Avé est teinté de la propre existence du metteur en scène Konstantin Bojanov. Il relie en effet deux événements de sa vie à l'histoire de ce film : sa fascination secrète pour une fille, l'année de ses 17 ans, et le suicide de l'un de ses camarades de classe deux ans plus tard, qui l'a poussé à entreprendre un long voyage en stop pour aller à son enterrement.
Malgré sa nationalité bulgare, le film existe grâce à un producteur français ! Il n'a fallu qu'un synopsis de deux pages à Konstantin Bojanov pour convaincre Geoffroy Grison, coproducteur hexagonal, de soutenir Avé. Du premier scénario au tournage, deux ans et demi ont été nécessaires pour mettre en scène ce road-movie.
Menant une vie de nomade entre plusieurs endroits du monde (New-York, la Bulgarie, l'Afrique du Nord, etc.), Konstantin Bojanov est un grand voyageur. C'est dans cette mesure qu'il a voulu faire d'Avé un road movie initiatique. Il a d'ailleurs pioché ses influences dans quelques grands films du genre, tels que Profession : reporter de Michelangelo Antonioni, L' Epouvantail de Jerry Schatzberg, Cinq pièces faciles de Bob Rafelson ou, dans un autre registre, La Vie rêvée des anges d’Erick Zonca.
La jeune interprète du personnage d'Avé Anjela Nedyalkova fut, à l'origine, auditionnée pour un petit rôle dans le film. Attendue au rendez-vous de la directrice de casting, elle ne vint jamais. Ce n'est qu'après 6 mois de casting, et devant l'impossibilité de trouver une actrice convaincante pour le rôle, que Konstantin Bojanov décida de recontacter la jeune fille, convaincu de son potentiel. Après de multiples recherches, il la retrouva par hasard dans un café et lui proposa un nouveau rendez-vous. Elle ne vint toujours pas. Ce n'est qu'à la troisième rencontre inopinée qu'il réussit à la convaincre de tenir le rôle. Le réalisateur, inquiet de la capacité à disparaître de son actrice, lui attacha un bracelet GPS à la cheville !
Le travail sur la lumière fut primordial pour Konstantin Bojanov, également plasticien. Il s'intéressa particulièrement à l'étalonnage, avec son chef opérateur Nenad Boroevich, pour que les couleurs du film passent doucement d'une certaine sobriété assez froide à des tonalités plus chaudes, suivant ainsi l'évolution de l'état d'esprit des personnages.
Là où la moyenne du nombre de plans d'un long-métrage est de 1000, Avé n'en comporte que 247 ! Une économie qui s'explique par la volonté du cinéaste à garder une certaine fluidité dans son road-movie.
Econome dans ses plans, Konstantin Bojanov l'est également pour la musique ! Son film ne comporte en effet que deux petits morceaux : un air de piano solo joué et composé par Tom Paul, et un morceau acoustique signé Marc Ribot, déjà derrière la partition des Infiltrés de Martin Scorsese.
Avé a beau se dérouler en Bulgarie, il était hors de question pour Konstantin Bojanov de signifier trop lourdement un contexte social ou géographique, voulant son histoire la plus universelle possible. Néanmoins, le tournage dans son pays d'origine lui a permis de redécouvrir les endroits très lointains de son enfance et de son adolescence.
Alors que Konstantin Bojanov était en train de penser à une adaptation contemporaine du "Crime et châtiment" de Fyodor Dostoyevsky, un ami qui l'a convaincu de revoir ses ambitions à la baisse, et de réaliser un film plus simple pour son premier long-métrage, en essayant de baser son histoire sur ses expériences personnelles. Ainsi est né Avé.