Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
Manu711
59 abonnés
850 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 7 février 2014
C'est pas forcément subtil et parfois trop cliché, mais l'idée est là et mérite d'être louée. On va dire que ce court est écrit dans l'excès afin de sensibiliser, car c'est bien là que réside le but d’Éléonore Pourriat.
Pour ce court-métrage, imaginez un monde ou l'homme est en proie à la force, pas la sienne mais celle de la femme. Un monde ou la femme traite le quotidien avec violence, que cela soit le comportement, les propos et autres... Le point de départ commence plutôt bien, la fin par contre, est pas réussi je trouve.
"Majorité opprimée" est l'occasion d'une inversion des sexes donnant lieu à des situations mettant en valeur le calvaire quotidien que peuvent vivre les femmes. Si le court-métrage est assez juste dans sa première partie, il devient assez caricatural à partir de l'agression, ce qui peut nuire au propos, d'autant plus que le personnage principal est assez efféminé et donc qu'on croirait voir une femme confrontée à des mâles dominateurs plutôt que l'inverse. Heureusement, la fin, échappée nocturne solitaire, est à la fois belle et subtile et relève complètement le niveau.
Excellent et tout à fait juste. Je ne l'ai pas trouvé caricatural pour ma part, peut-être parce que je suis une femme. Bien au contraire même. Évidemment ça dure 10 minutes, et ce n'est qu'un microscopique tableau de ce que peut subir une femme au quotidien.
Dans "Les hommes protégés" de Robert Merle, j'avais déjà vu ce procédé d'échanger la place des hommes avec celle des femmes, pour mieux montrer à quel point des détails de la vie quotidienne ne devraient pas nous sembler normaux.
Je vous donne des exemples... A la fin du livre, le personnage principal (un des dernier survivant mâle, en minorité dans la société donc) pouvait ainsi voir sur les magazines des photos d'hommes avec plan centré sur la braguette: le pantalon y était "fashionisée" en étant d'une couleur différente au niveau de l'entre-jambe pour attirer le regard. Ce petit procédé permet de montrer l'absurdité de la position de la femme dans la vraie vie, dans les médias, les films ou les magazines, où elle est presque réifiée mais en tout cas se trouve enfermée dans une position d'objet de désir. Elle n'est plus humaine et complexe: elle est objet de désir. Elle ne représente plus 51% de la population: le spectateur "normal" est un homme, et ce si l'on en croit les films et séries avec presque toujours un héros masculin accompagné de son acolyte féminine avec qui une histoire d'amour se développera. Autres exemples données par ce livre: la montre que lui offre sa compagne en retard au restaurant, ou mieux, l'altercation verbale puis physique qu'il subit en sortant dudit restaurant.
En échangeant la place de l'homme et de la femme, on est choqué parce qui nous semblerait normal si on avait gardé les places attribués à chacun... Ce procédé est très efficace, que ce soit dans "Les hommes protégés" ou dans "Majorité opprimée". Comme ce coureur dans "Majorité opprimée" qui court torse nu (car le torse d'homme est devenu normal et le torse de femme -spoiler: qui a des seins- est anormal) et demande au héros de "gardez le sourire" en lui ayant fait un compliment physique auparavant. On aurait trouvé ça "charmeur -s'il est beau- mais lourd" si c'était un homme, mais classique somme toute. Mais là on réalise que ce n'est pas normal. Pareil pour la remarque de la concierge/voisine (?) sur la réunion de copropriété: "enfin, c'est à votre femme que je devrais en parler".
Bref, un procédé efficace! Je ne sais pas s'il fera réagir des hommes - qui trouveront peut-être cela trop absurde- mais des éléments de la vie quotidienne qui ne me choquaient pas m'ont choqué en visionnant cette vidéo! Je ne m'étais jamais fait la remarque sur le torse d'homme normalisé face au torse de femme vu comme anormal jusqu'à ce que je vois cette coureuse seins nus et que je sois choquée. Et là de me dire: "Mais pourquoi je suis choqué quand ça représente 51% de la population donc la majorité de l'espère humaine? Pourquoi l'un est accepté dans la rue et sur des photos, et pas l'autre?". Je ne comprend pas pourquoi si peu de personne se posent ce genre de questions, malgré tout légitimes.
PS: J'ai lu dans un commentaire que le personnage masculin était "féminisé" ce qui réduisait l'impact de la vidéo. J'aimerais bien savoir en quoi ce fort gaillard absolument pas maigrichon est "féminisé" (en tout cas il ne l'est ni au niveau de son physique ni au niveau de ses vêtements). Par contre, le fait qu'il se laisse faire est tout simplement représentatif d'une population féminine en -justement- "majorité opprimée". Et encore, ce personnage-ci a essayé de se défendre en disant au groupe de jeunes femmes "de quel droit?".