Des films de la Hammer, il y en a un gros paquet, mais des Sherlock Holmes avec Peter Cushing et Christopher Lee, il n'y en a qu'un. En effet, le célèbre duo fétiche de la société anglaise de production de films d'horreurs s'est surtout réuni dans le but de mettre à jour des oeuvres telles que la saga des "Frankenstein", celle des "Dracula" ou encore celle, bien plus courte, des "Docteur Jekyll" ( ainsi qu'une floppée d'autres films plus ou moins bons que je vous critiquerai une fois que j'aurai le temps, et que l'occasion se sera présentée à moi! ). Et donc, imaginez ma surprise lorsque j'ai appris qu'il existait une adaptation du "Chien des Baskerville" avec deux acteurs que j'apprécie tout particulièrement, dont un que j'adore, Peter Cushing ( qui interprète le rôle de Sherlock Holmes; élémentaire, non, mon cher? ). Et donc, cela va de soit, "Le Chien des Baskerville" reprend exactement la recette habituelle des films de la Hammer : de beaux décors et de beaux costumes, des têtes d'affiches au casting, un look XIXeme, de la musique en fond et quelques sueurs froides par ci par là. Et leur recette, ils savent nous la servir. Ils le font donc sur des plateaux en or et grâce à des couverts en argent, nous livrant une oeuvre aussi somptueuse que passionnante. Est-ce de par sa mise en scène ou son jeu d'acteurs que mon intérêt a vite basculé dans son sens? Je dirai un peu des deux. Ou plutôt non, beaucoup des deux. Terence Fisher est un superbe réalisateur, en plus d'être la figure phare de la société de production Hammer. Il nous livre constamment des oeuvres impressionnantes de beauté et d'esthétisme ( que ce soit par le biais de "La Nuit du Loup-Garou" ou du "Cauchemar de Dracula" ), et récidive une fois de plus, comme on aurait pu aisément le deviner. Il avait un don, c'est indéniable, et l'a mis au profit du cinéma fantastique jusqu'à en devenir l'une de ses plus influentes figures. "Le Chien des baskerville" est donc une oeuvre sombre, belle et esthétique, un film représentant la Hammer dans son âge d'or, à son apogée. La recette fonctionne à merveille : les décors sont magnifiques, grands, imposants, et les costumes sont très convaincants, aussi vrai que les couleurs variées accordent un indéniable plus à une image déja très esthétisée et soignée. Même si c'est très rétro, j'adore cette ambiance gothique ( ou baroque, je n'y connais pas grand chose ), c'est très rétro, et cela offre une âme au métrage visionné. Je ne sais pas si vous pensez comme moi, et j'espère ne pas être le seul dans cette position! Outre un très intelligent travail descouleurs, les plans de caméra, bien que parfois un peu classiques, soutiennent le spectacle et offrent une atmosphère particulière à ce thriller d'épouvante, un thriller sombre et mystérieux, très mystérieux. Une impression d'autant plus renforcée par la musique, une impression se traduisant rapidement en sentiment. L'atmosphère angoissante est donc soignée et très efficace, surtout lorsque l'on apprend que ce film date de 1959. Le scénario, quand à lui, est en béton armé. Logique, c'est plutôt très fidèle à l'oeuvre de Conan Doyle. Parlons à présent plus amplement de Peter Cuching et Christopher Lee. Comme à leur habitude, ils se complètent, et se révèlent très différents l'un de l'autre. C'est un peu le feu et la glasse, des acteurs complètement opposés qui nous fournissent une prestation commune complètement dingue. Cushing, pour commencer par lui, a un charisme impressionnant, un jeu intense ( notamment lors des passages angoissants pour tout le monde ) et une prestance unique. C'est exactement comme cela que j'imaginais notre bon vieux Holmes, en tant qu'anglais terriblement élégant et au fort accent anglais ( on est quand même loin de la version de Downey Jr ). Il est électrisant. Christopher Lee, quand à lui, est froid et charismatique, mystérieux et imposant. Cela pourra paraître bête, mais à chaque fois que je les vois tous les deux dans un plan, je ne peux m'empêcher de penser à la saga des "Dracula" ( les trois premiers étaient indéniablement les meilleurs ). L'acteur qui joue Watson est lui aussi très bon, amenant une nouvelle figure de compagnon de route qui aurait manqué au récit. Bien sûr, tous les codes du personnage sont là, et sans qu'aucun ne soit oublié. "Le Chien des Baskerville" est donc un excellent métrage de la Hammer alors dans son âge d'or, qui ne cessait de nous fournir des frissons et des oeuvres d'une esthétique franchement belle. A voir, un classique du genre. Dépaysant. Passionnant. Bluffant.