Tout auréolé de sa légitimité théâtrale (après le succès, entre autres, du "Jeu de la Vérité"), Philippe Lellouche a réussi à se faire allouer un budget pour réaliser un film… sur ses vacances d’enfance ! Une idée pas forcément moins bonne qu’une autre mais qui prend le risque de ne pas emporter l’adhésion d’un public pas forcément passionné par ce genre de sujet. Car, et c’est le premier problème de "Nos plus belles vacances", Lellouche, malgré toute sa bonne volonté, n’a pas grand-chose à raconter. Le scénario est, ainsi, une succession de mini-intrigues ("intrigue" étant, ceci étant dit, un terme très élogieux ici), parfois mignonnes, parfois sans intérêt, qui tentent d’apporter un peu de consistance à une histoire très faiblarde et, surtout, qui souffrent d’un invraisemblable manque de subtilité. On se demande d’ailleurs comment un scénario aussi caricatural a pu ne pas être retoqué avant le tournage ? Rien n’est épargné aux spectateurs des paysans bretons bourrus avec un accent épouvantable se méfiant des Parigots au Juif qui ne peut s’empêcher de faire des affaires même en vacances, en passant par le flirt de jeunesse transformé en vil tentateur d’un mariage qui bat de l’aile. Les tentatives de Lellouche pour venir désamorcer ces clichés (les Bretons sont finalement et vont accepter les vacanciers, Claude balaie une remarque sur les Juifs et l’argent avec une réplique savoureusement ridicule, le tentateur n’arrivera pas à ses fins…) s’avèrent particulièrement vaines tant son film est englué dans une vision terriblement manichéenne de la campagne. Et c’est peu de dire qu’on se fout complètement du sort des personnages et de leurs problèmes, tant ses histoires sont imbriquées sans la moindre cohérence, ni même le moindre souci de structure. Cette intrigue aurait cependant pu être rattrapée par une mise en scène de qualité. Malheureusement, Philippe Lellouche n’a pas l’étoffe d’un grand réalisateur et sa mise en scène souffre d’un manque total d’originalité et d’un rythme franchement inégale, qui vient plomber un peu plus son film. Et ce n’est pas sa tendance à se reposer sur les hits musicaux de l’époque ("10 ans plus tôt" de Sardou, "Vanina" de Dave…) qui vient le sauver. Heureusement, "Nos plus belles vacances" dispose d’un atout non négligeable : son casting. Lellouche a réuni ses complices habituels (qui, à défaut de bénéficier de personnages intéressants, parviennent à communiquer leur complicité et leur bonne humeur aux spectateurs. On retrouve ainsi Philippe Lellouche lui-même en mari infidèle, Christian Vadim en benêt à moustache, Vanessa Demouy en épouse docile (et un peu transparente) et David Brécourt en méconnaissable idiot du village (sans oublier son frère Gilles Lellouche qui assure, sans trop pousser, la voix-off). On s’étonnera que les rôles les plus intéressants aient été distribués aux acteurs extérieurs à la troupe du réalisateur, que ce soit Gérard Darmon et son numéro habituel d’aîné charismatique, Julie Gayet en épouse trompée, Nicole Calfan en belle-mère râleuse ou encore Jackie Berroyer en prétendant atypique. Les quelques jolis moments du film, ainsi que les quelques séquences amusantes, sont donc dus exclusivement aux prestations de ces acteurs (mais aussi des gamins, très bien) et parviendrait presque à rendre le film acceptable. Presque…