Avec Iron Man 3, la phase 2 de Marvel (qui se soldera par la sortie d’Avengers 2) s’était entamée sous les meilleurs augures ! Et pour cause, le 3ème opus orchestrée par Shane Black s’est présenté comme un carton (aussi bien critique que commercial). Renforçant ainsi la pression sur Thor 2 et Captain America 2, dont les premiers films n’ont pas vraiment marqué les esprits. Surtout Thor ! En effet, bien que le long-métrage de Kenneth Branagh ait donné des visages aux personnages et des images à l’univers des comics, ce dernier s’était montré bancale, mou du genou et avait un petit côté téléfilm. Autant dire que l’on n’attendait pas grand-chose de sa suite. Résultat ?
Comme pour Iron Man 3 (et cela sera le cas pour Captain America 2), Thor : le Monde des Ténèbres fait suite aux événements d’Avengers : le Tesseract est mis à l’abri, Loki est enfermé dans les cachots d’Asgard pour ses mauvaises actions, Jane Foster attend toujours le retour de Thor qui a bien changé (moins prétentieux et vantard qu’auparavant), allusions à l’attaque des Chitauris à New York, Erik Selvig qui n’a pas recouvré… Tout y est repris (sans qu’il y ait surdose) ! Et tout semble reprendre son cours (notamment avec Thor qui permet aux 9 Royaumes de reprendre confiance en Asgard). Jusqu’à ce que revienne sur le devant de la scène Malekith, leader des Elfes Noirs (espèce normalement éteinte) qui tente de récupérer un pouvoir que vient de retrouver Jane Foster et qui s’est réfugié en elle.
Tout un programme pour ce Thor 2, qui délaisse délibérément le côté shakespearien du premier film. Plus exactement, cette suite se situe dans la lignée d’Avengers en étant dans la continuité scénaristique de ce dernier (des héros tentant de mettre fin de méchants qui veulent détruire l’univers via une « arme » absolue) sans se préoccuper des liens père / fils (déjà établis dans Thor premier du nom). Avec ce second opus, Marvel et Alan Taylor (réalisateur et producteur de la série Game of Thrones) nous entraîne dans un enchainement de séquences d’action qui vont tisser des liens entre chacun des personnages. Et si certaines répliques et séquences romantiques sonnent faux (clichées, plus exactement), il faut bien avouer que l’on s’intéresse facilement à ce qui se passe dans le film et que l’on ne s’en détache à aucun moment. Même si les relations entre les protagonistes ne sortent pas du lot. Enfin, c’était sans compter sur le traitement scénaristique de Loki, qui, encore une fois, pique la vedette à tous les autres. Étant simplement le méchant le plus charismatique des films Marvel (le personnage ayant un fond jamais égalé).
En même temps, le personnage est pleinement aidé par la prestation de Tom Hiddleston, acteur tout bonnement génial qui ressort toute la complexité de son rôle (beau parleur ambitieux qui cache en lui une profonde douleur qui le rend ainsi compréhensible et attachant malgré ses actes). Franchement, si un spin-off se fait avec Loki comme héros, ça serait génial ! Et grâce à lui, il nous tarde franchement de voir Thor 3 ! Un comédien qui supplante aisément un casting qui reprend les mêmes interprètes de la saga. À savoir Chris Hemsworth (Thor) qui se trouve décidément à l’aise dans l’armure guerrière du dieu nordique. Natalie Portman (Jane Foster) surjoue moins que dans le premier film, allant même jusqu’à se montrer véritablement crédible (mais toujours pas naturelle dans les scènes romantiques). Anthony Hopkins (Odin) a déjà fait mieux. Idris Elba (Heimdall) possède un charisme fou. Stellan Skarsgård (Erik Selvig) n’a plus rien à prouver. Tandis que les seconds couteaux (Kat Dennings, Ray Stevenson, Jaimie Alexander, Zachary Levi et Rene Russo) sans sortent malgré le fait que leurs rôles soient sous-exploités. Malheureusement pour le petit nouveau (Christopher Eccleston, jouant l’Elfe Malekith) n’est pas un antagoniste fort mémorable. En même temps, qui peut faire mieux que Loki sur ce point ? Franchement !
Des nouveautés par rapport au premier opus ? Ah ça, et pas qu’un peu ! Et cela, nous le devons au réalisateur Alan Taylor. On sent également que ce dernier traîne derrière lui un parcours dans la série Game of Thrones, tant Thor 2 tend plus faire l’heroic fantasy que le film de super-héros. Notamment avec ces décors assez médiévaux d’Asgard (délaissant le côté high-tech du premier film). Cela change grandement et apporte beaucoup de style à cette suite. Donnant même souvent à cette suite de grands airs à la Star Wars (avec ces vaisseaux, les décors d’Asgard qui rappellent Naboo et les bruitages signés par l’équipe de Skywalker Sound) et à la Stargate (certains décors et costumes, sans compter l’attaque des Elfes Noirs à Asgard). Ajoutez à cela un rythme tenu de bout en bout et un humour parfois ravageur (le caméo de Stan Lee et un autre dont je tairais le nom, le coup du porte-manteau, la folie de Selvig…) et vous obtenez un blockbuster signé Marvel d’excellente facture.
Après, on peut se montrer déçu face à quelques défauts qui subissent la comparaison avec Avengers. À savoir un final qui se présentait comme une nouvelle invasion dévastatrice mais cette fois-ci à Londres. Malheureusement, cette séquence n’arrivera jamais à la cheville de celle d’Avengers question efficacité et spectaculaire. Il faut dire aussi qu’Alan Taylor n’est pas le meilleur réalisateur pour filmer les séquences d’action. Si ces dernières possèdent un certain panache, c’est plutôt grâce au montage énergique et non à ces plans un peu trop calmes où l’on voit des gens se battre. Et puis, les effets numériques n’ont pas le même calibre que le film de Joss Whedon. Si la majorité sont dans la moyenne, certains (comme de la fumée, quelques monstres, tout ce qui touche le « pouvoir » appelé Ether et des décors de fonds) ne se montrent pas vraiment réalistes (trop numériques pour passer inaperçus).
Malgré ses quelques défauts, Thor : le Monde des Ténèbres a le mérite d’atténuer nos craintes. Celles de croire qu’il n’y avait qu’Iron Man qui pouvait assurer une aventure en solo. Ce qui laisse envisager le meilleur pour la phase 2 de Marvel, et notamment pour Captain America 2 (dont la bande-annonce laisse présager un film d’action de grande envergure) et Avengers 2 (qui se fait franchement attendre). Sans oublier Les Gardiens de la Galaxie, qui commence à voir le jour via l’un des séquences bonus du générique de fin (avec Benicio del Toro !). Un divertissement à grand spectacle de très bonne qualité et sans prétention. Ce que le 1er opus aurait dû être !