En 2015, je me suis pris une phénoménale claque en découvrant "Max Mad: Fury Road" en salles. Parmi ses grands atouts, le personnage de Furiosa, femme scarifiée et déterminée. Presque 10 ans plus tard, George Miller nous fait revenir dans le Wasteland, avec ce préquel sur les origines de Furiosa.
Sachant que l'on ne peut pas vraiment parler d'opportunisme. Le scénario aurait été écrit il y a 20 ans, et "Fury Road" n'avait pas été un gros carton au box office.
Tout d'abord, rassurez-vous, Miller n'a aucune intention de réitérer l'exploit de "Fury Road". Il part dans une direction complètement différente. Ici pas de traque haletante sur deux jours. "Furiosa" dépasse la simple histoire de vengeance. C'est un conte, voire un mythe, raconté en 5 actes sur 15 ans, à la manière d'une fresque épique. A l'opposé des schémas hollywoodiens modernes. Et abordant diverses thématiques (purgatoire et recherche de l'eden perdu, promesse maternelle...).
De l'audace dans la narration donc, à l'instar d'un récit parfois osé dans ses ellipses ou son traitement plus psychologique que spectaculaire. Mais qui, il faut l'avouer, est parfois un peu maladroit aussi.
Toujours est-il que le rythme est aux petits oignons. Je n'ai aucunement vu les 2h24 passer. En grande partie grâce à la mise en scène relevée, ambitieuse, et bien calibrée. Je soulignerai évidemment les scènes d'actions d'une grande qualité et inventivité, dont cette fameuse poursuite centrale en camion. En outre, Miller aborde un aspect civilisation bienvenue, évoquant le fonctionnement de l'univers derrière "Fury Road".
Avec en prime un montage sonore pétaradant, qui vaut amplement le déplacement en salles ! Malheureusement sur la BO, Junkie XL semble faire du surplace avec des thèmes très similaires à "Fury Road".
Côté acteurs, Anya Taylor Joy ne fait certes pas oublier Charlize Theron, que le tournage de "Fury Road" avait éprouvé. Néanmoins l'actrice, ayant peu de dialogues, parvient à faire passer énormément d'émotions dans ses expressions, et à construire ce personnage devenu presque emblématique.
Mais la grosse surprise c'est pour moi Chris Hemsworth. Génialement cabotin en seigneur de guerre aussi dangereux qu'incompétent, que l'on adore détester. Affublé d'un maquillage volontairement grotesque (quel pif ! qui a eu cette idée de génie ???). Et d'un accent australien puissance 1000 qui doit compenser une décennie passée à le réprimer !
A leurs côté, quelques acteurs de "Fury Road" reviennent... quitte à décrédibiliser un peu l'ensemble, ayant 10 ans de plus alors que l'histoire se passe 10 ans avant... Vous repérerez peut-être aussi furtivement Elsa Pataky (sacré Chris, t'as pas pu t'empêcher de placer ta femme, quand tu ne produis pas un film pour elle !).
Et une autre surprise, c'est le personnage de Tom Burke, inattendu. L'acteur est bon, et cette figure paternelle a parfaitement du sens dans l'intrigue. Toutefois je reste partagé sur sa similitude avec Mad Max, et son arrivée étrange, ce sobre dans un monde de brute.
Il y a encore quelques points négatifs qui m'empêchent définitivement de hisser "Furiosa" au niveau de "Fury Road". Tels que des raccords un peu artificiels avec ce dernier. Ou des images très numériques et criardes (rassurez-vous ce n'est pas aussi laid que les bandes-annonces) qui nous sortent parfois du film.
Mais enfin, ne faisons pas la fine bouche. "Furiosa" est une fresque ambitieuse, qui divertit sans mal avec du fond, du corps, et des moteurs.