Oh mon zombie, pourquoi es-tu mon beau zombie ? Jonathan Levine n'en est pas à son premier coup d'essai. Auteur du très moyen Tous les garçons aiment Mandy Lane, ou encore de 50/50, il décide cette fois-ci de signer un film différent.
Prenant part au beau milieu d'une invasion de zombie, il va incruster une histoire d'amour improbable entre un zombie et une humaine. Une comédie horrifique qui apporte un gros plus au genre déjà bien garni de la comédie-horrifique avec le zombie au menu. Roméo et Juliette par William Shakespeare, une œuvre reprise mainte et mainte fois au cinéma. L'amour impossible entre deux personnages opposé et le syndrome de Stockholm sont deux sujets très souvent traités au cinéma. Peu importe le genre du film, on revient toujours à la même chose. C'est ce que s'est dit Jonathan Levine qui voulait, semble-t-il, réaliser un long métrage en s'imprégnant de ce sujet. Quoi de mieux que de proposer une histoire de zombie afin de donner un brin de folie au film. Ainsi, on suit R (il ne se souvient pas de son nom et sait seulement grogner, donc Rrrrr), un zombie malgré lui mais qui a quand même encore toute sa tête. Son corps avance seul, il peut juste penser et nous rendre compte de ses sentiments. On le suit dans ses allées et venus dans un aéroport infesté de ses compères. D'ailleurs ce film propose une distinction intéressante entre les zombies classiques et les osseux, sorte de squelettes ambulants plus charognards et vicieux. R va cependant s'éprendre de compassion pour une humaine car il a mangé le cerveau de son petit copain. Dès qu'un zombie mange le cerveau d'un humain, il avale ses sentiments et son passé, c'est la raison de l'attachement de R pour cette fille. Cet autre aspect est très intéressant car on comprend mieux cette histoire d'amour. Puis le film s'emballe et l'on se rend compte que la fille, Julie(tte), est tombé elle aussi sous le charme de R(oméo), un beau syndrome de Stockholm. Sous cette histoire d'amour très improbable, ce cache le remède de cette épidémie puisque l'amour rend aveugle mais l'amour rend aussi vivant. Cette impression d'être humain va jouer sur l'absurdité de cette relation, d'autant que le père de Julie est chef d'une forteresse qui explose tout zombie s'approchant de trop prêt. On voit vers où nous emmène le film, une déshumanisation de la société qui oublie, même en période de crise, ses sentiments primordiaux que sont l'amour, la compréhension, le pardon ou encore la tolérance. La fin du film tend vers une ultra moralisation, même si ce genre de message moral à l'attention du spectateur est devenu monnaie courante. Néanmoins, on est face à une comédie-romantique-horrifique bien pensée, notamment pour ses scènes comiques et cocasses qui confrontent R à un humain. Les scènes sanglantes sont quant à elles effacées et peu présentes, c'est dommage car elles avaient pu participer à l'absurdité de l'histoire.
Côté casting on a le droit à découvrir Nicholas Hoult (le Fauve dans X-Men Le Commencement) qui peut enfin jouir d'un premier rôle dans un film. Il a la tête, le caractère et le jeu pour jouer R, ce charmant zombie qui va s'éprendre d'amour pour une fille qu'il sauve des griffes de ses compères zombies. Teresa Palmer (Numéro Quatre) tire elle aussi son épingle du jeu et va nous proposer un rôle crédible de la fille au syndrome de Stockholm (qui tombe amoureuse de son ravisseur). Enfin le grand John Malkovich vient compléter ce casting en apportant quelque chose de plus au film malgré son petit rôle.
La réalisation de ce film est tout à fait correcte. Les effusions de sang sont très peu visibles, les osseux sont véritablement répugnants mais renouvèlent un tantinet le genre zombie en y apportant un autre type de monstre. Les décors sont, eux aussi, sympathiques et bien travaillés. Les nombreuses musiques utilisées témoignent, semble-t-il, d'un amour pour le rock en tout genre. De Gun N' Roses en passant par Scorpions, tout y passe et c'est une très bonne chose car j'aime beaucoup ce genre de musiques.
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Les + : adapter Roméo et Juliette en version zombie, des scènes drôles, des musiques intéressantes, des bons acteurs
Les - : un peu court, une histoire qui aurait mérité plus de situations comiques
Jonathan Levine signe un film bourré de qualité. L'histoire est originale puisqu'elle mêle deux thèmes improbables, c'est-à-dire une histoire de zombie et une histoire d'amour à la façon Roméo et Juliette avec un brin d'humour. La relation qui se tisse entre le zombie R et l'humaine Julie est caractéristique du syndrome de Stockholm, ouvrant ainsi la porte vers une morale simplette mais plus qu'évidente en dépit du thème exploité. Les acteurs sont impeccables, les personnages sont drôles, les situations comiques s'enchainent, les musiques sont judicieusement utilisées. On est face à un très bon film de zombie qui devrait, sans doute, plaire à bon nombre d'entre vous.