70, comme le nombre de scénarios qu'a reçu sur son bureau le réalisateur Joachim Trier après sa première réalisation, Nouvelle donne (2006). Pas de quoi chambouler le cinéaste norvégien, qui a décliné toutes les offres dont certaines provenaient de grandes maisons hollywoodiennes : "Jouer avec le matériel de quelqu’un d’autre ne me convient pas, même si c’est pour devenir plus célèbre ou gagner plus d’argent. En ce moment, je peux encore tourner en Norvège donc j’en profite", explique-t-il.
Certains acteurs de Oslo, 31 août ont conservé et attribué leurs vrais prénoms aux personnages qu'ils interprètent dans le film. Une anecdote amusante que développe le réalisateur Joachim Trier : "Cela semble un peu pervers, mais c’était plutôt pour garder un aspect documentaire et non pas symbolique ou allégorique. Ce n’est pas une démarche d’observateur naïf : je voulais provoquer les choses et les confronter à la réalité. Lorsque j’ai tourné dans la rue, je laissais les gens marcher et réagir spontanément, je voulais capter l’interaction entre Anders et les passants, l’environnement, la nature, etc."
Le réalisateur Joachim Trier a écrit et développé le personnage d'Anders uniquement pour le comédien Anders Danielsen Lie qu'il avait déjà dirigé sur son premier en film en 2006, intitulé Nouvelle donne.
Joachim Trier n'a pas choisi le titre de son film par hasard. Le metteur en scène norvégien s'est en effet inspiré du titre d'un film français d'Olivier Assayas : "L’un de mes titres de films préférés est Fin août, début septembre. En plus, le 31 août marque la fin de l’été en Norvège, les beaux jours sont finis, l’automne approche et puis c’est l’hiver, sombre et froid [...] Ce titre est une invitation claire lancée au spectateur : vous allez vivre une journée dans la vie du personnage !", confie le cinéaste.
Le film de Joachim Trier nous montre un personnage principal (dé)bordé par la solitude, un thème apprécié du réalisateur depuis toujours : "Je suis intéressé par la métaphore sur la solitude, qui nous concerne tous. Beaucoup de gens ont fait l’expérience de la solitude, du sentiment d’être perdu, par exemple après un chagrin d’amour, une crise professionnelle, la perte de quelqu’un. On se sent alors vulnérable et on est confronté à des interrogations existentielles. Le cinéma français a souvent évoqué la solitude : Robert Bresson avec Mouchette et Pickpocket, ou encore Cléo de 5 à 7, d’Agnès Varda, qui est l’un de mes films préférés", nous renseigne le metteur en scène, montrant par la même occasion à quel point il a été influencé par le cinéma français.
Oslo, 31 août s’intéresse particulièrement à la réinsertion des anciens drogués. Un sujet de société tabou et pourtant toujours d'actualité tant les trafics illicites redoublent d'intensité en Norvège : "J’ai fait beaucoup de recherches sur les drogués et sur la manière dont ils tentaient de se réinsérer dans la vie. A ce moment-là, ils sont aussi vulnérables qu’un bébé : ils naissent une seconde fois à la vie, ils n’en comprennent pas le fonctionnement, sauf qu’ils sont adultes et n’ont pas l’excuse de la jeunesse. En Norvège, l’addiction à la drogue comme la cocaïne et l’héroïne - contrairement à l’alcoolisme - est encore tabou, notamment chez les gens de la classe moyenne. La honte de soi est très forte et les cas de double vie courants", d'après Joachim Trier.
Le film s'inspire d'un roman de l'écrivain français Pierre Drieu La Rochelle, intitulé Le Feu Follet et édité en 1931. Un livre apprécié du réalisateur Joachim Trier : "L’intemporalité de cette histoire m’a séduit. C’est l’essence même de l’art de traiter d’un sujet qui résonnera à travers toutes les époques. Les thèmes du roman sont toujours pertinents et contemporains."
Oslo, 31 août a été présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2011, dans la catégorie "Un certain regard".