J'ai bien aimé. Ce film autrichien donne à percevoir la réalité autrement, à un rythme plus lent, dans un esprit assez détaché, en compagnon du silence, dans son intériorité propre. Certes, le contexte n'est pas des plus gais: prison, gosse orphelin en quête de conditionnelle, pompes funèbres, étouffement en vase clos, absurdité de la répétition. On le cherche, ce souffle, on le quête, ce nouveau départ. Arrive-t-il? Malgré la rudesse du cadre, des coïncidences un peu grosses et la gaucherie parfois irritante du protagoniste, aucune lourdeur n'affecte le récit, d'une pauvreté plutôt apparente. On avance insensiblement sur l'étrange chemin de «Kogler» (Roman), incarné par un Thomas Schubert plus complexe que son impassible visage ne le donne à penser: à la fois abattu et en attente, paumé et décidé, désorienté et têtu, broyé mais résistant. Les séquences de piscine, certes métaphoriques, peuvent tromper sur l'essence de l'histoire (elles n'occupent qu'une courte place). ATMEN marque avant tout par son ton sec et par sa discrète délicatesse, dénuée d'afféterie. Pourtant, l'âpreté globale de l’œuvre ménage un rayonnement de vérité humaine émancipateur.