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Ewen Blake
158 abonnés
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2,0
Publiée le 14 juin 2021
On retrouve beaucoup de défauts propres aux mauvais documentaires dans Economics of Hapiness : une constante musique "émouvante" en back ground, des flash back au ralenti illustrant des discours catastrophistes et des intervenants aux prises de parole aussi courtes et empruntés de certitudes que les citations philosophiques du mur Facebook de ma tante Jeanine...
Les choix d'intervention (le coeur du documentaire) sont souvent discutables. Trop souvent les conseils donnés sont creux ou populistes (grandmas university). On se contente d'énoncer des banalités dans lesquelles on se perd (le passage autour de la 37e min n'a juste aucun sens). Le discours est même parfois complètement hors de propos : on nous "apprend" par exemple que l'économie de marché entraîne une augmentation des conflits ce qui est complètement faux, l'humanité n'a jamais connu de période aussi pacifique qu'à notre époque. On nous soutient également que l'industrie nucléaire n'existerait pas sans l'économie de marché... les russes sont contents d'apprendre qu'ils ont attendu la chute du bloc soviétique avant de développer la puissance de l'atome... Il faut pourtant reconnaître à Economics of Hapiness que les questions posées sont souvent pertinentes : la sensation de ne pas avoir de temps, la perfectibilité des indicateurs utilisés pour gouverner (le PIB plutôt que l'IDH ou le GPI (Genuine Progress Index du Bhoutan). On aborde aussi une problématique essentielle : la baisse du bonheur dans les sociétés occidentalisées. Tous les ans depuis 1945 on demande ainsi aux américains s'ils sont heureux. Depuis un pic atteint en 1956, la diminution est mesurée mais constante. Le documentaire fait un lien avec la consommation et la pression exercée sur nous pour avoir plus gros, plus beau, plus performant alors que ce message ne nous rend pas heureux, au contraire la comparaison est destructrice car on trouve toujours mieux ailleurs ou plus tard. Economics of Hapiness est divisé en de nombreux chapitres évoquant autant de thèmes. Le problème c'est qu'à vouloir couvrir un spectre aussi large en si peu de temps on s'éparpille sans développer en profondeur les sujets évoqués. Pire très peu de solutions convaincantes sont données. Il y a également une vraie déresponsabilisation des téléspectateurs. Par exemple sur le système économique qui favorise les multinationales au détriment des petites structures on évoque à peine le rôle du consommateur (notre rôle) qui est énorme ! Personne ne nous force à avoir dans nos armoires 4 Lewis, quand vraiment nous pourrions nous contenter de 3 jeens équitables. Et plutôt que creuser sur ce sujet on énonce clairement "qu'il y a des limites à ce que nous pouvons faire" et d’enchaîner sur les vrais coupables que seraient les institutions et les multinationales. C'est populiste et déresponsabilisant. Chacun est libre d'acheter ce qu'il veut et à l'heure actuelle il est difficile d'ignorer que l'énergie d'EDF vient de centrales nucléaires et que les Nike sont fabriquées par des ouvriers payés une misère. The economics of hapiness est plus convainquant sur ses critiques de la finance (mais qui ne l'est pas) quoique là encore à de trop rares exceptions près (la séparation des activités de spéculation VS banque de détail) cela manque de précisions et d'exemples concrets. Ceux-ci sont pourtant connus : manger bio, local et moins de produits animaux, économiser l’énergie, choisir un fournisseur d’électricité renouvelable, choisir une banque qui n’a pas de filiale dans les paradis fiscaux et ne spécule pas sur les marchés, systématiquement recycler, réutiliser, réparer, composter, acheter moins et mieux (des produits fabriqués localement et/ou dans des conditions sociales et environnementales satisfaisantes / équitable). Malgré tous ces défauts, il est nécessaire de rappeler que l'heure que vous consacrerez à Economics of Hapiness vous sera plus utile et enrichissant qu'un épisode de GOT ou de Secret Story