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Un visiteur
4,0
Publiée le 9 juin 2019
Dans la foulée de À travers le miroir sorti en 1961, Bergman poursuit avec Les communiants son travail d’épuration. Il aborde une fois de plus la remise en question de l’existence de Dieu mais cette fois sans artifice. Même si l’approche symbolique demeure présente à l’image, il se contente de capter le cheminement intérieur des personnages et grâce au talent exceptionnel de chaque membre de la distribution, le spectateur demeure accroché du début à la fin. Gunnar Bjõrnstrand est une fois de plus immense à l’écran dans la peau d’un pasteur en pleine crise existentielle. Depuis la mort de sa femme cinq ans auparavant, Tomas Ericsson développe une rancœur envers Dieu. Il lui reproche son silence et va même jusqu’à remettre en question son existence. Lorsque que le fidèle Jonas Person(Max von Sidow) vivant une profonde dépression causée par une phobie de la fin du monde vient chercher de l’aide auprès de lui, les rôles s’inversent et c’est le pasteur qui se libèrent du doute qui le ronge en dénonçant l’ingratitude et l’absence de Dieu. Jonas le quitte pour aller se tirer une balle dans la tête, alors que Tomas va s’effondre de douleur aux pieds de Marta. La belle institutrice(Ingrid Thulin) qui s’est donné le mandat de sauver le pasteur devenu veuf. Mais celui-ci refuse son amour de manière confuse et cruelle… Une histoire simple, des sentiments complexes. Une direction photo originale qui contribue grandement à la volonté du réalisateur de pénétrer ses personnages en profondeur et une bande d’acteurs toujours aussi magistrale.
Un chef-d'oeuvre immense! Second volet de la trilogie sur Dieu, «Les communiants» (1962) fournit ce qui est peut-être la clef d'élucidation de tout l'édifice bergmanien. On la trouve dans la scène centrale de l'ouvrage, quand le pasteur médite les paroles du Christ: «Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné»? Bergman, fils de pasteur, les comprend à la lumière de l'interprétation de Luther. Celui-ci, à l'encontre de la tradition exégétique médiévale, les entendait littéralement comme d'un abandon du Fils par le Père lequel, pour se venger du péché des hommes, retournait sa colère contre son propre Fils incarné en le broyant sur le bois de la Croix (ce qui explique le caractère particulièrement cruel des crucifixions allemandes du XVIème siècle). Le réalisateur suédois étend en réalité l'interprétation luthérienne à toute l'humanité. Son oeuvre, quoi qu'on ait dit, n'est dès lors pas l'évocation d'une émancipation de l'homme à l'égard de Dieu, mais plutôt le tableau d'une humanité qui, suite au péché, est abandonnée par Dieu dans les affres de la souffrance et de la mort. «Le silence», troisième volet de la trilogie, évoque bien sûr le silence terrible de Dieu face à la souffrance de l'être humain, et la déréliction consécutive de celui-ci. On met en réalité ici le doigt sur la source du pessimisme bergmanien qui n'est autre que celui de Luther. Par ailleurs, la mise en forme de ce contenu théologique est opérée magistralement, avec une économie de moyens stupéfiante et une intensité bouleversante. La scène de méditation déjà citée est tout particulièrement impressionnante. Bergman, par une simple surexposition lumineuse du visage de Björnstrand, arrive à suggérer toute la désespérance du pasteur qui se fait ici l'interprète de l'humanité toute entière. Celui qui veut comprendre le réalisateur suédois doit méditer «Les communiants». Un film d'une profondeur abyssale. Immense!
C'est surtout pas avec ce film qu'il faut lâcher les confettis et sortir les langues de belle-mère. Il était pas gai le père Bergman quand il a fait ce film. D'habitude, il y a toujours une toute petite touche d'espoir ou de fraîcheur mais là rien. C'est une oeuvre totalement désespérante. Il suffit d'entendre le pasteur interprété par Gunnar Björnstrand dire d'un ton sec ses quatre vérités à une Ingrid Thulin les mains bouffés par l'eczéma et des hublots devant les yeux (je l'ai vu beaucoup plus sexy la Ingrid!) pour s'en apercevoir. Pour tout dire, cela donne envie de faire comme le personnage de Max Von Sydow en se tirant une balle dans la tête. Et pourtant, on sent bien que ça bouillonne derrière ce ton sec et cette mise en scène belle mais épurée. Et émotionnellement, ça fait son effet. Plus on en apprend sur le personnage principal dont on ne voit à peine une journée de sa vie au cours du film, plus on est ému. Gunnar Björnstrand et Ingrid Thulin sont parfaits je tiens à le dire tout de suite et le film leur doit une partie de sa force. L'autre partie vient de l'épurement et de la beauté visuelle de la mise en scène d'Ingmar Bergman qui arrive vraiment à nous faire entrer dans le coeur des êtres. C'est ça la grande force de sa mise en scène. C'est noir, c'est désespérant mais qu'est que c'est beau.
Une fois de plus un Bergman incontournable! Plus que jamais, «Les Communiants» est le reflet mis à nu de l'angoisse existentielle du cinéaste suédois, de sa détresse face au « silence de Dieu ». «Le Septième Sceau» était encore plein de vie (malgré l'omniprésence de la Mort), la question de l'existence divine se fondant avec une multitude d'autre préoccupations. Ici Bergman ne s'embarrasse plus de chercher à camoufler sa peur, il l'explicite clairement, elle est au centre du long métrage et régit le comportement des personnages. Dieu est amour? «Les Communiants» est un film sans amour, car sans Dieu. C'est même un film qui commence là où s'achève l'amour que pouvaient se porter les personnages : on sent le vide de leur vie, qui serait peut-être tout autre si l'on était revenu un temps en arrière. Le problème du couple est aussi posé, comme toujours, traité lui aussi avec une sévérité glaciale. Justement en parlant de sévérité, évoquons l'esthétique du long métrage, absolument sublime! Je me répète mais «Les Communiants» est encore une fois une démonstration de force de la part du cinéaste et de son talentueux directeur de la photographie Sven Nykvist : les cadrages sont magistraux, le noir et blanc somptueux, Bergman se renouvelle même dans la continuité avec son austère mais belle mise en scène! Rarement l'alliance entre forme et fond n'aura trouvé un tel aboutissement que dans «Les Communiants»! Tous les éléments se font écho et participent de l'ambiance étouffante et désolée qui émane de ces êtres perdus et des lieux qu'ils traversent. A côté de Bergman, Haneke fait un peu pâle figure avec son dernier film pourtant grandement « inspiré » (je suis gentil) de celui-ci : au contraire de l'autrichien le cinéma de Bergman est en effet toujours caractérisé par l'alliance conjointe de la richesse du fond et de la forme. Et le résultat est sans ambiguïté, nous avons là affaire à un réel et grand chef-d'oeuvre du 7e art, un de plus pour Bergman. Impressionnant. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
Raconter une journée de la vie d'un pasteur qui doute de sa foi est un défi de taille que Bergman ne relève qu'à moitié. On ne saurait nier la puissance expressive d'une mise en scène ( photographie mi-froide mi-aveuglante, abondance de gros plans qui renforcent le désespoir des personnages) mais, par son écriture explicite et par moments caricaturale, le film donne l'impression qu'il a vite fait le tour de son sujet – la courte durée est d'ailleurs symptomatique d'une certaine sécheresse – en faisant l'évocation d'une relation qui n'a pas la complexité chère à Bergman. Film aride et sans grande consistance, "Les communiants" se replie sur lui-même plus qu'il ne se déploie, comme l'aveu d'un semi-échec rare dans l'oeuvre du cinéaste.
Pas le film le plus joyeux de Bergman en plein questionnement métaphysique, il arrive tout de même à glisser un peu d'humour et la technique est comme d'habitude parfaite. Le film reste assez court et plutôt efficace.
Les Communiants d'Ingmar Bergman est le second volet de sa trilogie des "films de chambre". Abordant nouvelle fois le thème de la fois, ce film va plus loin encore qu'A travers le miroir : un pasteur subit depuis toujours une crise religieuse. Ayant perdu la foi, il se demande s'il n'est pas un imposteur, ou bien la foi chrétienne n'est pas elle-même le grand imposteur qui a aveuglé les hommes. Il en vient à conclure amèrement que l'existence serait plus vraisemblable et plus acceptable sans Dieu. Incroyablement noir, ce film s'enveloppe d'une aura mystique difficile à identifier. Le doute et la mort sont au coeur de la trame dramatique, ainsi que l'élément autobiographique qui opère une rupture dans la filmographie de Bergman : le cinéaste dit adieu à la religion par l'intermédiaire du pasteur dont la vocation a été imposée par ses parents. Le père de Bergman était en effet un pasteur rigoriste et le réalisateur gardera toujours en tête une austérité qu'il lie à la religion.
Les Communiants d'Ingmar Bergman est le second volet de sa trilogie des "films de chambre". Abordant nouvelle fois le thème de la fois, ce film va plus loin encore qu'A travers le miroir : un pasteur subit depuis toujours une crise religieuse. Ayant perdu la foi, il se demande s'il n'est pas un imposteur, ou bien la foi chrétienne n'est pas elle-même le grand imposteur qui a aveuglé les hommes. Il en vient à conclure amèrement que l'existence serait plus vraisemblable et plus acceptable sans Dieu. Incroyablement noir, ce film s'enveloppe d'une aura mystique difficile à identifier. Le doute et la mort sont au coeur de la trame dramatique, ainsi que l'élément autobiographique qui opère une rupture dans la filmographie de Bergman : le cinéaste dit adieu à la religion par l'intermédiaire du pasteur dont la vocation a été imposée par ses parents. Le père de Bergman était en effet un pasteur rigoriste et le réalisateur gardera toujours en tête une austérité qu'il lie à la religion.
Bergman évoque les incertitudes liées à la foi religieuse. Le résultat est grandiose : un magnifique drame psychologique fortement nourri de la sensibilité de son auteur. A la fois sombre, glacial, pur et profond, ce film s'appuie par ailleurs sur les prestations remarquables de ses acteurs : Ingrid Thulin, Gunnar Björnstrand, Max Von Sydow... tous sont remarquables, tant leur jeu d'acteur est poussé à son paroxysme. Un film majeur dans la filmographie d'un des maîtres du cinéma mondial.
Second volet de la trilogie de Dieu, "Les Communiants" est un film très important dans la carrière de Bergman, à la fois d'un point de vue thématique et stylistique. Sorti en 1962, il met en scène une figure de pasteur rongé par la perte de foi, assurant ses sermons avec solennité devant une assemblée clairsemée. Porté par un grandiose Gunnar Björnstrand, il ne croit plus en Dieu ni même aux hommes. Le doute est l'essence des "Communiants" ; le cinéaste a souvent qualifiée l'oeuvre de charnière, métabolisant l'absence de Dieu. Il s'agit aussi de l'un de ses plus personnels, lui fils de pasteur rigide dont il a souffert. Sous l'influence du chef opérateur Sven Nykvist, Bergman opère ici de façon plus sèche et directe ; cadrages serrés, plans fixes, regards caméra. Cette succession d'instants déchirants se voient ainsi filmés dans une économie de moyens remarquable. Un film douloureux.
Qu'est-ce qui rend le cinéma de Bergman plaisant ? Dans Les Communiants, ce n'est certainement pas le décor, une église où se pressent six fidèles devant un pasteur grippé. Ce n'est pas non plus le rythme ou le propos, puisque les scènes ne se succèdent que pour mieux répéter les lignes universelles de la messe – même si la répétition est utile à l'apprentissage d'une langue, on frise quand même le foutage de gueule. Ce n'est pas non plus les images, ces plans fixes et droits qui fixent l'audience, ou le prêtre, ou le Christ usé sur sa croix.
Ce qui rend Bergman plaisant, c'est qu'il nous offre plus qu'un miroir dans ses personnages ; ce sont des miroirs sans tain (à plus forte raison que le prêtre a le tain blême...), pleins de sentiments, dont il nous offre un aperçu immense sur le paysage pourtant infini de leur émotions inventées. Le prêtre, c'est Gunnar Björnstrand, acteur fétiche de Bergman, dont le personnage malsain de corps et d'esprit semble être le jardin d'Éden de sa carrière. Dans une œuvre hautement anticléricale et minimaliste jusqu'à l'excès (car le minimalisme rend l'ambiance, déjà noire, difficile à supporter, et les faux raccords se voient comme un näsa au milieu de l'ansikt), le réalisateur laisse éclore ses deux protagonistes (avec l'assistance d'une autre actrice fétiche, Ingrid Thulin) et en eux la révolte. Ou bien la résignation ? Car au long de leur voyage d'une journée, ils ne vont que souffrir, et l'église aux six âmes du matin semblera le paradis quand on arrivera à la chapelle sans public du soir.
Alors ce qui rend Les Communiants plaisant, c'est la réussite dans le rendu de cette descente aux enfers, dont il est presque incompréhensible qu'elle ne soit pas insupportable.
Les communiants réalisé par Ingmar Bergman démarre sur l’office du pasteur Tomas Ericsson (Gunnar Björnstrand). Huit fidèles y assistent, cinq d’entre-eux seront communiants. Après l’austère prêche, la crise de foi apparaît chez ces fidèles. Ces âmes en peine cherchent le réconfort dans la religion et son représentant local… également en crise de foi. A l’écoute ne répondra que le déstabilisant “silence de Dieu�. Au fil des tourments exprimés par les quelques protagonistes, Bergman parle de foi et dévoile in fine le dégoût et la haine d’un monde où les ouailles ont perdu leurs (re)pères et ne trouvent plus leur place. D’ailleurs, le cinéaste invoque dans Les communiants la figure du père et plus particulièrement le sien.
Peu de films, si ce n'est aucun, sont allés si profondément au coeur du phénoméne de la foi. Loin d'un pamphlet politique contre la religion, Bergman scrute, questionne, doute et provoque Dieu lui-même. L'absence, le silence, l'impossibilité de croire, la nature terrible de Dieu, comme d'habitude Bergman crée une oeuvre d'une richesse extraordinaire qui ne saurait perdre de sa force avec le temps.
"Les Communiants" est un excellent film, cela ne fait pas de doute. Malgré tout, je trouve que Bergman se répète un petit peu avec le second volet de sa trilogie en huis clos. Bien que l'interprétation, une fois de plus toute en retenue et en attitude, sa mise en scène et son scénario soit de haute facture, le réalisateur suédois retrouve un peu des thèmes et des questions semblables à celles du "Septième Sceau"... Bien entendu, cela n'a rien de la reprise ou du "remake", mais des similitudes troublantes nous poussent à rapprocher les deux films: Block le chevalier devient le prêtre, l'écuyer devient l'institutrice et la jeune fille brûlée est remplacée par un fermier apeuré par les menaces communistes. Cependant, Bergman parvient, avec une astuce admirable, à offrir un film fort. Le fait que tout se déroule en huis-clos, dans un espace constamment fermé alors que les lieux choisis sont des lieux d'ouverture (l'école, l'église) épaissit la psychologie complexe des personnages qui se retrouvent face à eux-mêmes, à leurs phobies, leurs peurs et leur désarroi. Le pasteur (magnétique Gunnar Björnstrand), fantôme au pays du divin, l'institutrice, femme révoltée par l'aveuglement volontaire de son amant, le fermier qui refuse de croire que son mal ne vient que de ce qu'il pense être une menace. "Les Communiants" est peut-être ce que Bergman a fait de plus radical dans son exploration du silence de Dieu. Approche peut-être positiviste, mais d'une étonnante violence.
Nattvardsgästerna interroge le silence de Dieu et le désarroi dans lequel il plonge les hommes contraints alors d’habiller ce silence par des mots pour lui donner sens et espoir. Le long métrage accorde une place importante, comme souvent chez Bergman, à la parole partagée, suivant l’idée que du dialogue naissent toujours l’expression d’un rapport au monde et parfois une entente : c’est le parcours d’un prêtre endeuillé et de l’institutrice qui voue à ce dernier une passion amoureuse proche de l’adoration, mais qui n’obtient en retour que distances froides parce que marquées par l’hypocrisie de la foi. Aussi l’intérêt du film réside-t-il dans les explosions dudit prêtre, dans le passage d’un silence égoïste à une narration de soi qui, loin de l’égoïsme apparent, invite son interlocuteur à communier dans la souffrance, raison d’être de l’humanité. Deux séquences conduisent Tomas Ericsson à cet état, toutes les deux traduites par un glissement de l’obscurité à la lumière blanche, quasi aveuglante : seule compte la vérité de la douleur, et seule cette vérité peut rassembler les êtres. Nul hasard si l’homme d’Église, d’abord présenté comme souffrant de la grippe, paraît trouver un remède à son mal à mesure qu’il se livre. La précision du cadrage veille à placer chaque locuteur au premier plan d’une scène biblique ou d’une représentation du Christ ; la caméra y revient sans cesse, parcourt les cotes meurtries de Jésus ou capte en gros plan les clous qui le tiennent sur la croix ; elle met à nu, elle dépouille ses personnages pour nous donner accès à leur intériorité tourmentée, comme en témoigne la lecture de la lettre, séquence magnifique d’une remarquable élégance. La temporalité du long métrage, une journée, plus précisément encore la distance qui sépare le premier office du second délivré dans une autre ville, fait du récit une tranche de vie, participe de la modestie de son personnel dramatique porteur néanmoins des questions essentielles. Un immense long métrage baigné dans un noir et blanc somptueux.