Jonathan Levine, connu pour le trop longtemps retenu "All the Boys Love Mandy Lane" (2006), livre un nouveau métrage qui revisite le genre du film de zombies en le mixant à la sauce Twilight. Enfin plutôt à la sauce "Mords-moi ans hésitation".
Le film surfe sur la vague des jeux de zombies et des films fantastiques qui remettent au goût du jour les personnages d'une fiction pas si lointaine de notre époque à l'instar des vampires, des hobbits et autres créatures empruntées à l'héroic fantasy. Ici, les protagonistes présentés au début du film par le personnage principal, R, (joué par Nicholas Hoult qui a bien grandi depuis "Pour un garçon") ont été victimes d'une catastrophe chimique obscure. Les êtres qui se partagent notre planète occupent donc trois catégories allant du vivant au non-vivant en passant par le vivant latent. Les zombies, qui se nourrissent de vivants pour "survivre", transformant leurs victimes en zombies à leur tour, à moins qu'ils ne leur dégustent le cerveau et les condamnent au repos éternel. Jusque là, rien de surprenant. Mais certains zombies dépressifs -car ici la dépression va au-delà de leur aspect- s'auto-dépouillent et deviennent des "osseux"qui, comme leur nom l'indique, sont démunis de toute chair mais attirés par tout ce qui a un cœur qui bat.. ou tout ce qui se réchauffe.
La frontière entre un zombie et un osseux, outre l'aspect, est, au premier abord, énigmatique. Mais dès le début du film, R, nous donne à voir à travers ses yeux vitreux la métamorphose d'un zombie en osseux. Celui-ci s'arrache un lambeau de peau du visage et semble perdre l'espoir que même le zombie qui l'observe porte en lui : "Oh non, mec ne fais pas ça". Car ce film est un film d'espoir.
La figure du zombie symbolise autant à mes yeux l'adolescence (tout comme le vampire revisité par la saga "Twilight"), que la métaphore du passage d'un état -ingrat- à un autre, à l'image du monde où se passe "Warm Bodies". Si les zombies font tant d'émules en ce moment, je crois que c'est parce qu'ils nous semblent tout près de notre réalité. Grippes animales, catastrophes climatiques et météo binaire, contamination de l'alimentation, les informations ne sont pas loin de nous annoncer que nous allons changer et ce, très prochainement, et que nous ne survivrons pas tous. Mais ce film a un message à nous délivrer : tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir. Et peut-être que le zombies, non vivants, ne sont pas tout à fait morts...
Au-delà donc de ce message très plaisant et optimiste dans notre époque où rien ne semble aller, le film est aussi un bel essai sur la différence, utilisant même une référence appuyée mais pertinente à la tragédie shakespearienne "Roméo et Juliette". Jonathan Levine s'amuse et la scène où R, poussé par Julie, se choisit un prénom, est assez délicate pour seulement suggérer le "Roméo" que l'on a au bord des lèvres. Confer la scène du balcon ou Roméo quitte les Montaigu, ses amis non-morts et brave les Capulet vivants pour rejoindre sa Julie(tte). Mention spéciale au meilleur ami de R, Marcus (Mercutio ?) "incarné" par un très bon second rôle et à l'origine d'une réplique garantissant un fou rire communicatif dans toute la salle. Un petit bémol néanmoins sur le choix du lieu de la dernière scène d'action qui peut rappeler certains massacres ethniques, mais qui est désamorcé par une réplique mentale de R très diplomate.
Servi par une BO teintée d'humour, à l'image du film, un très bon moment à passer qui confirme le talent d'un réalisateur cohérent.