A la fois fiction, par son côté narratif, et documentaire, par son côté pédagogique, La Rizière se définie comme un long-métrage se situant à la frontière de ces deux genres, comme le confie la réalisatrice Xiaoling Zhu : "François Truffaut disait que dans tout bon film, il y a un documentaire. C'est très juste. Je crois que c'est le côté authentique et sincère du film qui fait que certains spectateurs peuvent penser à un documentaire. Pourtant, avec Simon Pradinas, mon co-scénariste, nous sommes vraiment partis avec l'idée de faire une fiction, laquelle devait rester proche du réel."
Faisant parti de la cinquantaine de minorités recensées en Chine, le peuple Dong, du haut de ses trois millions d'habitants, vit dans les montagnes du Sud-Est de la Chine depuis plus de treize siècles et vivait jusqu'alors en autarcie complète, cultivant riz et légumes. Bien que bon nombre d'entre eux conservent coutumes et croyances de l'époque, la vie moderne, agrémentée de ses moyens de communication et son phénomène de consommation, gagne peu à peu leur territoire, lequel s'étend sur près de 30 000 kilomètres carrés.
Il s'agit du tout premier long-métrage réalisé par la cinéaste chinoise Xiaoling Zhu. Auparavant, elle signa plusieurs courts-métrages, dont Tangka au Tibet (1997), tous résonnant comme de véritables hymnes à la nature.
Tous les comédiens du film sont non-professionnels. Une volonté de la part de la réalisatrice Xiaoling Zhu : "Je ne voulais pas engager d'acteurs professionnels, car aucun n'aurait pu reproduire les gestes des paysans qui cultivent le riz depuis toujours, l'un des aspects les plus importants du film."
Ayant grandi à la campagne, au bord des rizières en compagnie de nombreux paysans, la réalisatrice Xiaoling Zhu a confié que le personnage de la petite fille reflétait quelques pans de son enfance : "Je connais très bien cette façon de vivre. J'ai été élevée jusqu'à dix ans par une vieille tante qui ressemblait à la grand-mère du film, j'ai aussi écrit mon journal intime... Depuis toujours, je rêvais de faire un film avec ces villageois dans ces magnifiques paysages."
La Rizière est le tout premier film tourné en langue Dong, un patois venu du Sud de la Chine et parlé par près de trois millions d'habitants.
La séquence se déroulant devant la tombe de la grand-mère n'a pas été de tout repos pour la jeune comédienne débutante Yang Yinqiu. En effet, après plusieurs prises ratées, un assistant Dong, peu convaincu par la prestation de la petite actrice, n'a pas hésité à se fâcher jusqu'à lui faire tirer les larmes afin qu'elle prenne un air plus triste. La prise suivante était la bonne !
Une grande partie du petit village, dans lequel l'équipe de production avait posé ses bagages, a été décimée par un incendie. Un incident malheureux qui a obligé les deux scénaristes, Xiaoling Zhu et Simon Pradinas, à modifier le scénario du film.
Le compositeur de La Rizière n'est autre que le français Bruno Coulais à qui l'on doit notamment les bandes originales d'odes à la nature comme Microcosmos, le peuple de l'herbe (1996), Himalaya, l'enfance d'un chef (1999), Le Peuple migrateur (2001), La Planète blanche (2006) ou encore Océans (2010).
Yang Yinqiu, la jeune comédienne principale du film, devait cumuler ses journées de tournage avec ses journées d'école, et surtout, continuer à obtenir de bonnes notes sous peine "de se faire gronder" par son père.
Sélectionné dans de nombreux festivals comme ceux de Cannes, Stockholm, Nantes, Londres, Evreux et Verneuil-Mureaux, La Rizière s'est vu décerné la "Mention Spéciale du Jury" du festival Olympia, le "Prix du Public" du festival de Tours ainsi que le prix de la "Meilleure Photographie" lors du Charity Festival de Monaco.
La cinéaste chinoise Xiaoling Zhu a fondé en 2010 la société Orient Studio Productions en compagnie de Jean Trégomain, déjà producteur exécutif de films atypiques comme Himalaya, l'enfance d'un chef (1999) ou encore Le Peuple migrateur (2001), et Simon Pradinas, auteur d'un ouvrage sur le peuple Dong.