Bon, j’avais entendu du mal de cette troisième apparition du profiler Alex Cross à l’écran. Pour ma part je n’ai pas trouvé ce métrage antipathique ou raté, même si clairement il arrive un peu en retard, la mode des serial-killer étant passé, et même si on reste sur un thriller consensuel.
Le casting pourra surprendre. Tyler Perry en tête d’affiche, acteur pas très connu, c’était un risque, surtout qu’il convenait de faire oublier Morgan Freeman dans ce rôle. Il se débrouille honorablement. Imposant un style différent au début, il faut le temps de se familiariser, mais ensuite ça coule bien, et l’acteur, sans se surpasser, offre une prestation largement acceptable. A ses côtés Edward Burns, acteur souvent très fade. Bon, ici il ne sert pas à grand-chose, mais à la limite cela lui convient bien, car à mon sens il ne peut pas porter un film en rôle principal, et il arrive de temps à autre, avec un certain bagout, à se faire une place malgré tout. Celui qui tire quand même le mieux son épingle du jeu c’est Matthew Fox, un méchant attrayant, rusé, que l’on aurait presque aimé mieux connaitre finalement. A noter dans un second rôle la présence de notre Jean Reno national qui vient comme souvent jouer le frenchie de service le temps de quelques scènes.
Le scénario n’est pas sans lacune. Pour ma part je regrette franchement que le film ne s’attache pas à creuser davantage le méchant, noyau dur du film puisqu’on connait son identité dès le début. Cela aurait dû nous ouvrir un peu plus de portes le concernant. Ensuite il y a des passages elliptiques, notamment concernant le personnage de Rachel Nichols. Enfin il y a un manque de puissance. On est dans un thriller trop lisse, qui ne cherche à s’interdire presque aucun public, et c’est quasi-impossible de réussir cet exercice en évoquant un type qui adore torturer ces victimes ! Sinon on se retrouve limite au pays des Bisounours à force d’esquiver cet aspect, et c’est trop souvent le cas dans Alex Cross. Reste que le film se veut dynamique dans son enquête, et qu’il y a quelques évènements surprenants qui viennent pimenter un peu les choses. Cela fait d’Alex Cross un petit divertissement acceptable sur le fond.
La réalisation est signée d’un Rob Cohen qui se montre plus « intimiste » pour ainsi dire ici. Quelques grosses scènes d’action bien emballées mais peu nombreuses. Cohen maitrise son sujet, même s’il a beaucoup de mal, à défaut de montrer, de laisser imaginer les actions terribles de son tueur. Cohen c’est un démonstratif, donc forcément s’il faut qu’il suggère, il devient un peu amateur. Reste que le film propose quelques décors originaux (le final), mais que le travail d’ambiance, notamment la photographie est à l’image du scénario, trop consensuelle. Sans aller sur du poisseux de chez poisseux, mais enfin dans ce genre de film il faut une ambiance, et ce n’est pas juste la tonalité grisâtre de la photo qui va la créer. A noter aussi une bande son trop peu présent et trop peu travaillée.
En somme Alex Cross est en effet mineur dans la filmo de Cohen qui semble un peu handicapé avec ce métrage qui s’éloigne de ce qu’il sait faire le mieux. Pour ma part ce film souffre surtout de ne pas avoir joué le jeu à fond en se montrant méchant, voire cruel, et explicite, histoire de pimenter un peu la chose. Comme de toute manière le chef-d’œuvre n’était pas envisageable, il aurait été aussi judicieux de se montrer roublard à souhait, et d’offrir un spectacle de série B à la manière d’un Résurrection, pour convaincre. J’accorde quand même la moyenne car je n’ai pas passé un si mauvais moment, le film n’étant pas dépourvu de certaines qualités.