Moi, perso, ça me l'a fait. Ce gars-là sait faire du cinéma. J'y serais allé à reculons, juste à cause d'une légende du brigandage français du 18ème mise en scène et interprétée par un citoyen d'origine algérienne, si je n'avais pas vu 2 de ses films, wesh wesh et bled number one, y trouvant une vraie patte de cinéaste. Monsieur Rabah Ameur-Zaïmeche (aka RAZ bien qu'il ne soit pas un nouveau membre du wu tang clan :) est intéressant, unique et autonome, un peu à l'instar d'un Bartabas dans un autre domaine. Irrécupérable idéologiquement par la politique de droite ou de gauche, il y était à des années lumières de la glorification folklorique des "cultures", dites métisses, de banlieues, lucide et calme jusqu'à l'amer sur le sort des destins humains dans ces étaux que sont ces grands ensembles gris, cités hors de la Cité, surtout sur celui des descendants d'immigrés, lobotomisés par une intégration factice ou une rébellion cupide et religieusement moralisante mi pseudo-américaine mi pseudo-altermondialiste, avec souvent rien de pertinent à dire et apporter hormis leurs bleus à l'âme inhérents à toute maturité en cours, malgré tout et peut-être malheureusement plus français qu'autre chose. Les chants de Mandrin est présenté comme une allégorie pertinente de notre France Sarko. Ah?... Je l'ai vu et pris au premier degré, peut-être suis je bête mais ça m'a suffit pour en éprouver le souffle lyrique, qui évite l'ornière du populisme et l'abysse de l’angélisme béat envers ces tueurs de soldats. C'est une célébration de la liberté, bien avant 1789, et pourtant avec déjà son aura de sang et de terreur, et avec la saveur que seul un film d'auteur peut offrir. Comme dans le film de Satyajit Ray le salon de musique, un personnage d'aristocrate, parfaitement jouée par Jacques Nolot, oriente ses actions sociales et leurs conséquences, sans aspirer à être un citoyen du peuple, juste par beauté du geste, pour résister en opposition à la politique du pays, le droit bafoué, la corruption institutionnalisée, et coetera aujourd'hui au service d'un matérialisme marchand dont une critique typiquement française retomberait à plat comme un coup d'épée dans l'eau tant le supranational qu'il soit financier ou institutionnel (USA, UE, Ligue arabe, et consort) y a pris le dessus. Il n'y a plus de méchant roi à qui couper le cou, juste un système à travailler, bienvenue au pays des idées, des pistolets de Louis Mandrin, et des chants, pour du haut de notre potence regarder la France. A l'époque ils se firent prendre, quand même, car les autres étaient plus nombreux, normal. Aujourd'hui... Combien de masses pour combien de cornacs? Ça n'en est que plus inquiétant.