Bien que s’inspirant de l’histoire familiale des Lellouche, "Nos plus belles vacances" a comme un petit air de déjà-vu. Personnellement, un vague parfum de "Le cœur des hommes" m’est revenu, en moins bien. La caractéristique de "Le cœur des hommes" est que les acteurs ne jouaient pas mais étaient leurs personnages, faisant ressortir du récit une grande véracité au cours de l’ouverture de cette fenêtre sur un moment précis de leur vie. Philippe Lellouche a essayé d’en faire autant, malheureusement noyé dans un océan d’incertitudes, des incertitudes provoquées par sa toute première réalisation, laquelle a été amenée par quelque chose de vraiment très personnel. Je vous laisse le soin de découvrir de quoi il s’agit précisément dans les anecdotes de tournage. Direction est prise donc sur Le Rocher Abraham, un lieu-dit de St-Pierre-de-Plesguen (35, département de l’Ille-et-Vilaine) qui a marqué l’enfance du cinéaste. Celui-ci opère donc un retour en l’année 76, année au cours de laquelle on retrouve les voitures d’époque dont l’état en ferait pâlir d’envie tous les amateurs des carrosseries mythiques des années 70 : ça va de la R12 break à la 304 cabriolet, en passant par la R8 et même un vieux Massey Ferguson. Mais nous ne les voyons qu’assez peu finalement. Les costumes finissent de compléter une bonne reconstitution de l’époque, jusque dans la tignasse décolorée portée par Gérard Darmon. La route est épique, et déjà "Nos plus belles vacances" ne s’annoncent pas sous les meilleurs auspices. Il m’est même venu en tête que nous n’avions pas la même définition des plus belles vacances ! Mais je me suis souvenu aussi que les galères vécues durant ce toujours trop court laps de temps laissent des souvenirs impérissables… pour ensuite en rire des mois voire des années plus tard avant de se transformer en une certaine nostalgie. C’est exactement selon le concept des vacances marquantes que démarre ce film : des prises de tête, des incompréhensions et une multitude de petites choses vont occuper une grande part de ce qui devait être un moment de détente et de repos, lequel va se conclure tout de même sur un happy end. "Nos plus belles vacances" est donc un long métrage sur les valeurs humaines, sur les différences des uns et des autres. Des différences de point de vue, des différences sur la perception des choses, enfin tous ces petits détails qui peuvent rendre la vie en communauté aussi bien idyllique qu’infernale. Malheureusement, ça ne fonctionne pas vraiment. La faute en revient en partie aux clichés sur les juifs et les bretons, et plus précisément au portrait rustre dressé à propos des bretons. Cela est nettement visible à travers le trio formé par Alexandre Brasseur / Bruno Lochet / David Brécourt, un trio qui en fait beaucoup trop chacun dans sa partie, le premier en rustre brut de décoffrage, le second avec son sempiternel air innocent rendu célèbre par "Rien à déclarer", et le troisième en idiot du village. Tout ça pour dire que ce film manque cruellement d’authenticité. Un comble pour une petite comédie dramatique qui se voulait près de la vérité ! D’autant que les dialogues manquent de profondeur. Je ne sais pas vous, mais moi j’ai eu l’impression que le récit ne va jamais jusqu’au fond des choses, et c’est là une autre partie du pourquoi ça ne fonctionne pas. Ensuite, on voit bien que Philippe Lellouche était perdu dans ses incertitudes, laissant grosso modo ses acteurs se débrouiller selon leur propre ressenti. Résultat : orphelins de toute direction d’acteurs, les comédiens semblent livrés à eux-mêmes, errant sans savoir où aller au milieu de répliques que je juge d’anorexiques par le manque de profondeur. Et si je les juge ainsi, c’est parce que j’ai pris après coup un peu de recul pour considérer cette œuvre dans son aspect général. Après, on pourra critiquer autant qu’on veut que Philippe Lellouche se soit réservé le rôle du mec con qui se rachète en endossant ensuite le plus beau rôle, mais que voulez-vous : si les choses se sont passées ainsi, hein… il n’y a rien à redire. Vous me direz, en me lisant, qu’il n’y a pas grand-chose de terrible dans tout ça. Non, c’est vrai. Mais je dois ajouter que la morale est finalement sauve, en évoquant l’humilité et en accordant aux choses essentielles de la vie la place qu’elles méritent. Des éléments qui parleront tout de même un peu à certains d’entre nous si on y est sensible. Dommage que le discours reste trop superficiel, en tout cas trop peu inspiré, tant dans les dialogues que dans le jeu d’acteur pour que ce long métrage emporte l’adhésion de tous. Un 2,5 qui peut paraître un poil généreux, même si je dis que Philippe Lellouche sentait qu’il ne savait pas faire, mieux valait confier la réalisation et la réécriture du scénario à quelqu’un de plus. D'autant qu'il a fait l'impasse sur la terrible canicule de cette année-là, se contentant seulement de l'évoquer. Une faute quand on sait que les fortes chaleurs insupportables influent sur le comportement des personnes, tant physiquement que psychologiquement. Et cella aurait permis d'expliquer les susceptibilités de chacun. Enfin bon, c'est raté, c'est raté, que voulez-vous que je vous dise ? Enfin disons plutôt que le cinéaste n'a pas réussi son coup.