Au milieu d'un box office de plus en plus infesté par nos amis les zombies, sortait il y a quelques semaines Warm Bodies Renaissance. Un post-apocalyptique de plus dans nos salles obscures, les morts-vivants ont décidément la côte, sur le grand comme sur le petit écran. Déclinés dans tous les styles et les registres possibles, c'est non sans plaisir que nous les retrouvons une nouvelle fois au centre d'une comédie horrifique, un genre qui commençait presque à nous manquer depuis le déjà culte Tucker and Dale vs. Evil de l'année passée. Et même si passer après un Shaun of The Dead ou plus récemment un Bienvenue à Zombieland n'était pas forcément une tâche évidente, Warm Bodies promet d'arriver sans mal à se faire une petite réputation dans le genre. Contrairement à ce que l'on pourrait croire, si Sublimes Créatures s'avérait quelques semaines auparavant un Twilight version sorcières, Warm Bodies n'est en rien un Twilight version zombies. Sous ses airs parodiques et largement teintés de second degré, le film de Jonathan Levine possède même une certaine finesse que l'on ne lui soupçonnait pas. Le cinéaste s'amuse en effet à mélanger les genres non sans un certain talent, de petites doses d'épouvante alliées à un fond de comédie et quelques touches de romance parviennent à créer un univers très fun, frais, mais surtout horriblement attachant. Et c'est en grande partie ce qui vaudra à Warm Bodies de ne pas être oublié, cette étrange empathie qui ressort du film, et qui nous transmet incessamment un sourire aussi coupable soit-il jusqu'au générique de fin. Le divertissement idéal dans toute sa splendeur, drôle et touchant à la fois. En réalité, le métrage est une jolie inspiration Shakespearienne, le duo d'acteurs principaux nous renvoyant directement aux éternels Roméo et Juliette, l'amour impossible entre un zombie et une vivante, dans un esprit totalement décalé et dénué de toute niaiserie. Nicholas Hoult et Teresa Palmer incarnent un parfait petit combo à l'alchimie idéale, la force-même du film, et plus particulièrement du côté le plus obscur du duo, monsieur R le mort-vivant. Le premier de son espèce à connaître le coup de foudre pour une humaine, Julie, référence quand tu nous tiens. Warm Bodies invente d'ailleurs un concept pour le moins détonnant, celui du zombie sexy. Un zombie mélomane et solitaire qui arriverait presque à nous faire tomber amoureux d'un être se nourrissant de viande fraîche et humaine de préférence. Outre cette petite faiblesse sentimentale, c'est l'ingéniosité et l'originalité dont fait preuve le réalisateur qui parvient à nous conquérir définitivement. Là où le film nous surprends dés le départ, c'est au niveau du point de vue qu'il adopte, à savoir celui des zombies et plus particulièrement celui de R. Comment le monde s'est-il retrouvé envahi par ses camarades au sang froid ? Nous l'ignorons autant que lui, qui ne garde aucun souvenir de son existence humaine. C'est donc sa voix-off qui nous suit tout au long du film, un procédé plus singulier que la moyenne qui le rends d'autant plus attachant et nous plonge sans difficulté dans l'esprit déjanté et irréaliste que l'oeuvre adopte. Et la liste des bonnes idées ne s'arrête pas là. Un aéroport transformé en une résidence d'outre-tombe, des zombies qui perdent le semblant d'humanité qu'il leur restait et deviennent de vilains et effrayants " osseux " ; un concept qui n'est pas sans nous rappeler les dégénérés de Daybreakers, une sous-intrigue assez intéressante qui aurait peut-être mérité d'être un peu plus approfondie. La noirceur de ces quelques séquences alliée au cynisme déjanté de notre petite love-story en font une oeuvre résolument rock'n'roll comme on les aime. Warm Bodies Renaissance fait donc partie de ces films qui font du bien, terriblement funs et décomplexés, légers mais suffisamment intelligents pour nous véhiculer une jolie palette d'émotions et nous faire ressortir de la salle de très bonne humeur. Un petit coup de coeur pour ce film moins ordinaire que prévu, qui détourne habilement les codes et se les ré-approprie pour un résultat bluffant et plutôt insolite, on en redemanderais presque.