Le meilleur thriller depuis J’ai rencontré le diable est norvégien et n’aura jamais été distribué en salles francophones. Dommage que les distributeurs n’est pas accordé plus de crédit à un film certes un brin fantasque mais oh combien efficace. Alors que Scandinavie ne rime plus qu’avec auteurs de polars à succès, mais aussi avec cinéma d’une redoutable efficacité, l’heure est à l’analyse d’un film très particulier, dans son forme, alors que le fond, lui, semble très conventionnel. Un criminel en rencontre un autre, plus violent, plus fort et mieux entraîné. Ajoutons à cela les femmes, la rigueur norvégienne et une tendance jouissive à une violence pleinement assurée.
Oui, Headhunters est un film violent, sanglant, mais il est aussi le fruit du travail du formidable romancier qu’est Jo Nesbø, plus connu dans le série de romans mettant en exergue son fameux inspecteur Harry Hole. Ici, la police est cachée derrière le crime, prenant la place d’une institution courant derrière le lièvre qu’incarne les voyous, mais toujours en quête de renommée. La renommée, justement, sera l’une des clefs du récit de Nesbø et du cinéaste à la barre, une parenthèse d’importance qui permettra à l’anti-héros de voir venir son calvaire fini. Ce thriller là, bien plus que d’autres, se joue des personnalités de ses avatars, le voyou, le psychopathe, le larbin et les policiers.
Alors que tout commence paisiblement, soigneusement et à un rythme très ‘’américain’’, la suite prend des allures de furie, alors que notre personnage principal souffre le martyr, d’où une certaine référence au chef d’œuvre coréen qu’est J’ai rencontré le diable. La Norvège, sont marché du travail, son économie, est également l’un des intérêts du film, puisque exotique. Si le film scandinave est maintenant ancré dans les mœurs, l’on n’aurait facilement tendance à le rapprocher de la Suède, dans l’erreur. La Norvège semble donc être un formidable vivier de talents ne respectant ni les barrières de la censure américaine, ni les bonnes mœurs narratives française et j’en passe.
L’on note finalement, au second plan, que le cinéaste à la barre aura tenté de donner des tons différents à son œuvre, d’une noirceur absolue, par moment, pour devenir presque drôles durant d’autres séquences. Utilisation de la caricature, en ce qui concerne principalement la police, humour noir, léger, certes ou encore référence au film d’action américain des temps révolus, le film pourrait être une véritable vitrine d’influences. Un excellent thriller, presque jouissif tant il est bien écrit. Si quelques ficelles propres au genre sont parfois trop visibles, la grande majorité de la sous-construction est bien dissimulée sous les apparence et jamais retournement de situation ne paraît parachuté. Un film discret mais très intelligent, surtout habilement rythmé. 17/20