed Diab. La séduisante chanteuse que les Egyptiens ont connue en paillettes, incarne ici une femme voilée issue d'un milieu très modeste. Le réalisateur affirme que son rôle l'a tellement changée que plusieurs personnes ne l'ont pas reconnue sur l'affiche de Les Femmes du Bus 678.

    La démarche du réalisateur

    Le sujet du harcèlement sexuel est très délicat en Egypte, voilà pourquoi un important travail d'investigation a été nécessaire pour aborder le problème comme il se doit. Le réalisateur Mohamed Diab a suivi de très près le procès de Noha Rochdy, et a également recueilli plusieurs témoignages dans son entourage pour se rapprocher le plus possible de la vision féminine du problème. Il avoue lui-même que sa "plus grande peur était d'écrire un film sur les femmes avec le regard d'un homme".

    Les scènes de harcèlement

    Les scènes de harcèlement sont des scènes clés qui scandent Les Femmes du Bus 678 et consolident le lien entre les destins croisés des trois personnages principaux. Pour la partie du film qui concerne Nelly, l'agression filmée est très proche de celle qui s'est déroulée dans la réalité. Quant à la scène où le personnage de Seba se fait attaquer à la sortie du stade, après la victoire de l'équipe de foot d’Egypte, il a fallu faire venir une doublure. Le mari de l'actrice Nelly Karim a, en effet, refusé que sa femme prenne le risque de tourner une scène pareille. Le réalisateur rapporte que, ce soir là, la foule réunissait des millions d’Egyptiens, et qu'au bout de cinquante mètres de marche, l'actrice a commencé à se faire réellement agresser. C'est finalement l'acteur Ahmed El Fishawy qui a laborieusement réussi à la sauver.

    Le choix de différents milieux sociaux

    Chacune des trois femmes appartient à un milieu social différent de l'autre. Le réalisateur Mohamed Diab justifie son choix par sa volonté de minimiser les critiques en réunissant tous les milieux sociaux avec leurs différences. Il suit donc les parcours respectifs de Fayza, une femme voilée qui vient d'un milieu très modeste, Seba, une bourgeoise qui peut se permettre de vivre seule, et Nelly, qui incarne la jeunesse révoltée.

    Les causes du fléau

    Mohamed Diab se défend des interprétations de son film qui voient dans l'Islam une cause du harcèlement sexuel en Egypte. Le metteur en scène, étant lui-même musulman pratiquant, montre que les pays qui souffrent le plus de ce fléau sont l'Inde et le Mexique, et que le point commun entre ces pays et le sien reste l'économie, pas la religion. Par ailleurs, il explique l'attitude des personnages masculins dans le film comme Sheriff, le mari qui refuse de voir sa femme après son agression, par le côté traditionnel : "Là encore, cela n’a rien à voir avec l’Islam, mais remonte à une tradition plus ancienne. L’image de la masculinité est faussée, déformée. Rien ne doit arriver à votre femme, même si ce n’est pas de sa faute."

    Les réactions en Egypte

    Le film de Mohamed Diab a suscité plusieurs débats. Certains continuaient à nier la situation, et d'autres étaient soulagés de voir leurs peines libérées grâce au cinéma. En s'attaquant à un sujet aussi épineux, le réalisateur a dû affronter plusieurs procès dans lesquels il était accusé, entre autres, d'appel à la violence et d'atteinte à l'image du pays. On a même tenté de lui interdire l'exportation du film, mais il a gagné tous les procès.

    Quand le militant prend la caméra

    En Egypte, Mohamed Diab est plus connu comme militant que comme cinéaste. Son rôle sur Twitter et Facebook pendant les manifestations lui a même valu un "Webby Award" comme récompense. Toutefois, le réalisateur considère qu'il est encore trop tôt pour faire un film sur la Révolution, qui n'est en réalité qu'un mouvement inachevé. Il préfère ainsi se centrer sur un projet qui attise la flamme révolutionnaire à partir de faits concrets touchant le quotidien des gens.

    Les influences du réalisateur

    Tout au long du film, les parcours des différents personnages ne cessent de se croiser. Le réalisateur justifie cette approche par son penchant pour la structure des films de la "nouvelle vague mexicaine" et en particulier ceux d'Alejandro González Inárritu. Concernant ses influences, il cite encore des réalisateurs comme Walter Salles, Fatih Akın, Terrence Malick ou Quentin Tarantino.

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